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Module 3 : Veille

Fiche-conseils : 13 conseils pour rendre sa veille efficace

La veille s’apparente quelque peu à la pêche : il faut être persévérant et avoir de la chance. Cependant, certains comportements peuvent augmenter les chances de réussite :

  1. Adoptez la bonne attitude : Elina Hiltunen, futurologue, dit qu’« il faut garder les yeux ouverts, être sensible au changement, créatif et réceptif, et faire preuve d’intuition et de curiosité d’esprit pour percevoir les signaux faibles du changement ».1
  2. Intégrez des sources variées à votre veille. Les futurologues peuvent rechercher des signaux faibles dans un vaste éventail de sources différences. Voici quelques exemples de ces sources : plans du gouvernement, rapports de grandes organisations internationales, revues universitaires, groupes de réflexion, articles de journaux, médias populaires, blogues ou magazines spécialisés. Certaines sources verront l’aspect novateur d’une avancée avant les autres (p. ex., magazines scientifiques et techniques, Twitter). À la fin de ce module, vous trouverez une liste de sources utiles constituée par Horizons. Gardez à l’esprit que les médias généralistes évoqueront souvent les dernières avancées après les autres, même si la concurrence dans le monde du journalisme fait évoluer les choses dans ce secteur.
  3. Les analystes prospectifs doivent également surveiller les avancées dans les autres domaines, car ce sont souvent des changements dans un domaine extérieur qui créent la surprise. Les domaines STEEG (société, technologies, économie, environnement et gouvernance) constituent un cadre de référence large et utile. Par exemple, il est possible de détecter d’éventuelles perturbations dans les échanges commerciaux non seulement en surveillant l’économie, mais aussi la société, la technologie, l’environnement et la gouvernance.
  4. Questions à se poser lorsqu’on est à l’affût de signaux faibles : Qu’est-ce qui est nouveau? Qu’est-ce que je n’ai pas entendu ailleurs? Est-ce que cela modifie une hypothèse couramment admise sur le monde? Quelles en sont les implications pour l’avenir? Les décideurs et les autres intervenants y sont-ils préparés? Cela pourrait-il avoir des implications ou des répercussions intéressantes dans des domaines autres que les miens?
  5. Le signal faible idéal répond aux critères suivants :
    • PLAUSIBILITÉ – Des éléments montrent que le changement est en cours ou pourrait se produire.
    • NOUVEAUTÉ – Le changement est nouveau ou relativement inconnu pour vous et les décideurs qui seraient touchés par ses incidences potentielles.
    • IMPORTANCE – Les conséquences sont importantes. Elles peuvent provoquer un bouleversement majeur dans un domaine, ou avoir des répercussions profondes dans plusieurs domaines.
    • OPPORTUNITÉ – Ce signal faible concerne la période étudiée. À Horizons, nous nous intéressons aux bouleversements susceptibles de survenir dans les 10 à 15 prochaines années. 
    • À quoi reconnaît-on un bon signal faible? Elina Hiltunen décrit quelques façons de reconnaître un bon signal faible :
    • Cela me fait rire
    • Semble irréel
    • Peu de renseignements à ce sujet
    • Étrange/bizarre
    • Provoque un éclair de génie
    • Remet en cause le statu quo
    • Rejeté par la classe dirigeante
    • Pourrait provoquer des bouleversements
    • N’a jamais été fait auparavant 
  6. Les interactions et les discussions sont importantes pour déceler les signaux faibles.Les entrevues avec les experts peuvent être un moyen efficace de déterminer ce qui est véritablement nouveau et important. De nombreux experts ont une connaissance partiale qui limite leur capacité à réfléchir de manière créative à l’avenir à long terme ou à distinguer les signaux faibles hors de leur champ d’expertise. Cependant, ils peuvent fournir une compréhension claire de ce à quoi s’attendre à l’avenir, afin de vous aider à déterminer les domaines où vous avez détecté un aspect inattendu. Parlez des signaux faibles que vous détectez avec les autres (collègues et experts) afin de distinguer ce qui est nouveau uniquement pour vous de ce qui est véritablement nouveau pour le système examiné.
  7. Les meilleurs signaux faibles sont souvent sujets à débat ou à controverse. Ne vous découragez pas si votre signal faible suscite des réactions négatives ou le scepticisme de vos collègues et même des experts. En réalité, cela peut être le signe que vous avez détecté un excellent signal faible! Ne vous laissez pas dissuader par les débats sur la probabilité.
  8. Effectuez une veille régulière et établissez des rapports brefs sur vos observations. Une veille régulière (p. ex., une heure par jour) améliore la qualité des observations. Vous pouvez vous contenter de quelques phrases sur le signal faible.
  9. Recourez à la technologie pour vous faciliter le travail:
    • Utilisez l’intelligence artificielle (IA) : Créez une alerte dans Google Actualités pour rester
      informé sur des sujets précis ou inscrivez-vous sur Shaping Tomorrow (site de veille)
      pour transformer les résultats de votre veille en un résumé basé sur l’IA.
    • Utilisez les autres : Les systèmes d’organisation des réseaux sociaux comme Pearltrees et Shaping Tomorrow permettent aux participants de partager les résultats de leur veille, de trouver du contenu connexe et de publier des commentaires.
  10. Un bon signal faible (ou plusieurs) représente l’élément fondamental pour élaborer des perspectives. Si un signal faible se dégage, il faut prendre le temps de chercher des preuves à l’appui et de réfléchir plus en détail aux répercussions possibles. Les conversations informelles, les entrevues et un remue-méninges structuré contribuent à développer une vision suffisamment large du sujet (p. ex., prenez en compte les implications pour les domaines STEEG ou les mandats ministériels) et à déterminer tout autre effet potentiel dans un avenir plus lointain. Horizons utilise des diagrammes d’impact pour faciliter cette discussion.
  11. Soyez attentif aux schémas. Notez les schémas émergents que vous observez ou les lacunes ou vides logiques d’un schéma susceptible, selon vous, de voir le jour. Ayez ensuite recours à la veille orientée pour savoir s’il existe des signaux faibles complémentaires au schéma. Cette démarche de « recherche de sens » est un élément important de la veille et doit être menée régulièrement pendant le processus de veille. Elle peut fournir des perspectives sur le changement se produisant dans le système plus large que vous examinez.
  12. Gardez à l’esprit que le but de la veille et de la prospective est de préparer l’avenir, pas de le prévoir. Les responsables de la veille approfondiront leur capacité à discerner les véritables changements des éléments qui se révéleront par la suite être éphémères en suivant les nombreuses pratiques répertoriées dans ce manuel.
  13. Ayez toujours à l’esprit vos hypothèses actuelles et révisées. Lorsque vous communiquez vos observations, il se peut que vous deviez rappeler les anciennes et les nouvelles hypothèses.

Problèmes fréquents liés à la veille :

  • Les personnes chargées de la veille peuvent être influencées par des points de vue pré-existants ou un parti pris personnel. Il est important de vérifier fréquemment la pertinence de vos hypothèses fondamentales en discutant avec les autres et de rester aussi ouvert aux sources d’information qui ne vous confortent pas forcément dans votre opinion.
  • Il est impossible de tout intégrer à sa veille. Nous comptons sur une communauté de veille pour alléger notre charge, attirer notre attention sur les renseignements les plus intéressants et valider nos observations.
  • Il peut être difficile de communiquer l’information de façon concise. Pour être utiles à une communauté de veille active, les rapports sur les signaux faibles doivent être faciles à lire, concis et stratégiques. Une image ou un schéma peuvent faciliter la communication d’un message clé.
  • Il faut du temps pour comprendre ce qui est susceptible de provoquer un changement.L’idéal est de coupler les activités de veille individuelles avec des séances régulières de mise en commun afin d’aider les responsables de la veille à comprendre le système et à valider les observations.
  • Les responsables de la veille s’accrochent parfois trop longtemps à des signaux faibles afin de rassembler davantage de preuves avant de les présenter. Ce comportement risque de nuire au processus, car la compréhension du responsable de la veille évolue et les autres manquent une occasion d’apprendre et d’établir eux-mêmes des relations.
  • Les responsables de la veille ne savent pas forcément quand ils disposent de suffisamment de preuves pour élaborer une perspective. Bien qu’il n’existe pas de règles absolues et définitives, on considère que la présence de trois signaux faibles corrélés dérivés de différentes sources est un bon indicateur de changement.  Demandez-vous également (surtout si vous disposez de moins de trois signaux) si d’autres changements se produisant dans le système seraient susceptibles de renforcer le signal faible dans le temps.
  • Les responsables de la veille sont souvent distraits par la probabilité d’un changement, alors qu’ils devraient s’attacher à savoir si le changement est plausible et quelle répercussion il pourrait avoir (perturbation potentielle). En prospective, les répercussions sont généralement plus importantes que la probabilité. Les événements peu probables, mais qui auraient des répercussions profondes, sont un contenu tout à fait approprié pour une étude prospective, précisément parce qu’il y a peu de chances qu’il en soit question ailleurs.
  • Il peut être tentant pour le responsable de la veille de se concentrer immédiatement sur les enjeux stratégiques ou de plaider pour une réponse spécifique, plutôt que de se concentrer sur les bouleversements (signaux faibles)2. Cependant, en prospective, l’idée est de commencer par se pencher sur le changement qui se produit. C’est seulement après avoir mené un processus rigoureux d’association de nombreux signaux faibles et d’élaboration de scénarios que nous pouvons envisager les conséquences sur la politique  susceptibles de se produire à l’avenir.

Notes

  1. Elina Hiltunen. « Good Sources of Weak Signals: A Global Study of Where Futurists Look For Weak Signals »,  Journal of Futures Studies, vol. 12, n° 4 (mai 2008), p. 21 à 44.
  2. Par exemple, réfléchissez à la différence entre « la pauvreté infantile est un problème au Canada » (enjeu stratégique), « Le Canada doit mettre fin à la pauvreté » (plaidoyer) et « La pauvreté des banlieues touche maintenant Toronto » (signal faible de changement).