7 : La technologie numérique brouille la fonction interprétative des principaux indicateurs macroéconomiques
Matières
- Introduction
- 1 : Forte ou faible croissance
- 2 : La technologie numérique transforme la production et la main-d’œuvre
- 3 : La technologie numérique transforme la consommation
- 4 : La technologie numérique transforme le commerce
- 5 : La technologie numérique transforme la nature de la propriété et les attentes en ce qui a trait à la création de valeur
- 6 : Les technologies numériques se répercutent sur le comportement des marchés financiers
- 7 : La technologie numérique brouille la fonction interprétative des principaux indicateurs macroéconomiques
- 8 : Les technologies numériques ont des répercussions sur les données officielles et les instruments de la politique macroéconomique
- Remerciements
La technologie numérique brouille la fonction interprétative des principaux indicateurs macroéconomiques
La technologie numérique a affaibli le pouvoir d’interprétation des principaux indicateurs macroéconomiques, tels que le produit intérieur brut (PIB), le taux de chômage et l’indice des prix à la consommation (IPC). Quand un de ces indicateurs augmentait ou diminuait, la signification avait l’habitude d’être relativement claire. Mais ce n’est plus le cas.
Produit intérieur brut
La croissance nominale du PIB est une piètre procuration pour mesurer les progrès et le bien-être des personnes1. Un PIB à la baisse ou stationnaire pourrait indiquer que la technologie a détruit le pouvoir d’achat (gains) ou le potentiel d’investissements dans un territoire donné, ce qui donnerait un résultat négatif. Il pourrait aussi refléter des prix inférieurs à grande échelle induits par la technologie, indiquant une amélioration du bien-être des consommateurs, ce qui serait positif.
Taux de chômage
Traditionnellement, un faible taux de chômage signifiait le plein emploi. Il s’agit d’une mesure binaire. La technologie dégroupe les emplois en tâches, et l’emploi devient plus imprévisible et précaire. Par conséquent, le taux de chômage révèle moins sur les écarts d’emploi et de production, tant pour les personnes que pour l’ensemble de l’économie. Des taux de chômage faibles peuvent masquer un relâchement du marché du travail et du chômage. Par conséquent, ils ne sont plus l’indicateur de la vigueur économique qu’ils ont été.
Indice des prix à la consommation
Le niveau général des prix qui guide l’établissement des taux d’intérêt dépend de nombreux facteurs. Ces facteurs incluent les chocs de l’offre, les changements institutionnels, les acteurs du marché qui influencent les prix et la technologie. Les innovations technologiques (comme dans la médecine, la défense ou l’aérospatiale) peuvent introduire de nouveaux produits et créer de nouveaux marchés qui font grimper les prix. Mais ces innovations sont en marge de l’économie. Les technologies numériques ont pour effet principal d’abaisser les prix unitaires en permettant d’accroître indéfiniment la production à un coût faible ou sans coût marginal. Plus les technologies numériques sont intégrées dans l’économie, plus elles vont réduire les prix, même en augmentant le volume des biens et services.
Quelles sont les conséquences de cette nouvelle incertitude pour interpréter les indicateurs macroéconomiques importants?
Voici un exemple qui utilise le PIB : La technologie numérique abaisse les prix en créant de l’abondance. Même si le PIB chute, les gens s’en tirent néanmoins, à condition que les prix des biens et des services baissent plus vite que les salaires et les revenus. Malgré cela, les rentrées et dépenses gouvernementales ne tarderaient pas à pâtir du recul du PIB provoqué par une déflation des prix nominaux. Les récessions, attestées par la baisse du PIB, entraînent une demande accrue pour des services publics, même si les revenus diminuent. Elles durent habituellement plusieurs trimestres, mais cette nouvelle réalité pourrait s’éterniser pendant des années, ce qui soumettrait les systèmes de soutien publics à un stress.
Notes en fin de texte
1 Amit Kapoor et Bebek Debroy, « GDP is Not a Measure of Human Well-Being », Harvard Business Review, 4 octobre 2019, https://hbr.org/2019/10/gdp-is-not-a-measure-of-human-well-being.