MetaScan 3: Technologies émergentes

PDF : MetaScan 3: Technologies émergentes Sur cette page Introduction Remerciements Insights Sommaire exécutif Conclusions principales Moteurs de changement Domaines : Impacts potentiels Enjeux de politiques Hypothèses crédibles Consultations et entrevues Annexe 1: Scénarios Annexe ... 13 0,2,5

PDF : MetaScan 3: Technologies émergentes

Sur cette page

Introduction
Remerciements
Insights
Sommaire exécutif
Conclusions principales
Moteurs de changement
Domaines : Impacts potentiels
Enjeux de politiques
Hypothèses crédibles
Consultations et entrevues
Annexe 1: Scénarios
Annexe 2: Processus d’Horizons
Références

Introduction

Les technologies émergentes jettent les bases pour les décennies à venir. On prévoit qu’elles auront des répercussions majeures sur tous les aspects de notre vie. Les Canadiens devront collaborer pour faire en sorte que des politiques et des institutions adéquates soient mises en place afin d’assurer un avenir prospère et résilient. La dernière étude de prospective menée par Horizons de politiques Canada examine la façon dont les technologies numériques, les biotechnologies, les nanotechnologies et les technologies en neuroscience façonneront l’économie et la société canadiennes au cours des 10 à 15 prochaines années.

Remerciements

La présente étude prospective sur les technologies émergentes menée en 2013 est le fruit d’une collaboration qui fait suite au rapport de 2012, MetaScan 2 : Renforcer la résilience en vue de la transition vers une économie et une société en réseau. Au cours de cette étude, des entrevues ont été réalisées auprès de plus de 90 experts du gouvernement, du secteur privé, de la société civile et d’universités. Nous apprécions grandement leur savoir-faire et leurs connaissances dans les domaines de la biotechnologie, de la nanotechnologie et de la neuroscience. La liste complète des personnes interrogées se trouve dans la section Consultations et entrevues. Nous remercions tout particulièrement Jack Smith et Karl Schroeder.

Horizons de politiques Canada (Horizons) fonctionne à la manière d’une structure matricielle. Bon nombre de personnes ont joué un rôle de leadership dans la recherche et l’élaboration du contenu de ce rapport. L’équipe de MetaScan 3 était dirigée par Peter Padbury et Steffen Christensen, et était également composée de Greg Wilburn, Jean Kunz, Paul De Civita, Judy Watling et Duncan Cass-Beggs. Les membres du personnel d’Horizons qui ont dirigé ou participé aux nombreux ateliers, entrevues et sous-projets qui ont donné corps à l’étude étaient : Katherine Antal, Imran Arshad, Teresa Bellefontaine, Martin Berry, Stefanie Bowles, David Cavett-Goodwin, Colin Dobson, Alain Denhez, Pierre Olivier DesMarchais, Nicola Gaye, Roxanne Hamel, Blaise Hébert, Eliza Lavoie, Andrew MacDonald, Marissa Martin, Peter Reinecke, Julie Saumure, Cara Vanayan, Jean-Philippe Veilleux et Nancy White. D’autres membres d’Horizons ont également apporté leur aide, notamment : Wanda Baburek, Marie de Beaumont, Louis-Philippe Gascon, Kelly Ann Lambe et Claudia Meneses. Nous remercions spécialement Naomi Kühn pour le graphisme, la mise en pages et les illustrations, et Martin Berry pour les illustrations tridimensionnelles supplémentaires.

Insights

Sommaire exécutif

Point de mire sur les technologies pertubatrices.

D’une manière générale, il existe deux types d’innovation technologique : graduelle et perturbatrice. Les changements graduels mènent à un perfectionnement des processus et des produits. Les technologies perturbatrices engendrent des changements radicaux et brusques qui mettent en cause des systèmes sociaux, économiques, environnementaux et gouvernementaux plus vastes. La présente étude prospective examine la façon dont quatre technologies émergentes (les technologies numériques, les biotechnologies, les nanotechnologies et les neurosciences) pourraient provoquer des changements sociaux et économiques perturbateurs au cours des 10 à 15 prochaines années.

Répercussions sur de nombreux domaines.

Ces technologies auront une incidence sur pratiquement tous les secteurs de l’économie. L’un des aspects les plus perturbateurs de certaines de ces technologies est leur propension à accroître la productivité avec un moindre effectif. L’intelligence artificielle (comme le logiciel Siri d’Apple) conjuguée aux analyses de données pourrait changer radicalement le secteur des services en réduisant l’effectif. Dans de plus en plus de secteurs, l’impression tridimensionnelle pourrait avoir des conséquences économiques sur les industries manufacturières et modifier leur implantation territoriale. La biologie synthétique pourrait changer l’économie et la circulation des matières premières dans les domaines de l’agriculture, de la foresterie, de l’énergie et des mines. Les gouvernements, les entreprises et la société devront travailler de concert pour veiller à ce que des politiques et des institutions innovatrices soient en place afin de suivre la vague des changements technologiques. Les 10 à 15 prochaines années constitueront une ère de transition. Presque toutes les grandes infrastructures utiles à des domaines tels que le perfectionnement professionnel, les soins de santé, les transports et la sécurité subiront probablement des pressions. Sous-estimer le rythme du changement ou ne pas en tenir compte pourrait trés bien menacer notre compétitivité, notre état de préparation et notre résilience.

Adoption d’une perspective à long terme.

La présente étude est fondée sur des recherches et des entrevues de grande ampleur, menées auprès de plus de 90 experts. Les technologies dont il est question dans cette étude se situent à différents stades de maturité et se développent à des rythmes différents. On s’attend à ce que toutes ces technologies aient des répercussions perturbatrices au cours des 15 prochaines années, si ce n’est beaucoup plus tôt, pour certaines d’entre elles. Certaines technologies peuvent être rejetées par le Canada pour les risques qu’elles comportent, mais elles peuvent être bien accueillies par d’autres pays. Les quatre technologies établissent la base de l’économie mondiale pour les 50 prochaines années. Il faut un délai de 10 à 15 ans pour tirer profit des occasions et pour se préparer aux défis que ces technologies peuvent présenter. Bien que le Canada ait une Stratégie des sciences et de la technologie(link is external)qui permet de soutenir l’innovation et la formation technologiques, l’exploration plus profonde des défis sociaux et économiques parallèles résultant de ces innovations pourrait être utile pour aider le gouvernement, les entreprises et la société à se préparer.

MetaScan 2 comme base de départ.

La présente étude repose sur l’analyse des technologies numériques présentées dans MetaScan 2. Les technologies numériques fournissent la plateforme qui permet une diffusion et une intégration rapides des trois autres technologies. Dans MetaScan 2, un certain nombre de défis ont été mis en relief : l’émergence des chaînes d’approvisionnement entièrement numériques pourrait mettre à rude épreuve les outils et la notion d’une « économie nationale ». L’essor du travail virtuel transnational où l’on se sert d’outils en ligne pour travailler par-delà les frontières nationales élargira les perspectives d’emploi des Canadiens et changera possiblement les modèles d’immigration, en plus de diversifier les échanges dans les services hautement ou peu spécialisés. La formation ponctuelle pour le perfectionnement professionnel et les systèmes de réputation seront nécessaires pour assurer un suivi des compétences des employés et auront pour effet de stimuler une remise en question du système d’éducation. Les entreprises seront de plus en plus virtuelles, internationales et constituées de réseaux axés sur les projets et faisant appel à des travailleurs qualifiés dans toutes les régions du monde. Quels programmes, quelles politiques et quelles infrastructures pourraient permettre aux entreprises et aux individus de prospérer dans un environnement hautement compétitif?

Conclusions principales

MetaScan 3 repose sur MetaScan 2, mais porte en plus sur les défis suivants :

  • Les nouvelles technologies augmentent la productivité, mais au détriment de l’emploi.La prochaine décennie pourrait être une période de croissance sans création d’emplois.
  • Tous les secteurs de l’économie devront s’adapter aux nouvelles technologies pour profiter de leurs bienfaits. Les principaux aspects de cette évolution technologique se résument à la personnalisation, la localisation et une manière plus intelligente de produire et de livrer la marchandise. Il sera essentiel d’employer les personnes qui ont les compétences adéquates.
  • Les avantages compétitifs pourraient changer. La biologie synthétique est la technologie qui pourrait créer les plus grandes surprises. Elles pourraient permettre aux Canadiens de produire leurs propres carburants, aliments et ressources naturelles. Ils auraient également plus de facilité à produire des produits comme l’acier biologique. La transition ne se fera pas du jour au lendemain, mais les Canadiens devraient évaluer les effets à long terme de cette technologie dans les secteurs principaux, et si besoin est, élaborer des stratégies pour placer le Canada au sommet de la chaîne de valeur.
  • Un nombre grandissant d’emplois deviendront des emplois temporaires ou atypiques.Pendant des années, le travail temporaire a été un des groupes d’emploi dont la croissance a été la plus rapide. Fait intéressant : les emplois temporaires et les emplois à la pige constituent une partie essentielle et grandissante de l’économie émergente. Il est primordial d’aider ces travailleurs à être plus productifs. Ils ne font pas partie du contrat social actuel; les pigistes n’obtiennent donc pas le soutien dont ils ont besoin pour se perfectionner et prospérer.
  • La fin de la confidentialité telle que nous la connaissons. Plusieurs technologies conjugueront leurs effets pour lever toutes sortes d’obstacles, économiques ou autres, à ce que l’on en apprenne les uns sur les autres. Il y a certes beaucoup à gagner d’une fusion de données personnelles en de grandes bases de données dans des domaines tels que les soins de santé, mais les notions traditionnelles de confidentialité peuvent être mises à rude épreuve.
  • De nouveaux phénomènes d’inégalité peuvent apparaître. Les avancées technologiques peuvent aider à offrir aux individus de meilleures possibilités, mais peuvent également créer de nouveaux obstacles pour y accéder. Par exemple, plusieurs technologies présentent de nouvelles façons d’aider les personnes blessées et les personnes handicapées, mais le coût de traitement pourrait limiter l’accès et engendrer de nouvelles inégalités.
  • Infrastructure en transition. Les nouvelles technologies sont susceptibles de provoquer un changement important dans l’infrastructure en ce qui a trait à la santé, aux transports, à la sécurité et aux filières énergétiques. Le défi sera de déterminer si l’on conserve l’ancienne infrastructure ou si l’on passe à la nouvelle infrastructure plus efficace.
  • Le système réglementaire et le système de gestion des risques devront être renforcés. Les quatre groupes de technologies exerceront de fortes pressions et de façon inédite sur le système de gestion des risques et le système réglementaire actuels. La nature mondiale de ces technologies porte à croire qu’il sera difficile de réagir rapidement et d’intervenir en collaboration avec d’autres pays.
  • Nous devrons bâtir une culture nationale d’innovation. Notre ère est propice aux grandes occasions. Les quatre groupes de technologies dont il est question dans cette étude établissent la base de l’économie mondiale pour les 50 prochaines années de développement. En disposant des renseignements appropriés, des compétences requises et des politiques adéquates à tous les niveaux – du niveau individuel au niveau mondial – le Canada peut prospérer. Le Canada doit envisager l’écosystème d’innovation dans sa globalité et élaborer des politiques pour soutenir l’adaptation, les expériences, le perfectionnement professionnel, la réglementation et l’esprit d’entreprise.

L’objectif est d’étudier les hypothèses et les défis :

Ce rapport guide les lecteurs dans une réflexion qui les aidera à examiner et à se faire une représentation mentale de la façon dont ces technologies pourraient façonner l’économie et la société du Canada. La méthode prospective d’Horizons (voir annexe 2) ne prédit pas l’avenir. Cette méthode explore plutôt une panoplie de possibilités relatives à l’avenir et identifie les surprises et les défis pouvant émerger dans les 10 à 15 prochaines années. L’étude vise à susciter le dialogue et les débats sur ces défis pour faciliter l’élaboration de stratégies dynamiques en matière de politiques pour relever ces défis.

Utilisation de ce rapport interactif :

Les icônes — pour les liens vers des vidéos, les endroits où trouver des renseignements supplémentaires et les « signaux faibles » — visent à vous aider à « voir » les signes de changements notables à l’heure actuelle. La lecture de ce rapport en ligne vous permettra de voir ces renseignements. Les pages 5 à 10 vous aideront à vous faire une idée des technologies qui orienteront ces changements. Les pages 11 à 24 explorent la façon dont ces éléments moteurs pourraient façonner 10 « domaines », notamment la fabrication, les services, les ressources, la santé, les transports et la sécurité. Les domaines illustrent les potentiels de changement en fournissant des exemples de ce que nos vies pourraient être en 2025. Les pages 25 à 32 élargissent l’analyse et décrivent les enjeux de politiques auxquels le Canada pourrait être confronté au cours des 10 à 15 prochaines années. Les pages 33 à 34 donnent un aperçu des nouvelles hypothèses qui peuvent être utiles à l’élaboration des politiques publiques.

Moteurs de changement

Ces technologies induiront des changements qui façonneront l’économie et la société au cours des 15 prochaines années.

Que sont les moteurs de changement?

Dans un monde de causes et d’effets, les moteurs de changements sont des progrès qui provoquent une transformation importante du système à l’étude.

Comment les moteurs de changement sont-ils utilisés?

Beaucoup d’analyses de la conjoncture mettent l’accent sur les moteurs de changement et sur leurs répercussions. Dans une étude prospective, des surprises et des défis se présentent à mesure que les moteurs de changement interagissent les uns avec les autres et avec le système à l’étude.

Biotechnologies émergentes

Nos connaissances en biologie s’approfondissent, et les résultats potentiels sont énormes. Dr Freeman Dyson, peut-être l’une des voix les plus influentes du monde de la science des dernières années, a affirmé que « la domestication de la biotechnologie dominera nos vies pendant les cinquante prochaines années au moins autant que la domestication des ordinateurs a dominé nos vies pendant les cinquante dernières années ». Cette section examine plusieurs biotechnologies émergentes qui orienteront des changements économiques et sociaux.

Biologie synthétique

La biologie synthétique est peut-être la technologie la moins connue et la plus « perturbatrice » des technologies à l’étude. Fondamentalement, il s’agit de l’application des principes de l’ingénierie à la biologie. La biologie synthétique s’appuie sur les technologies existantes afin de concevoir et d’élaborer de nouveaux systèmes biologiques qui seront utiles ou qui serviront de produits auxiliaires à d’autres produits utiles. Le logiciel actuel aide les bio-ingénieurs à utiliser une bibliothèque en ligne de « BioBricks » de plus en plus importante pour élaborer de nouvelles fonctions génétiques. Les BioBricks peuvent être assemblées par des robots, ou des fichiers numériques d’ADN peuvent être envoyés à une imprimante ADN; dans les deux cas, le nouvel ADN est inséré dans une cellule vivante. Il a été prouvé que cette technologie est très efficace. Par exemple, lorsque le génie génétique (qui modifie seulement quelques gènes à la fois) était utilisé pour créer une levure qui allait produire l’ancêtre du médicament antipaludique, l’artémisinine(link is external) (anglais seulement), il a fallu 150 années-personnes et 25 millions de dollars. Pourtant, à l’aide de BioBricks, il a suffi de 3 mois à un laboratoire de 12 personnes pour produire 12 systèmes biologiques de complexité comparable. Le travail réalisé dans ce domaine devient de plus en plus facile pour les chercheurs, et ce, dans tous les domaines. En 2013, la compétition de l’Internal Genetically Engineered Machines (link is external)(iGEM) (anglais seulement) a accueilli plus de 200 universités et 30 équipes d’écoles secondaires qui utilisaient les nouvelles technologies pour concevoir et élaborer de nouveaux systèmes biologiques. Il y a évidemment des risques et des possibilités. La création d’une nouvelle vie, surtout en l’absence d’un cadre réglementaire éprouvé, suscite des préoccupations de sécurité. Sur le plan des 6 possibilités, la vie se reproduit gratuitement, les coûts des intrants sont bas, et la production d’un plus grand nombre d’appareils biologiques ne nécessite qu’un apport supplémentaire de matières biologiques. Les progrès dans le domaine de la biologie synthétique pourraient marquer le début d’un monde différent qui atténue les inquiétudes d’aujourd’hui relativement aux enjeux tels que l’épuisement des ressources et l’approvisionnement énergétique.

Biologie computationnelle

La biologie computationnelle consiste à emmagasiner, à analyser, à modeler et à partager de grands nombres de données biologiques. Les applications actuelles de la biologie computationnelle comprennent le codage à barres génétique, les nouveaux bioproduits (tels que les asperges Millenium(link is external) (anglais seulement) et le biodiesel), la réalisation de modèle de flambée épidémique et enfin la génomique personnalisée. Notre capacité d’analyser de grands nombres de données et d’influer sur certaines caractéristiques des plantes, des animaux et des humains s’élargira radicalement. Envisagez les possibilités associées à un appareil médical utilisé sur une grande échelle, coûtant 1 000 $ et permettant de séquencer vos génomes, de vous connecter à des bases de données en ligne, d’établir un profil de votre histoire et de votre avenir génétiques, de mettre l’accent sur votre profil de risques, et de répertorier les occasions d’atténuer les risques. La biologie computationnelle permet d’adapter les traitements médicaux et pharmacologiques aux besoins des individus au moyen de la médecine préventive, en utilisant des marqueurs biologiques pour réaliser un modèle des effets indésirables des médicaments en aidant à comprendre l’interaction complexe entre la génétique et l’environnement. La biologie computationnelle pourrait changer fondamentalement ce que nous pensons des systèmes de soins de santé.

Mon avenir, ma science(link is external) (anglais seulement)

Ingénierie tissulaire

L’ingénierie tissulaire utilise des biomatériaux produits de façon naturelle ou synthétique afin de remplacer les tissus endommagés ou défectueux, dont les os, la peau et même des organes en entier. Aujourd’hui, les organes qui peuvent être régénérés sont la peau, la trachée et la vessie; dans une décennie, cette liste s’élargira au rein, au foie et au coeur. Les cellules souches peuvent également être utilisées pour réparer des organes en place qui sont endommagés ou affaiblis. L’application la plus immédiate de l’ingénierie tissulaire est dans le domaine de la santé humaine aux fins de réparation, de remplacement et d’augmentation. Cette technologie réduira le besoin de dons d’organes et éliminera le rejet des transplantations, car les parties du corps seront régénérées ou reproduites à l’aide des cellules du patient. À long terme, les progrès en matière de synthèse de la peau, des os et des muscles peuvent même permettre aux individus de changer leur apparence et d’augmenter leurs capacités physiques.

Fabriquer des organes à partir de zéro(link is external)(anglais seulement)

Nanotechnologies émergentes

Même si notre compréhension de la vie s’approfondit, de nouvelles possibilités se font jour à une plus petite échelle. Le terme nano est dérivé du mot grecque « nanos », qui signifie « nain », et renvoie au fait que la nanoscience s’exécute à une échelle atomique. À cette échelle, les substances agissent parfois de façon innovatrice. Ce champ est moins avancé que les biotechnologies, même si la majeure partie de la nanotechnologie actuelle comprend une grande composante biotechnologique. Certains affirment que la nanotechnologie sera de la « technologie sur stéroïdes », car la nanotechnologie améliorera de nombreuses technologies et accélérera leur développement.

Nanomatériaux

Les systèmes à l’échelle nanométrique présentent souvent des propriétés qui améliorent leurs variétés à l’échelle humaine ou qui en sont très différentes; par exemple, l’argent présente des propriétés antibactériennes à l’échelle nanométrique qui sont absentes à grande échelle. Puisque les scientifiques travaillent avec des matériaux près du niveau moléculaire, ils peuvent produire de nouveaux matériaux utiles, tels que la nanocellulose(link is external) (anglais seulement) et le nanocarbone(link is external)(anglais seulement). Ces deux matériaux ont d’impressionnantes caractéristiques de fonctionnement et sont respectivement 10 et 50 fois plus solides que l’acier. Le nanorevêtement fournit de nouvelles façons de rendre les structures autonettoyantes, plus durables et peut-être même capables de recevoir et d’emmagasiner des stimuli, et d’y répondre. D’autres nanomatériaux sont d’excellents catalyseurs pour rendre les produits chimiques plus verts et plus abordables. Au cours des 15 prochaines années, les nanomatériaux changeront les types de choses que nous construisons et notre façon de les construire.

Nanodispositifs et nanocapteurs

Les nanodispositifs sont des machines faites à partir d’un certain nombre de constituants moléculaires qui font un travail utile (notamment en se déplaçant et en changeant électriquement, chimiquement ou optiquement) en réponse à des données précises. Les systèmes nanoélectromécaniques (NEMS), les nanocapteurs, les nanoordinateurs et les nanorobots en sont des exemples. Ils sont surprenants sur le plan de leur efficacité énergétique, de leur flux énergique surfacique, de leur sensibilité et leur efficacité optique. Leur petite taille permet également de réduire les coûts de production et augmente le nombre de dispositifs fonctionnant en parallèle, ce qui augmente la vitesse. Ils ont tendance à être plus utilisés dans les dispositifs médicaux, bien que leur petit format pourrait nous induire en erreur en les désignant comme des médicaments « intelligents ». Ils sont également susceptibles d’être des composants de dispositifs à l’échelle humaine dans le but d’augmenter le rendement et de fournir de nouvelles capacités. Les nanocapteurs, en particulier, sont appelés à avoir une très grande incidence. Ils peuvent ouvrir la possibilité d’élaborer des dispositifs portables et peu coûteux qui, d’une façon rapide, détecteront, identifieront et quantifieront les substances chimiques et biologiques. Ils peuvent prendre la forme de capteurs précis, ou peuvent simplement être des caractéristiques intégrées aux prochaines générations d’appareils mobiles. À ce titre, on s’attend à ce que les nanocapteurs engendrent des applications révolutionnaires, notamment en ce qui concerne la détection précoce de maladies, la surveillance de la santé en temps réel, la détection rapide et précise de polluants et de contaminants de l’environnement, et même d’armes biologiques et chimiques.

Nanocapteurs (link is external)(anglais seulement)

Nanotechnologie pour l’énergie

La nanotechnologie améliorerait les filières énergétiques dans deux principaux domaines au cours des 15 prochaines années. D’abord, les photopiles, moins chères aujourd’hui que jamais auparavant, sont sur le point de connaître d’importantes améliorations en raison, principalement, de la nanotechnologie. Les photopiles multijonctions de haute performance(link is external)(anglais seulement), la capture d’énergie infrarouge(link is external) (anglais seulement) et les conceptions de division de longueur d’ondes(link is external)(anglais seulement) peuvent augmenter le rendement des photopiles de haute performance de 200 à 300 %. L’impression rouleau à rouleau(link is external) (anglais seulement) des photopiles sur du plastique à base d’encres photosynthétiques permettra aux panneaux solaires d’être produits à des coûts considérablement plus bas que les coûts actuels, déjà faibles.

Ensuite, les piles seront améliorées grâce à l’utilisation de nanomatériaux améliorés et d’économies d’échelle. Nous espérons avoir de meilleures capacités, une recharge beaucoup plus rapide, une plus grande longévité et des prix considérablement plus bas. De meilleures piles moins coûteuses seraient la technologie maitresse pour remplacer le moteur à combustion interne pour les véhicules de tourisme et soutenir la transition vers l’utilisation de l’énergie renouvelable dans les maisons et les entreprises en réglant le problème de l’intermittence des sources d’énergie renouvelable comme le vent et le soleil. En utilisant ces technologies, les bâtiments peuvent devenir indépendants énergétiquement et les stations-services alimentées par pile solaire pourraient appuyer le marché grandissant de véhicules électriques.

Production rouleau à rouleau de cellules solaires organiques tandems(link is external) (anglais seulement)

Technologies émergentes dans le domaine de la neuroscience

La neuroscience est l’étude de la structure et des fonctions du système nerveux et du cerveau. Les progrès dans la neuroscience et la science cognitive ont amélioré notre compréhension de la perception, de la mémoire, du raisonnement et des émotions. Ce domaine est un peu moins avancé que les deux premiers, mais, vu les récents investissements massifs faits aux États-Unis et dans l’Union européenne, il y a un important potentiel de surprises dans les 15 prochaines années.

Neurostimulation

La neurostimulation englobe ces technologies qui stimulent, ou bloquent, certaines parties du système nerveux, surtout dans le cerveau. Cette technologie sert à traiter différents troubles neurologiques graves, tels que la maladie de Parkinson, la dépression et l’insomnie. La neurostimulation peut également être utilisée pour augmenter les fonctions cognitives humaines. La neurostimulation a pendant longtemps été pratiquée par des moyens invasifs (chirurgie) et non invasifs (prise de pilules, stimulation électrique). Des casques prêts-à-porter sont actuellement mis sur le marché; on les fait fonctionner en mettant les neurones sous faible tension, ce qui les rend plus prompts à s’activer. Ces appareils utilisent la stimulation transcranienne à courant continu(link is external)(STCC) (anglais seulement), qui a le potentiel de renforcer le langage, l’apprentissage, l’attention, la résolution de problèmes, la coordination et les fonctions mnésiques; d’aider à combattre l’insomnie, l’anxiété et la dépression; et de soulager la douleur. La future utilisation des médicaments « intelligents » et de la STCC pourrait permettre à certaines personnes d’obtenir un avantage compétitif sur d’autres personnes.

Foc.us : des électrodes pour stimuler le cerveau des amateurs de jeux vidéo (link is external)(anglais seulement)

Interface cerveau-ordinateur

Une interface cerveau-ordinateur est une voie de communication directe qui connecte les signaux nerveux dans le cerveau à un ordinateur externe. Les interfaces cerveau-ordinateur peuvent être invasives (implantées dans le cerveau ou juste au-dessus de celui-ci), ou non invasives (sur le cuir chevelu). Les interfaces cerveau-ordinateur sont utilisées à des fins thérapeutiques pour aider, augmenter ou réparer les fonctions motrices, sensorielles ou cognitives humaines. De nos jours, la formation et la pratique sont nécessaires pour rendre les interfaces cerveau-ordinateurs utiles et fiables. La recherche, l’intelligence artificielle et des données supplémentaires apporteront toutefois d’importantes améliorations. Les applications potentielles à court terme comprennent l’utilisation des interfaces cerveau-ordinateur dans le but de détecter les relâchements de l’attention dans l’exercice des professions qui requièrent de la vigilance, et l’utilisation de ces interfaces comme des outils de communication pour ceux qui ont perdu leurs habiletés motrices, mais qui ont toujours leurs facultés cognitives. À l’avenir, cette technologie pourrait être utilisée pour améliorer les fonctions cognitives, mieux comprendre les préférences humaines et augmenter les habiletés humaines, telles que la coordination et le temps de réaction. Cette technologie peut même servir à développer de nouveaux sens chez les humains, comme la capacité de sentir les champs magnétiques, les lumières à infrarouge et les ondes radioélectriques.

Technologies numériques émergentes

La révolution numérique est la technologie la mieux maîtrisée des quatre groupes de technologies présentées dans cette étude (voir MetaScan 2 pour une description de l’avenir numérique). Les technologies et infrastructures numériques servent de bases qui intégreront, interconnecteront et accélèreront les trois groupes de technologies décrits plus haut.

Intelligence artificielle

L’intelligence artificielle (IA) consiste à donner aux machines des caractéristiques telles que le raisonnement, la planification, l’apprentissage, la communication et la perception, et la capacité de déplacer et de manipuler des objets. L’IA est déjà largement utilisée aujourd’hui : l’application Siri d’Apple pour la reconnaissance de la voix, les fonctions de recherche d’images et de textes de Google, la reconnaissance faciale de Facebook (link is external)(anglais seulement), les astromobiles de la NASA(link is external)(anglais seulement) et les opérations algorithmiques sur les actions. Actuellement, toutefois, l’IA est spécifique aux certaines tâches. La prochaine étape pour les chercheurs et les informaticiens consiste à faire progresser l’IA de sorte que les ordinateurs puissent apprendre des connaissances générales qui peuvent être utilisées pour leur permettre de travailler dans de nouvelles situations, ou de mieux réagir au contexte et à l’état d’esprit du consommateur. Les innovations en matière d’IA sont fondées sur des logiciels, et sont actuellement incorporées aux outils personnels (p. ex. les téléphones intelligents, les lunettes Google Glass) comme de nouvelles fonctionnalités, souvent à un coût marginal proche de zéro dollar. Grâce à l’IA, il est possible d’automatiser de nombreuses tâches, et d’améliorer l’efficacité et la productivité personnelles.

L’intelligence artificielle s’en vient (link is external)(anglais seulement)

Robotique

La robotique est la branche de la technologie qui porte sur la conception, la construction, l’opération et l’application de robots, d’ordinateurs connexes et de systèmes de contrôle. Les robots aident les humains ou les remplacent dans des environnements dangereux ou dans des procédés de fabrication, et peuvent ressembler aux humains sur le plan de leur apparence, de leur comportement ou de leurs facultés cognitives. De plus en plus, les robots sont conçus pour jouer des rôles qui sont complémentaires aux humains. De nos jours, les robots expérimentaux peuvent inventorier les marchandises, déplacer des charges, cueillir des baies, faire des travaux ménagers, s’occuper des personnes âgées, détecter à distance et créer une présence virtuelle. Au fur et à mesure que leur intelligence artificielle s’améliorera, ils deviendront plus intelligents et plus compétents. Le matériel robotique s’améliore rapidement; le défi réside dans le logiciel – l’intelligence derrière la machine qui permet à la machine de fonctionner d’une manière précise. Les robots destinés à effectuer des tâches précises pourraient réaliser des tâches aussi diversifiées que pratiquer une chirurgie, faire la cuisine ou conduire. Les entreprises continueront à être les premières à utiliser la technologie robotique, et l’utilisation domestique suivra à mesure que les prix baisseront et que les fonctionnalités deviendront compétitives.

Domaines : Impacts potentiels

Cette section illustre les répercussions que pourraient avoir les nouvelles technologies dans dix « domaines » de la société. On y explore quatre domaines économiques traditionnels – la fabrication, les services, les ressources naturelles et l’agriculture – puis quatre domaines clés de l’infrastructure – la santé, l’énergie, les transports et la sécurité – et, enfin, deux perspectives transversales montrant ce à quoi pourraient ressembler le travail et la maison. Il ne s’agit pas de prédire l’avenir, mais plutôt d’aider les lecteurs à se faire une idée de ce qui deviendra possible si ces technologies se développent comme de nombreux experts le croient plausible. Les possibilités et les risques inhérents à chacune des technologies vont en influencer le développement.

1. L’incidence potentielle sur la fabrication

L’industrie manufacturière peut être plus locale et plus efficace.

En ce qui concerne l’industrie légère, l’impression tridimensionnelle (3D) et la biologie synthétique présentent des caractéristiques similaires : elles contribuent à la production locale d’un « produit » à partir d’un fichier numérique et à l’aide d’un matériel simple et bon marché, elles peuvent reproduire à très faible coût un produit en petite ou en grande quantité, et elles permettent à l’utilisateur de faire facilement des essais et de personnaliser le « produit ». À l’heure actuelle, l’impression tridimensionnelle est possible avec près de 30 matériaux différents et selon des degrés de complexité croissants (p. ex. Boeing imprime 22 000 pièces d’avion différentes). Ce procédé s’étendra bientôt aux vêtements et à de nombreux autres biens de consommation et gadgets électroniques, entre autres choses. La biologie synthétique produira probablement quant à elle des liquides, des solides et des substances chimiques industrielles utilisées dans les produits pharmaceutiques, les médicaments, le papier, les matériaux de construction et d’autres biens que l’on ne peut s’imaginer à l’heure actuelle, et ce, en petite comme en grande quantité. Elle pourrait aussi permettre de produire sur place les matières premières dont ont besoin les usines locales de fabrication.

Des robots à bas prix pourraient égaliser les chances.

Les capteurs, l’intelligence artificielle (IA) et les robots transformeront l’industrie lourde et auront probablement un effet égalisateur entre les économies des pays industrialisés et celles des pays en développement. Alors que les pays en voie de développement risquent de perdre l’avantage que leur confère leur main-d’oeuvre bon marché puisque les pays économiquement développés feront usage d’une main-d’oeuvre plus abordable mettant à profit des plateformes robotiques assistées par IA, les pays économiquement développés et les pays en voie de développement pourront exploiter les possibilités de l’IA pour augmenter la productivité de leurs travailleurs peu spécialisés.

De nouveaux matériaux dotés de nouvelles propriétés propices à l’innovation.

Les nouveaux biomatériaux et nanomatériaux devraient inaugurer une nouvelle ère d’innovation qui verra la multiplication de produits et de procédés novateurs. Les propriétés de ces nouveaux matériaux permettent d’envisager de nouveaux formats, aux deux extrémités du spectre, ce qui créera des perspectives inédites sur lesquelles pourra se déployer l’imagination des concepteurs, des ingénieurs et des architectes. Les nanocomposites et autres nouveaux matériaux — dont certains sont aussi robustes que l’acier, alors que d’autres sont mous et souples — amélioreront le rendement des produits manufacturés et faciliteront la production d’un plus large éventail d’objets imprimés en 3D. Les capteurs et étiquettes numériques intégrés aux matériaux permettront d’en faire le suivi tout au long de la chaîne d’approvisionnement, assurant une transparence accrue et un meilleur contrôle du cycle de vie du produit.

Procédés industriels plus respecteux de l’environnement.

Les pressions de plus en plus fortes exercées sur les ressources renouvelables et non renouvelables, ainsi que les préoccupations du public sur les nouveaux nanomatériaux et biomatériaux, mettront davantage l’accent sur la création de « systèmes en circuit fermé ». Au sein de tels systèmes, les déchets d’une industrie sont reconvertis en matière première pour un autre type d’industrie. Les produits seraient conçus pour être sains et entièrement recyclables. Grâce à la biologie synthétique, les procédés industriels s’inspireront de la nature (p. ex. on utilisera des enzymes pour accélérer la décomposition des déchets industriels en sous-produits inoffensifs ayant une valeur commerciale), et la nanotechnologie produira de nouveaux biens dotés de nouvelles propriétés, à une petite échelle beaucoup moins gourmande en termes de ressources. On pourra, par exemple, bientôt se servir d’un téléphone intelligent contenant de 20 à 30 minuscules nanocapteurs conçus pour récolter des données biométriques.

Un enjeu de politique possible :

  • Quels sont les risques que pose à la santé humaine et à l’environnement le recours à la biotechnologie et la nanotechnologie pour produire des biens? Sommes-nous en mesure d’atténuer ces risques?

2. L’incidence potentielle sur les services

De nouveaux types de services

L’économie canadienne est dominée par le secteur des services, qui représentait 78 % de la main-d’oeuvre du Canada en 2012. Les technologies émergentes sont susceptibles d’augmenter la productivité, mais peuvent déplacer la main-d’oeuvre dans les emplois tertiaires très ou peu spécialisés. De toutes nouvelles occasions d’emplois et de services sont susceptibles d’émerger dans des domaines tels que les services professionnels et les services interentreprises; les soins destinés à la population vieillissante; les soins de santé; la culture et les loisirs, les produits intangibles (concepts, conceptions, renseignements et conseils); et le commerce des services internationaux.

Des services de plus en plus personnalisés selon les individus

Les capteurs et l’intelligence artificielle (IA) dans les médias imprimés, les enseignes et les appareils permettront une adaptation de plus en plus poussée des services aux intérêts des usagers par la détection de leurs renseignements démographiques et par l’enregistrement de leurs choix précédents. Les places publiques seront plus interactives et capables de fournir des renseignements pertinents sans que l’usager ait à naviguer dans des menus fastidieux. La clientèle acquise est assurée en enregistrant ses préférences précédentes. L’IA pourrait rappeler à un coiffeur les préférences d’une personne en matière de coupe de cheveux ou la garniture qu’une personne préfère dans un restaurant qui sert des burgers. Les moyens de recueillir des rétroactions instantanées concernant de nouvelles expériences seront également utiles; chez le dentiste, une interface cerveau-ordinateur pourrait permettre de vérifier le niveau de confort du patient. Les tuteurs d’IA pourraient offrir aux étudiants une attention personnelle et ludifier les objectifs d’apprentissage (appliquer des techniques de jeu) pour favoriser les progrès.

Les services distants, virtuels et augmentés changeront la géographie des services

Il est probable que des services typiquement offerts en personne seront de plus en plus effectués en ligne. Les rendez-vous chez un médecin ou un avocat commenceront probablement par une entrevue virtuelle préliminaire; la visite pourrait également être virtuelle. Dans les écoles, chaque étudiant pourrait être équipé d’un professeur d’IA personnel qui suivrait l’évolution de leurs progrès et leurs développements au moyen de modules de contenus, et des professeurs humains joueraient un rôle de surveillance. Les dispositifs de réalité augmentée pourraient permettre aux voyageurs et aux touristes d’explorer, de se détendre ou de traiter des affaires sans quitter la maison. La « téléprésence » (le fait d’être à de multiples endroits en même temps) permettra aux utilisateurs de choisir le fournisseur de service correspondant le mieux à leurs besoins, et ce, parmi les fournisseurs du monde entier, et non parmi ceux de leur région.

Enjeux de politiques possibles

  • Les nouvelles technologies réduiront-elles ou augmenteront-elles le potentiel de création d’emploi dans le secteur des services?
  • Y aura-t-il une fusion au plan international à mesure que les grandes entreprises bien financées automatiseront les services locaux et nationaux?
  • Comment devrions-nous encourager l’acquisition de compétences entrepreneuriales et techniques chez les Canadiens en vue de créer une nouvelle génération d’entreprises de services?

3. L’incidence potentielle sur les ressources naturelles

Gestion et récolte des ressources durables

Les nouvelles technologies – surtout les capteurs, les analyses de données, l’IA, les drones, les robots et la biologie synthétique – pourraient conduire la récolte et la gestion durables des ressources halieutiques et forestières vers une nouvelle ère. Ensemble, ces outils pourraient permettre aux gestionnaires des ressources et aux surveillants du gouvernement de surveiller la santé des écosystèmes et des ressources, d’élaborer des stratégies écologiques de récolte et de plantation, et de reconnaître rapidement les cas d’intervention et intervenir de façon ciblée. Être en mesure de voir le système en entier pourrait permettre d’améliorer la planification, les investissements et la transparence des comptes.

Des robots pour l’acquisition de ressources traditionnelles et sous-marines.

Les drones et les robots joueront un rôle de plus en plus important dans la prospection et l’extraction dans le domaine minier traditionnel et sous-marin, surtout dans des situations d’éloignement, ou d’accès difficile ou dangereux. Les opérateurs de ces robots peuvent vivre dans des zones urbaines avec leurs familles et ne jamais mettre les pieds sur le site. Les opérateurs pourraient vivre dans des fuseaux horaires différents autour du monde, ce qui permettrait une production vingt-quatre heures sur vingt-quatre sans perturbation majeure de leurs vies familiale et personnelle.

Des robots conduisant des tombereaux de chantiers(link is external)(anglais seulement)

Bioproduction de matières premières

La biologie synthétique utilise des organismes génétiquement modifiés pour fabriquer un nombre de plus en plus élevé de matériaux, tels que les bioplastiques, les biocarburants, le biocaoutchouc, l’acier biologique, la soie d’araignée et les produits chimiques industriels. Les industries qui peuvent en être perturbées se concentrent dans les domaines des pâtes et papiers, des matériaux de construction, de la fabrication de produits chimiques et pharmaceutiques, de l’agriculture et de l’extraction des combustibles fossiles. Les entreprises de transformation secondaire pourraient se passer des producteurs primaires en créant des usines autosuffisantes qui produiraient des matières premières qui répondraient exactement à leurs spécifications à l’aide de bioréacteurs et de matières biologiques disponibles localement. Alors que ce domaine se développe, il peut être difficile pour les producteurs traditionnels de demeurer compétitifs.

Des bioréacteurs produisant des biocarburants(link is external)(anglais seulement)

Un enjeu de politique possible

  • Quelles répercussions la biologie synthétique pourrait-elle avoir sur le marché mondial des ressources canadiennes au cours des 15 prochaines années?

4. L’incidence potentielle sur l’agriculture

Centres de bioproduction agricoles

En 2028, la biologie synthétique aura le potentiel pour produire différents types d’aliments à plus bas prix. En manipulant des gènes, on peut créer de tous nouveaux aliments avec de nouvelles propriétés et saveurs. L’industrie de la bioproduction devrait atteindre, à elle seule, 100 milliards de dollars d’ici 2020. Cette technologie, qui utilise des cuves de verre et de plastique (bioréacteurs) et qui ne demande que du soleil ou du sucre, des algues et des nutriments, peut être installée partout.

Les hamburgers de boeuf synthétique ont un goût « similaire à la viande »(link is external) (anglais seulement)

Des récoltes génétiquement modifiées plus robustes

La biologie synthétique peut également être utilisée afin de créer de nouvelles récoltes qui auront des caractéristiques avantageuses telles que l’halotolérance, et la résistance à la sécheresse et aux ravageurs. Cette technologie peut aider à surmonter les problèmes causés par le changement climatique ou à diminuer la pression exercée sur les terres arables, surtout celles qui servaient à produire de la nourriture pour les animaux et certaines cultures vivrières (p. ex. le sucre, le maïs pour produire du carburant).

Des robots à la ferme

L’agriculture a le potentiel de devenir beaucoup plus écoefficace et écologique sur les terres agricoles existantes, étant donné les possibilités d’une plus grande automatisation via l’IA, la robotique et les capteurs. Des drones volants pourraient surveiller de grands champs de façon plus rapide et plus précise. Grâce aux renseignements reçus de ces drones, de même que des satellites et des capteurs, des tracteurs et des épandeurs automatisés pourraient épandre de l’eau, des semences, des pesticides et des nutriments d’une manière plus ciblée et plus régulière. Cette précision pourrait plus tard être renforcée au moyen de pesticides et d’insecticides à libération lente et faits à partir de nanomatériaux. Les cueilleurs robotiques continueront d’apparaître et, avec le temps, ils seront en mesure de récolter un grand nombre de variétés de récoltes. L’agriculture automatisée pourrait rendre l’agriculture intérieure plus viable dans les régions où les répercussions des changements climatiques détériorent les terres arables, l’approvisionnement alimentaire et la fiabilité.

Des robots japonais cueillent les fraises les plus mûres (link is external)(en anglais et en japonais seulement)

Localiser les aliments des semences à la bouche.

Les renseignements liés aux aliments et destinés à la surveillance des règlementations et des marchés pourraient être renforcés au moyen de puces, de capteurs et de la biologie computationnelle déjà mis en place. Nous pourrions être en mesure de localiser la production de la nourriture de même que la voie de maladies d’origine alimentaire à un degré bien plus élevé. Les marchés, les consommateurs et les gouvernements pourraient être informés d’une façon plus précise de l’endroit d’où les aliments proviennent, du producteur de ces aliments, de la manière dont ces aliments ont été produits et des produits dérivés qui ont été utilisés dans leur production.

Enjeux de politiques possibles :

  • L’appui de la population relativement aux aliments génétiquement modifiés demeure incertain. Quels sont les risques potentiels de la biologie synthétique?
  • Les fermes intelligentes automatisées ont un faible besoin de main-d’oeuvre traditionnelle, mais peuvent nécessiter des fermiers qui ont de nouvelles compétences et qui peuvent tirer profit des nouvelles technologies.
  • Ces technologies pourraient-elles aider à libérer de nouveaux potentiels dans les régions éloignées du Canada?

5. L’incidence potentielle sur l’énergie

Le vent et le soleil deviendraient rentables

Récemment, d’importantes améliorations ont été apportées dans les technologies liées au soleil et au vent, notamment dans les procédés d’impression à prix abordable pour les panneaux solaires. De nombreuses sources scientifiques suggèrent que l’énergie éolienne pourraient devenir le choix le plus rentable pour la nouvelle génération d’électricité dans de nombreux endroits au courahnt des 15 prochaines années. Étant donné que l’énergie solaire et l’énergie éolienne sont devenues plus abordables, des recherches massives et des capitaux de risques se concentrent désormais de plus en plus sur le stockage dans des piles pour les maisons, les édifices et les véhicules. Un stockage efficace et économique dans les piles se profile à l’horizon. Voilà la clé permettant aux technologies d’alimenter les édifices en énergie renouvelable par temps couvert et calme.

Des filières énergétiques décentralisées

La combinaison de technologie solaire, de technologie éolienne et de technologie des piles constitue la composante fondamentale des filières énergétiques décentralisées. Les édifices pourraient se connecter au réseau ou fonctionner de façon indépendante. Les voitures électriques pourraient être branchées aux édifices où elles pourraient servir de source d’énergie supplémentaire.

Des solutions émergentes en matière de stockage d’énergie(link is external) (anglais seulement)

Davantage de véhicules électriques et hybrides

Le secteur de l’automobile verra apparaître davantage de moteurs électriques, car les piles avancées connaissent un franc succès. Les coûts initiaux des véhicules électriques sont prévus diminuer au point d’être équivalents au prix des véhicules conventionnels, car la production de piles augmentera jusqu’à vingt fois. Le coût d’aquisition d’un véhicule électrique est le quart du coût d’un véhicule à moteur à combustion interne, ce qui promouvra davantage les véhicules électriques à mesure que l’on approche de la parité. Les moteurs hybrides avancés utilisant des biocarburants pourraient créer un nouveau segment de marché.

Croissance de la bioénergie

Les bioréacteurs utilisant des algues modifiées par la biologie synthétique permettront probablement aux entreprises de produire des combustibles peu coûteux qui ne s’alimentent que de rayons de soleil, de CO2 et d’eau. Les coûts de production du diesel et de l’éthanol créés à partir de cette « chimie verte » pourraient atteindre 0,30 $/L dans les régions ensoleillées. Puisque le CO2 pourrait devenir une denrée précieuse pour alimenter les bioréacteurs, les établissements émettant du carbone pourraient devenir des usines de fabrication vertes. Il existe des manières plus vertes de traiter les sables bitumineux.

Enjeux de politiques possibles

  • Sommes-nous en pleine transition des filières énergétiques centralisées vers des filières décentralisées? Quel est le bon équilibre? Que représente cette transition pour l’investissement et la recherche?
  • Les pays, régions et entreprises qui adoptent les filières énergétiques décentralisées pourraient-ils avoir un avantage compétitif à long terme? De moindres coûts? Une plus grande résilience?

6. L’incidence potentielle sur le transport

Arrivée des véhicles autonomes et semi-autonomes.

Le réseau de transport est en évolution. Les anciens véhicules seront progressivement remplacés par des véhicules plus autonomes, plus intelligents et plus efficaces. On verrait circuler, par exemple, des fauteuils roulants et des véhicules de livraison autonomes dans les hôpitaux, les usines, les entrepôts et les centres de villégiature. Bien qu’ils ne soient pas encore entièrement autonomes, les véhicules dotés de « systèmes d’assistance au conducteur » sont désormais la nouvelle norme pour le transport public et individuel. Les outils de diagnostic assistés par intelligence artificielle (IA) permettront aux véhicules d’assurer leur entretien à peu près seuls : vidanges d’huile, vérification des freins, même le passage au lave-auto. À mesure que les véhicules gagneront en autonomie, leur intérieur pourrait se métamorphoser, afin de permettre aux passagers de travailler ou de se détendre à leur aise en se rendant d’un endroit à un autre. Les voitures communiqueront de plus avec d’autres appareils (p. ex., téléphone, ordinateur, réfrigérateur) afin de simplifier encore davantage la vie de leurs utilisateurs. Les accidents demeurent possibles, mais il pourra être délicat d’en attribuer la faute (le véhicule, son système d’IA ou son propriétaire). Tous ces facteurs feront évoluer les notions de propriété et de responsabilité des véhicules.

L’internet des objets « ambulants »

Au-delà des véhicules eux-mêmes, c’est le réseau de transport tout entier qui pourrait évoluer. L’IA intégrée aux voitures et aux camions sera branchée sur des autoroutes — et éventuellement des voies urbaines — pourvues de capteurs, réflecteurs, émetteurs et autres dispositifs qui simplifieront la circulation des véhicules autonomes. Même si tous les véhicules ne seront pas tous complètements autonomes, la majorité d’entre eux sera au moins « liée » aux autres et aux systèmes de contrôle de la circulation afin de faciliter la coordination et la communication. Cette interrelation permettra d’améliorer grandement l’efficacité du système, permettant aux véhicules de se déplacer plus rapidement et, dans certaines régions, d’une façon beaucoup plus coordonnée qui minimisera les embouteillages. Cependant, la protection de la vie privée risque de devenir problématique, puisque tous les véhicules seront dorénavant dirigés et localisés, voire contrôlés, à distance. Le camionnage et le transport ferroviaire continueront de se concurrencer. Des wagons plus légers et la disponibilité du biodiesel feront en sorte que les chemins de fer pourraient entrer en plus grande compétition avec le transport par camion; cependant, les caravanes automatisées des camions équipés de capteurs augmenteront l’efficacité des systèmes de transport par camion et réduiront les coûts.

Passer des véhicules à essence aux véhicules hybrides et électriques

L’énergie qui alimente les moyens de transport est en train de changer. Les moteurs électriques et hybrides seront de plus en plus répandus. Les échanges d’énergie entre maisons et voitures, rendus possibles par les technologies des réseaux intelligents et des « maisons intelligentes », deviendront possibles. Les combustibles fossiles pourraient être supplémentés de diesel ou de bioéthanol produits dans un bioréacteur de la région. L’utilisation de nanomatériaux robustes et légers, y compris les nanoformes de carbone, conjuguée à des moteurs et des piles plus efficaces et offrant une plus grande autonomie, se traduira par des véhicules plus sûrs et plus légers, capables de couvrir de plus grandes distances. L’accès à des nanomatériaux plus robustes, qui résistent mieux à la chaleur, permettrait aux moteurs de tourner à des températures plus élevées et d’offrir une meilleure efficacité énergétique. Peu importe le moyen de transport (avion, train, bateau ou véhicule personnel), il est permis de supposer que l’autonomie des véhicules augmentera, que leurs coûts d’utilisation diminueront et que leur impact sur l’environnement s’atténuera.

Meilleurs systèmes de livraison

La partie des chaînes de valeur industrielles dévolue au transport sera beaucoup plus efficace, grandement automatisée et mieux synchronisée. L’IA et le matériel pour chargement coordonneront le transport de marchandises entre les moyens de transport et les systèmes, un facteur qui façonnerait un secteur de fabrication national compétitif et permettra de conserver de bas prix. Les modèles de gestion allégés et efficaces reposant sur des systèmes « juste à temps » exigent une grande souplesse dans la production et la livraison des biens. Dans le cas des petits envois, certains véhicules pourraient être remplacés par des drones programmables capables de transporter des colis entre les points d’une même région. Ces changements auront des effets sur l’emploi et sur l’apport général du secteur du transport au produit intérieur brut.

Enjeux de politiques possibles

  • Les gouvernements sont-ils prêts à intégrer de nouvelles formes de propriété et de responsabilité des véhicules?
  • À mesure que la disponibilité des nouvelles technologies créera de nouvelles demandes, comment les gouvernements gèreront-ils les coûts de mise à niveau et de remplacement de l’infrastructure?
  • Le nouveau réseau de transport repose sur un vaste réseau de partage des données. Comment cela pourrait-il affecter le respect de la vie privée?

7. Répercussions possibles sur la médecine

Le séquençage de l’ADN des patients mènerait à une médecine personnalisée.

Les données de l’ADN aideront les professionnels de la santé à mieux déterminer quels traitements pharmacologiques sont efficaces et sécuritaires pour un patient en particulier, et à des définitions de posologie convenant au métabolisme des patients. Des essais de médicaments personnalisés effectués sur des cellules souches provenant du patient pourraient réduire le besoin de faire des essais de médicaments sur des animaux et des humains et possiblement identifier une plus grande variété de traitements possibles. À mesure que les marqueurs génétiques des maladies seront de plus en plus connus, l’ADN deviendra plus utile dans les diagnostics, de même que dans les prédiagnostics, ce qui offre des profils de risques de troubles médicaux bien avant l’apparition des symptômes. Certaines maladies chroniques peuvent être prévenues ou même éradiquées grâce à des interventions prénatales, des traitements dès la naissance, ou possiblement de la thérapie génique.

Convergence de la technologie et l’avenir de la médecine(link is external)(anglais seulement)

La génomique, la nanotechnologie et la biologie synthétique pourraient créer toutes des solutions de prévention.

En plus des avantages de prédiction de la médecine personnalisée, les capteurs axés sur la nanotechnologie offrent une détection plus rapide (p. ex. en tenant compte de moins de cellules pour déceler le cancer). Ces capteurs seront associés à la thérapeutique afin de soutenir les interventions précoces, telles que la théragnostique(link is external) (anglais seulement). La nanotechnologie et la biologie synthétique peuvent atténuer les inquiétudes au sujet de la résistance grandissante aux antibiotiques au moyen de solutions qui permettront de réduire la propagation des bactéries ou, plus efficacement, de détruire les bactéries. L’éclosion d’infection virale est déjà bien maîtrisée par l’analyse d’ADN individuels afin de détecter les agents pathogènes. À l’avenir, les capteurs et les dossiers électroniques faciliteront ce suivi, tandis que la biologie synthétique peut avoir un rôle dans la préparation de vaccins « juste à temps ».

Le contrôle de la santé dépassera les conditions cliniques, se rapprochant de vous.

Les capteurs de santé apparaîtront plus fréquemment dans les éléments de la vie quotidienne, comme les téléphones cellulaires ou les toilettes, les objets portables (p. ex. les vêtements, les bijoux — même la peau); dans un « tricordeur » multifonctionnel (appareil de diagnostic portatif); ou comme une partie d’un « laboratoire-sur-puce » que les gens pourront bientôt garder dans leurs armoires à pharmacie. Le procédé d’auto-surveillance des indicateurs de la santé, de même que de surveillance des comportements sains et non sains, sera plus simple et plus systématique. Lorsque les données relatives aux diagnostics seront étendues à l’ensemble du réseau, que l’IA sera augmentée et transmise aux médecins, les soins offerts pendant vingt-quatre heures d’affilée dans les régions éloignées seront possibles. Les outils des interfaces cerveau-ordinateur apportent une plus grande sensibilisation aux états mentaux, la connexion entre le cerveau et le corps sous-jacente aux dépendances, aux maladies et aux traitements présentera de nouvelles options (p. ex. la neurostimulation, les médicaments améliorant le système nerveux, ou un changement de comportement tout simplement).

La régénération des tissus endommagés ou malades.

Les listes d’attente des donneurs d’organes et le commerce d’organes sur le marché noir relèveraient du passé en ce qui concerne tous les organes, à l’exception des plus compliqués comme le coeur. La production ou l’impression tridimensionnelle d’organes à partir des cellules du patient permettra un rétablissement plus rapide sans rejet. Même la lésion d’un nerf peut devenir surmontable avec l’aide des interfaces cerveaumachine et des robots. Par conséquent, nous devrions nous attendre à ce que la frontière entre les capacités humaines naturelles et celles qui sont améliorées s’estompe.

Enjeux de politiques possibles

  • Pouvons-nous utiliser ces nouvelles technologies afin de concevoir des systèmes qui réduiraient les coûts des soins de santé publique?
  • Quels changements sont nécessaires en ce qui concerne les institutions, les rôles et les responsabilités afin d’assurer la surveillance, la sécurité, l’équité, l’efficacité et la responsabilité?
  • Comme certaines maladies peuvent désormais être évitées et de nouvelles méthodes de prolongation de la vie et des capacités sont adoptées, le point de vue des Canadiens relativement aux coûts, à l’accès et aux droits est susceptible d’être controversé.

8. L’incidence potentielle sur la sécurité

Changement des catégories de ressources rares et des secteurs à risque

La rareté des ressources constitue une source possible de conflits. Les progrès dans la biologie synthétique pourraient réduire la pression sur certaines ressources naturelles rares en augmentant le niveau de sécurité énergétique, des matériaux et des sources de nourriture. De plus, de nouveaux minéraux, différents de ceux d’autrefois, pourraient être de plus en plus difficiles à trouver. Ainsi, les réserves de lithium pourraient subir de grandes pressions à mesure que la demande en piles augmentera. Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) prévoit que la pénurie d’aliments et d’eau qui résultera des changements climatiques deviendra de plus en plus croissante et pourrait donner lieu à des conflits et à des déplacements de population. Si l’énergie solaire était moins chère, on pourrait diminuer le coût du dessalement de l’eau et, par conséquent, produire plus de nourriture et réduire le nombre de réfugiés climatiques, ou écoréfugiés, qui sont forcés de quitter certaines régions agricoles sujettes aux sécheresses. On pourrait soutenir ces efforts en mettant au point la culture d’espèces plus résistantes et des techniques d’agriculture mieux adaptées reposant sur les nouvelles technologies.

Expansion de la guerre « à source ouverte »

Les systèmes d’armes et de surveillance « maison » seront vraisemblablement de plus en plus courants, créant de nouveaux genres de crimes et de conflits. Par exemple, le drone Switchblade actuellement disponible est létal à de courtes distances et peut être transporté dans un sac à dos. Les capteurs de dernière génération et les avancées de la robotique et de la nanotechnologie pourraient généraliser le recours aux capteurs à distance dans le cadre des activités de surveillance et de collecte du renseignement ainsi que pour faire la guerre. On s’attend à ce que les véhicules et appareils sans équipage, télépilotés ou autonomes, qui circulent dans les airs, sur terre et sur ou sous l’eau, deviennent de plus en plus répandus. Leur taille et leur prix iront en diminuant, et il sera plus facile de s’en procurer à l’avenir. Le libre accès aux connaissances pourrait se traduire par la multiplication un peu partout des capacités de cyberdéfense. De plus, les amateurs de bricolage pourraient exploiter les possibilités de la biologie synthétique pour produire et relâcher dans l’environnement des substances toxiques, que ce soit par accident ou de façon délibérée. Dans tous ces cas de figure, on constate qu’une technologie qui avait d’abord pour but de renforcer la sécurité risque de se transformer en menace. On entend par conséquent utiliser des nano-dispositifs et des nanorobots préprogrammés pour créer des réseaux de sécurité et des surfaces de détection capables de déceler les dangers comme les virus, les poisons et les armes nanotechnologiques.

L’Armée de l’air américaine et les micro-drones (link is external) (anglais seulement)

Disparition de l’anonymat

Les gens seront de plus en plus suivis et surveillés par le truchement des nanocapteurs, biocapteurs, interfaces cerveau-ordinateur et dispositifs d’intelligence artificielle (IA). Les appareils intelligents pourront aisément repérer une personne à 10 cm près et suivre ses déplacements, ce qui permettra de tirer certaines conclusions au sujet de ses activités, comportements, interactions et relations. Il sera donc de plus en plus difficile pour quiconque de passer inaperçu, l’IA étant en mesure d’identifier les gens par leur visage et leur démarche, voire de prédire les traits comportementaux des personnes dépourvues d’appareils intelligents en étudiant ceux des gens qui en possèdent. Ces appareils serviront de plus en plus à repérer, authentifier et suivre les mouvements des denrées alimentaires, des biens et des matériaux à travers les chaînes de valeur. Une surveillance et un contrôle aussi rigoureux pourraient également contribuer à améliorer la santé publique, à mieux protéger l’environnement et à assurer une meilleure sécurité des personnes. Par exemple, dans les situations de crise, les capteurs, les dispositifs d’IA et les plateformes de dialogue machine-machine nous aideront probablement à localiser les gens et à définir leurs besoins. Parce que la question de la protection de la vie privée occupera une place centrale, il faudra repenser ce qu’est le juste équilibre entre bien commun et intérêts privés, entre liberté civile et liberté individuelle.

Enjeux de politiques possibles

  • Comment devons-nous nous préparer à l’arrivée massive de systèmes d’armes « maison » abordables et meurtriers?
  • À mesure que les capteurs environnementaux et les systèmes de surveillance seront déployés à grande échelle, comment les nouvelles règles, les rôles et responsabilités se développeront entre les divers ordres de gouvernement, entreprises et organismes de surveillance non affiliés au gouvernement au moment de partager l’information face à une attaque biologique ou à un attentat terroriste?

9. L’incidence potentielle sur les maisons

La maison est l’endroit où est le « cerveau ».

L’« Internet des objets (link is external)» aura des répercussions considérables sur les maisons, mais le besoin de donner du sens à tous les renseignements générés en sera la priorité. Les maisons seront capables de combiner, d’interpréter et de transmettre les renseignements provenant de toute une gamme de nouveaux capteurs tapis dans les appareils, les installations et les accessoires, les renseignements allant des besoins précis et de la surveillance des locataires aux systèmes de diagnostic de base. L’intelligence artificielle (IA) et l’« Internet des objets » nous mèneront de l’ère des ordinateurs de maison à l’ère des « maisons ordinateurs ».

Les interactions changeront.

Les nouvelles technologies permettront aux activités domestiques traditionnelles de se tenir également de façon virtuelle. La gestion intégrée des données et des systèmes, étant possible grâce à l’IA et aux nouveaux matériaux, changera l’aspect des maisons. Il est probable que de nouvelles surfaces interactives apparaîtront dans les maisons et permettront aux occupants de surveiller et de gérer les systèmes domestiques et de communiquer avec d’autres occupants. Au fil du temps, au fur et à mesure que les technologies évolueront, les matériaux et accessoires de construction traditionnels seront remplacés par de nouveaux matériaux et accessoires qui seront intégrés avec des capteurs et une IA domestiques. Ces capteurs partageront des renseignements avec des téléphones et des véhicules intelligents, ce qui permettra aux occupants de gérer leur maison à distance.

Comment faire la part du privé et du public?

En permettant la coordination avec des systèmes à l’extérieur des maisons, la frontière entre la sphère domestique et la sphère professionnelle, et entre public et privé continuera de s’estomper. Les systèmes domestiques qui se synchronisent avec des systèmes externes (tels que ceux qui sont utilisés au travail ou à l’école) permettront aux occupants de travailler, d’apprendre et de se détendre en un seul lieu. Toutefois, de tels systèmes, pourraient également se synchroniser avec le voisinage, les régions, les municipalités, les services publics et bien plus pour appuyer les prises de décisions au sujet de l’aménagement du terrain, des infrastructures, des résultats sur la santé et du développement.

La construction de maisons imprimées en 3D

L’innovation dans la robotique, l’IA et les matériaux de construction changerait l’aspect et la construction des nouvelles maisons. L’avènement de l’impression tridimensionnelle à grande échelle signifie que les maisons pourraient être construites plus rapidement et à l’aide de matériaux dotés de nanotechnologies, les rendant ainsi plus forts et plus écoénergétiques qu’ils le sont maintenant. Cette innovation pourrait également se traduire par de plus faibles coûts et une plus grande flexibilité dans la conception des maisons et l’aménagement urbain.

La maison autonome

La tendance vers la décentralisation de l’énergie et d’autres infrastructures rendra les maisons plus autonomes, mais rendra le besoin de coordination des systèmes encore plus crucial. Les systèmes d’énergie distribuée permettront aux maisons d’alimenter le réseau et d’y puiser leur énergie, mais de telles innovations dépendront de l’évolution des secteurs de la production et du stockage de l’énergie. Libérées des contraintes des services urbains traditionnels, les nouvelles maisons pourraient proliférer dans des domaines bien au-delà du contrôle de l’urbanisme.

Enjeux de politiques possibles

  • Y aura-t-il des problèmes d’équité entre ceux qui sont en position de se munir des dernières technologies et ceux qui ne peuvent pas?
  • Comment les renseignements recueillis par l’Internet des objets seront-ils utilisés? Qui devrait y avoir accès?
  • Qui veillera à l’interopérabilité entre les systèmes? Comment les infrastructures devront-elles changer?

10. Incidences potentielles sur le travail

Des travailleurs moins nombreux, mais plus productifs

L’intelligence artificielle (IA), les capteurs, l’analyse de données et la robotique entraîneront des changements considérables dans de nombreux lieux de travail au Canada et à l’échelle internationale. Ces technologies transformeront de nombreux emplois faisant appel à des tâches physiques ou cognitives répétitives : l’IA s’occupera de plus en plus des procédés systématiques, tandis que les travailleurs pourront se concentrer librement sur les exceptions que l’IA ne peut pas traiter. En outre, l’IA et l’analyse de données augmenteront la productivité ainsi que la demande en compétences professionnelles non systématiques en recadrant notre manière de concevoir, de coordonner, de gérer, de fournir et d’évaluer les produits et les services. Les capteurs donneront aux employés une meilleure vue d’ensemble des processus qu’ils traitent, ce qui permettra de gagner en efficience et d’accroître la satisfaction du client. La production en série de robots et de véhicules de livraison autonomes fera évoluer le déroulement, la cadence et la flexibilité du travail. Les conditions de travail et la sécurité professionnelle s’amélioreront considérablement pour les professions dangereuses, surtout par l’utilisation de capteurs, de drones et de robots dans des domaines tels que l’exploitation minière, le maintien de l’ordre et les missions de sauvetage.

Plus d’employés contractuels et à temps partiel

Comme cela a été signalé dans MetaScan 2, de plus en plus de travailleurs seront probablement des travailleurs contractuels autonomes et à temps partiel dans la nouvelle « économie de projet ». Pour la durée d’un projet, ils pourraient travailler à partir d’un bureau, depuis leur domicile, dans un centre créatif ou dans un espace public. Des surfaces intelligentes permettront aux travailleurs de créer ou de partager un espace de travail partout tout en offrant les moyens virtuels de collaborer face à face ou entre groupes. Autant les travailleurs hautement qualifiés que les travailleurs peu spécialisés effectueront des tâches ou des travaux de durée variable pour plusieurs employeurs, par l’intermédiaire des médias sociaux et des applications de « microtâches ».

Un nombre croissant de « travailleurs virtuels » internationaux

Les mêmes outils qui permettent aux Canadiens de travailler dans un café-restaurant les aideront aussi à devenir des « employés virtuels » pour des employeurs de pays étrangers. S’ils acquièrent les compétences appropriées, ils pourront faire leur preuve devant la concurrence internationale pour prendre en charge des tâches de courte durée, et même pour occuper des emplois à temps partiel ou à temps plein. Le système permettra aussi à des étrangers de soumissionner pour des tâches ou des emplois situés au Canada. La main d’oeuvre deviendra de plus en plus internationale. On assiste à l’apparition de sites de recherche d’emploi qui aident à trouver du travail virtuel (tels que freelancer.ca(link is external) (anglais seulement) ou eLance.com(link is external) (anglais seulement)). Les systèmes d’établissement de la réputation (tel que le système d’évaluations de eBay) feront le suivi du rendement, des compétences et des aptitudes de chaque individu pour permettre aux employeurs virtuels de trouver rapidement des travailleurs compétents et dignes de confiance.

De nouvelles structures organisationnelles

Les nouvelles technologies, les nouvelles modalités de travail et d’autres facteurs de changement international produiront vraisemblablement de nouvelles sortes d’organisations. À titre d’exemple, il est possible d’imaginer l’avènement de sociétés de services où tous les services seraient fournis par l’intermédiaire de l’IA et feraient intervenir de moins en moins d’employés. Un nombre grandissant d’entreprises modernes seront dotées d’une petite équipe de gestion qui donnera toutes ses fonctions à la sous-traitance sur l’ensemble du cycle de vie de ses produits. Il est possible que des travailleurs qualifiés détachés de toute organisation se joignent à des personnes aux compétences complémentaires pour créer des équipes informelles et temporaires de manière à saisir une occasion de travailler ensemble virtuellement pour fournir un bien ou un service.

Enjeux de politiques possibles

  • Quels problèmes d’ordre social et d’équité surviendront si le nombre d’emplois traditionnels diminue?
  • Existe-t-il des changements d’infrastructure, d’institution ou de politique qui offriront un avantage concurrentiel aux travailleurs virtuels?
  • Quel est le rôle des gouvernements nationaux dans la réglementation et la surveillance du travail virtuel et des organismes virtuels temporaires?

Récit descriptif du domaine

Produisez-le chez vous

Imaginez une femme mécontente qui se promène dans le couloir d’une usine de fabrication. Elle est vêtue d’un jean et d’un blouson en cuir, et a les cheveux attachés. À sa droite, une série de transporteurs à courroie déversent une substance fibreuse grise dans un tube de raccordement horizontal métallique. On voit également trois grandes cuves closes en arrière-plan. Samantha était bouleversée d’apprendre que son trajet de livraison avait été supprimé. Elle transportait de l’acier depuis un chantier naval et l’usine de fabrication depuis plus de 20 ans. Elle aimait contempler une vue sur l’océan et respirer l’air frais. L’entreprise pour laquelle elle travaillait importait de l’acier et le transformait en barres d’armature pour l’industrie de la construction.

Après avoir claqué la portière de son camion, elle s’est rapidement dirigée vers le bureau de son patron pour lui faire part de sa frustration. Elle a hésité en apercevant Douglas dans la salle de repos.

«Qu’est-ce que c’est que cette histoire d’avoir annulé mon itinéraire de livraison vers le chantier?»

«Ils n’ont plus besoin d’acier», lui répond Douglas. «Apparemment, nous allons produire notre propre acier sur place… Lis la note de service.» Douglas pointe alors le doigt en direction des babillards électroniques sur le mur.

Samantha lit les nouvelles affichées au mur. Le procédé en usine utilise des matières premières biologiques, des enzymes et l’énergie calorifique produite par l’installation de gestion des déchets voisine pour produire du bio-acier sous forme de barres d’armature, sans oublier une toute nouvelle gamme de produits de construction. Le matériau résultant serait homologué comme produit renouvelable. Samantha s’est alors demandé si elle avait toujours un emploi.

Douglas remarque son air inquiet. Il la rassure en lui disant que les matières premières biologiques proviendront de forêts et de sites agricoles locaux et lui demande si cela la dérange d’avoir une nouvelle route dans la campagne. Samantha s’est tout de suite sentie soulagée à l’idée des nouveaux changements apportés.

Ne souriez pas aux écrans

Imaginez la cafétéria d’un immeuble. On y voit un homme et une femme qui semblent discuter. Les deux sont heureux et souriants. En arrière-plan se trouvent plusieurs tables modernes auxquelles on a fixé des bancs et une grande fenêtre donnant sur l’extérieur. La scène est floue, pour des raisons de mise au point. On voit également un écran numérique en arrière-plan. L’écran numérique affiche la photo d’une femme souriante tenant un cappuccino. Dans le bas de l’écran numérique, une barre de défilement indique que les images numériques affichées à l’écran s’enchaînent en boucle avec d’autres. Kyle respira profondément. Cette fois, il allait le faire. Il marcha jusqu’à la table de la cafétéria où était assise la nouvelle étudiante si mignonne. « Pardonnez-moi, » dit-il, « mais je dois vous demander quelque chose. »

« Oui? », répondit-elle. Il ne pouvait situer son accent.

« Vous achetez toujours un cappuccino glacé avec votre repas, mais vous ne le buvez jamais. » Le grand contenant à boisson reposait non entamé à côté de son ordinateur portable.

Elle sembla embarrassée. « Ils…ils me le servent toujours lorsque je rentre dans la file. J’en ai bu un la première journée et là, ils semblent penser que c’est ce que je veux toujours. »

« Oh! Si vous voulez, je peux vous dire comme arrêter tout cela. » Rapidement, Kyle était absorbé à montrer à la jeune fille, dont le prénom était Mia, comment naviguer à travers le secteur canadien des industries.

« Ne souriez pas aux écrans; ils croiront que vous aimez ce qu’ils font et en feront plus. N’établissez pas de contact visuel avec les gens sur les affiches—ce ne sont pas des photos statiques, mais en réalité des caméras qui nous regardent pour voir ce que nous achetons. Ils sont constamment en train de refaire notre profil. »

Sous le froid de la tempête

Imaginez le sous-marine prise en eau profonde. Il fait noir. On regarde vers le haut une plateforme sous‑marine à laquelle est accroché un grand cylindre. Le cylindre est une station d’ancrage pour des petits appareils ressemblant à des sous-marins. La moitié des stations d’ancrage sont pleines. Un petit appareil ressemblant à un sous-marin éclaire la station d’ancrage avec son projecteur et semble se diriger vers celle-ci. Un autre robot sous-marin plus grand, également muni d’un projecteur, éclaire la plate-forme et semble s’en approcher pour effectuer des réparations. Le robot est doté de bras robotiques sur l’avant. «La tempête n’est pas si mal, Martha! On peut lui faire face. »

Derrière les fenêtres de l’appartement stable et solide  de Martha Bowen, à Régina, la journée était calme et ensoleillée. Toutefois, l’image sur son moniteur montrait son collègue, Jacob, en train de se faire balloter de façon inquiétante sur les eaux de la baie d’Hudson.

« Je suis certaine que tu es en sécurité, Jacob, mais pour ce qui est des robots miniers, c’est une autre histoire, » dit-elle. Martha était la directrice du service d’entretien de l’équipement de l’entreprise où elle travaillait et elle était responsable de la sécurité des robots miniers. La compagnie employait des douzaines d’employés et des centaines de robots, mais seulement une petite poignée de membres du personnel travaillait sur place comme Jacob. La plupart de ses collègues, issus d’une douzaine de pays différents, travaillaient à partir de leur domicile.

Une autre fenêtre sur son écran montrait les opérateurs des robots miniers conduisant leurs drones aux postes d’amarrages plus bas. Alors qu’un des drones s’apprêtait à accoster, une vague déferla violemment sur le mécanisme de verrouillage de l’amarrage. Le drone minier était solide—elle le vit rebondir toujours intact—mais le mécanisme d’amarrage explosa. Les nanocapteurs intégrés dans la pièce envoyèrent immédiatement un compte-rendu des dommages à Martha.

« Tu as vu ça? » Jacob se leva et chancela jusqu’à la fenêtre de la plateforme minière afin de voir ce qui se passait à l’extérieur. « Ne t’inquiète pas », dit Martha, « on s’en occupe déjà. » L’intelligence artificielle qui gérait le centre de réparation avait reconnu l’urgence de remplacer le mécanisme d’amarrage et avait immédiatement réglé l’imprimante 3D afin de répondre au nouveau besoin. « Jacob, une pièce de rechange sera prête d’ici huit minutes. »

Son estomac se souleva alors qu’elle regardait Jacob et sa petite équipe refermer l’écoutille. Après quelques minutes, il lança un drone de réparation armé d’une nouvelle pièce dans les eaux glaciales. Elle savait que Jacob et son équipe seraient en sécurité et, pour l’instant, son travail était accompli.

Du vert à l’or

Imaginez l’extérieure d’un champ gazonné dont le périmètre est bordé d’arbres verts touffus. Le paysage est vivant. Le champ vaste n’est pas vierge. Sur son étendue, s’étalent des rangées entières de longs conteneurs transparents qui ressemblent à des boîtes. Les conteneurs transparents sont remplis d’un liquide vert transparent. Un chemin traverse le centre de l’image en ligne droite qui est également le centre du champ. L’agriculteur qui exploite la ferme d’algues se trouve au milieu du chemin, il tient une petite bouteille du liquide vert. Il la regarde au soleil, lequel fait briller le liquide en traversant la bouteille. L’agriculteur porte une veste et des bottes de caoutchouc. Juste derrière lui, on voit un petit chariot contenant plusieurs échantillons du liquide vert. Le conseiller financier en stratégie de petite entreprise de John le regardait d’un air incrédule. « Comprenez-moi bien. Votre compagnie est au bord de la faillite— »

« Je vais me remettre sur pied, » interrompit John. « La saison des ouragans a été particulièrement mauvaise cette année. Ce sera mieux l’année prochaine. »

« — et vous demandez un prêt pour acheter… », continua le conseiller, tout en consultant le dossier ouvert sur sa tablette, « des robots cueilleurs de fraises, des drones de soins culturaux et… des nanodispositifs? »

« Ils fournissent la bonne quantité d’eau, de nutriments et de fertilisants. C’est ce qu’on appelle de l’agriculture de précision, » dit John.

« Je suis désolé, John, » s’excusa le conseiller en secouant la tête. Il était vrai que certains agriculteurs connaissaient du succès grâce à l’utilisation de ces robots qui pouvaient cueillir les fruits un à un. Les récoltes qui en résultaient étaient importantes, les cultures étaient biologiques et les clients adoraient l’idée. Toutefois, ce procédé n’avait jamais été encore essayé sur la côte Est.

« Bon, très bien », dit John, changeant de tactique. « Et si je me lançais dans les biocarburants? Ne parlons pas de maïs. Je parle des algues, des bioréacteurs! »

D’un mouvement brusque, le conseiller se retourna dans sa chaise pour faire face à la baie vitrée qui surplombait le port d’Halifax. Il tambourina des doigts les appuie-bras de son fauteuil. « Les bioréacteurs ont fait leurs preuves et peuvent rapporter plus que du simple éthanol. Pour une compagnie comme la vôtre, ce qu’il faut, c’est de trouver un bon créneau commercial.

« Vous devriez regarder du côté de la bioproduction d’enzymes pour le nettoyage en cas de déversement de pétrole. Je crois que je peux convaincre la banque de vous accorder un prêt pour les bioréacteurs. Les fichiers numériques sur les enzymes sont gratuits sur le site Web de Creative Commons et il y a un programme gouvernemental qui pourrait vous fournir des conseils sur les sciences et la technologie. Le programme comprend également quelques cours pratiques en ligne de microcompétences qui vous aideront à combler vos lacunes en ce qui concerne vos connaissances. »

Les deux hommes se serrèrent la main. John rayonnait à l’idée de cette pléiade de possibilités qui s’ouvrait devant lui.

Le changement rapide

Imaginez une vue de l’intérieur d’une maison, dans la salle de séjour. Un jeune homme qui porte des espadrilles, des shorts et un tee-shirt est agenouillé sur un canapé faisant face à un mur. D’une main, il pianote sur un petit écran tactile accroché au mur et de l’autre, il porte un sandwich à sa bouche. Devant lui, à sa droite, se trouvent des photos de famille et à sa gauche, une grande fenêtre laissant entrer beaucoup de lumière naturelle. De l’autre côté de la fenêtre, une voiture est stationnée dans l’allée. Munie d’une prise, la voiture est branchée à la maison au moyen d’une rallonge. Ferris venait tout juste de prendre une bouchée de son sandwich au beurre d’arachides dans la cuisine lorsqu’il regarda le panneau d’état de sa maison et faillit s’étouffer. L’indicateur de charge était à sa pleine capacité, ce qui n’était pas normal et ne pouvait signifier qu’une chose : il avait oublié de brancher sa voiture—encore une fois.

Ferris pensa qu’il pouvait attendre que son automobile se recharge pour s’excuser auprès de son père du retard—ils devaient se rendre en ville ensemble ce jour-là—ou qu’il pouvait y faire quelque chose maintenant. Pourquoi pas? Il avait déjà l’intention de mettre à jour le système d’exploitation de sa maison de toute façon. La mise à jour, qui devait inclure une option de recharge rapide, nécessitait habituellement la visite d’un technicien, mais Ferris pensa qu’il pouvait le faire lui-même. Il se pencha vers le petit écran mural.

Depuis qu’ils avaient fait refaire le toit entièrement avec des bardeaux solaires multispectres qui donnaient un rendement énergétique stupéfiant de 40 pour cent, la maison fournissait beaucoup d’énergie. Ferris avait regardé les couvreurs brancher le système à la batterie d’accumulateurs métal-air qui se trouvait à l’extérieur, près du climatiseur. Après l’installation, il avait été fasciné de voir le compteur d’énergie tourner à l’envers alors que la maison alimentait en électricité le réseau de la ville au lieu d’en puiser.

Quelques minutes plus tard, le système d’exploitation était installé. Comme promis, il y avait bel et bien une option de recharge rapide. Après avoir couru à l’extérieur pour brancher la voiture, il démarra le cycle de charge à l’écran. « Ah! », s’exclama-t-il, se sentant très fier de lui-même.

Une quinzaine de minutes plus tard, Ferris regardait par la fenêtre pour voir son père sortir d’un taxi et s’avancer en direction de la maison. À ce moment précis, un avis s’afficha sur l’écran mural l’informant que la pile de sa voiture était complètement rechargée.

Mode et destination s’il vous plaît

Imaginez l’intérieur d’une automobile innovante. De l’arrière, on voit le siège avant et le pare-brise. Une jeune mère, assise face à l’arrière dans le siège pivotant du conducteur, s’occupe de son bébé installé juste derrière elle. Le bébé est hors de vue, mais on voit bien le coin du siège pour enfant. Le tableau de bord, qui est muni d’un écran de navigation, indique un itinéraire. Dans le rétroviseur, on voit l’icône d’un téléphone liée à l’icône d’un hôpital. Il est clair que la mère a fixé l’hôpital comme destination et qu’elle est en communication avec celui-ci. En regardant à l’extérieur de la voiture, on voit d’autres voitures qui la précèdent et qui circulent sur l’autoroute. La voiture les suit en toute sécurité. De sa main libre, Monica appuie sur la manette qui sert à débrancher sa mini‑fourgonnette du poste de recharge. Affligée par la quinte de toux de sa fille Willow, Monica calme son bébé tout en le bouclant dans son siège d’auto intégré. Pendant qu’elle se dirige vers la place du conducteur, l’IA du véhicule lui demande : « Mode et destination s’il vous plaît. » Monica répond rapidement : « Autonomie complète, priorité : Hôpital pour enfants. » Après une pause, Monica entend : « Veuillez boucler votre ceinture et ranger les objets non fixés. La durée du trajet prévue est de 13 minutes selon l’état actuel des routes. Consultez les données sur le tableau de bord pour vérifier l’itinéraire. »

Pendant que la mini‑fourgonnette recule, Willow recommence à tousser. Monica dégage la manette située à la base du siège du conducteur afin de le faire pivoter de 180 degrés. Elle ouvre le manteau de Willow. Les joues rougies de la fillette  l’inquiètent. Elle compose le 911. « Mon bébé est malade, et je n’arrive pas à faire baisser sa fièvre. Elle semble avoir de la difficulté à respirer. »

« Selon ce que je vois à l’écran, vous êtes déjà en route pour l’Hôpital pour enfants. C’est bien ça? »

« Oui ». La fourgonnette est déjà en train de s’engager sur l’autoroute, s’insérant en douceur dans le flot de véhicules.

« Madame Clark, puisque vous êtes déjà en route et que votre véhicule a été confirmé prioritaire, je vais transférer votre appel au service de triage de l’Hôpital pour enfants. » Monica transmet les données biométriques requises par téléphone, ce qui accélère la procédure au service de triage.

Monica lève les yeux, et, pour la première fois, remarque que les autres voitures dégagent la route pour la laisser passer, puisque sa fourgonnette leur a communiqué la nature de son déplacement. Elle pousse un soupir de soulagement en apercevant l’hôpital.

À leur arrivée, un préposé aux soins passe la tête par la portière dès qu’elle s’ouvre. « Madame Clark? Mon nom est Marc. Allons voir le docteur avec Willow. » En débarquant du véhicule, Monica se retourne pour dire : « Stationnement et recharge. » Les portières se referment, et la fourgonnette se dirige vers un poste de recharge.

Mon casque à ICO

Imaginez le hall d’entrée d’un immeuble de bureaux. Très moderne, la pièce comprend des murs nus, un plancher de granite et une œuvre d’art moderne accrochée au plafond. L’image est celle d’un homme en complet qui met une main sur sa bouche alors qu’il tousse et l’autre sur un dispositif de lecture de la main. Le dispositif de lecture est situé sur le mur du hall d’entrée, à droite des portes vitrées qui ouvrent sur un couloir menant aux bureaux. Le dispositif de lecture affiche un X rouge. Les portes ne s’ouvrent pas. Il semble que le dispositif de lecture de la main refuse l’entrée à l’homme. Kumar fixait les mots à l’écran et hésitait, se demandant si ce programme de santé était vraiment bien différent des nombreux autres auxquels il était inscrit.

Il partageait déjà une grande quantité de renseignements personnels. Son bracelet intelligent, par exemple, recueillait sans relâche des tonnes de données biométriques qu’il transmettait à son médecin, son centre de conditionnement physique et ses sociétés affiliées. Bien que le processus soit parfois envahissant, il était en mesure de personnaliser la rétroaction désirée afin d’obtenir ce qu’il désirait vraiment : un sommeil, plus d’énergie et un suivi plus rigoureux de sa glycémie.

Le rapport biométrique quotidien que lui procurait le miroir de sa salle de bain rassemblait toutes les informations captées sur lui de façon qu’il puisse envisager différentes options de mode de vie et en apprendre des professionnels et d’autres intervenants de la communauté. Jusqu’à présent, ce système avait bien fonctionné pour lui.

Kumar se considérait comme assez moderne dans ses habitudes, mais son employeur l’était encore plus. Maintenant que sa période d’essai au travail était terminée, Kumar recevait ce jour-là son propre casque à interface cerveau-ordinateur (ICO) et s’était fait offrir l’option de s’inscrire au programme pilote de mieux-être de la compagnie.

Désormais, sa santé personnelle impliquerait de nouveaux acteurs : son employeur et son régime d’assurance médicaments, les subventionnaires du gouvernement et quelques entreprises. Plus de données seraient échangées et de nouvelles incitations lui seraient proposées dans l’intention de lui assurer une vie plus saine, selon les prétentions.

Ce n’est pas que sa compagnie ne surveillait pas déjà sa santé. Un jour, la porte de sécurité de son lieu de travail lui avait interdit l’accès parce qu’elle avait détecté des signes avant-coureurs de la grippe, et ce, avant même que l’idée ne lui vienne à l’esprit de passer un test d’haleine sur son tricordeur de la maison. S’il n’y avait qu’une seule voie vers une bonne santé, ce n’était sûrement pas aussi simple pour cet employeur. Ce qui était évident, cependant, c’est que ces gens fixaient des objectifs et vivaient bien en les atteignant.

Il voulait s’embarquer. Kumar cligna deux fois des yeux devant l’écran, puis leva sa main afin de toucher à l’icône « S’inscrire maintenant ». Clic.

Le Blue Jay à la rescousse

Imaginez la vue aérienne d’un drone robotique qui survole un parc la nuit. Il fait sombre dans le parc, un bosquet de grands arbres touffus. Le drone ressemble à un petit avion doté d’un projecteur puissant qui éclaire une femme qui se promène dans le parc. On aperçoit également l’ombre d’un homme à l’extérieur de l’image. L’homme a l’air suspect. Le drone semble se maintenir à portée de vue de la femme, assurant sa sécurité. Le ciel est en train de virer au gris à l’est quand Jasmine dévale l’escalier de son appartement pour se diriger ensuite vers la gauche, sans trop y réfléchir. Elle habite un quartier passablement délabré, un labyrinthe de maisons en rangée identiques traversé de ponts autoroutiers. Elle sait qu’elle va croiser bon nombre d’ivrognes titubants, dont certains sont dangereux. Jasmine décide donc d’activer le système Blue Jay de ses téléphones oculaires et d’ouvrir un calque de sécurité. Grâce à ses lunettes à réalité augmentée, elle voit le carrefour devant elle nimbé d’une lueur verte dans deux directions, alors qu’une rue présente une couleur orangée. Elle accélère un peu le pas, emprunte une des rues en vert, puis se remet à marcher sans se presser.

Plus loin sur cette rue marquée d’orange, une personne avait été jugée louche. Jasmine avait vu un Blue Jay solitaire—un petit drone se confondant avec la couleur du ciel—survoler l’intersection.

Au moyen d’outils comme l’analyse de la démarche, les drones Blue Jay peuvent repérer dans une foule nonchalante sur le quai d’une station de métro la personne qui songe à se jeter sur les rails. Ces appareils sont capables de faire la distinction entre un homme qui essaie de retrouver son véhicule dans un stationnement et un voleur de voiture potentiel. Ils ne possèdent pas de logiciel de reconnaissance faciale, mais ils peignent le paysage urbain de différentes couleurs afin que tous les utilisateurs des applications Blue Jay gratuites soient au fait de la situation locale en matière de sécurité. S’ils détectent un flagrant délit de cambriolage, les petits drones se regroupent dans la zone concernée pour photographier chaque seconde de l’événement, tout en piaillant et en alertant la police.

Une mise en garde s’affiche pour recommander à Jasmine d’éviter le secteur de la rue Seymour; un vol vient tout juste d’y être commis. Elle décide de bifurquer vers l’ouest. En traversant un parc, elle remarque un homme derrière elle. Lorsqu’elle accélère le pas, celui‑ci fait de même.

Tout en étouffant un juron, Jasmine touche la branche de ses lunettes. Quelques instants plus tard, deux Blue Jay fendent le ciel au‑dessus du parc et se mettent à voler autour de l’homme.

Il s’arrête et lève les yeux vers les Blue Jay. Il tourne alors les talons en s’éloignant d’un air penaud.

Jasmine peut poursuivre sa route, vraiment seule désormais, l’esprit serein dans l’air frais matinal.

Des briques et du mortier

Imaginez la perspective aérienne de l’intérieur d’une maison. On y voit une femme penchée au-dessus d’une imprimante 3D. Placée à la hauteur de ses épaules, l’imprimante 3D imprime un matériau pour un mur de la maison. Le couvercle transparent de l’imprimante 3D permet de voir clairement tous les mécanismes intérieurs. Une icône graphique gravée dans le verre représente une flèche dont l’intérieur porte la mention 3D. Derrière la femme, on voit les coins d’une commode et d’un lit. La femme est très intéressée par le fonctionnement de l’imprimante. En fait de tempêtes de verglas de fin de saison, celle-ci avait été particulièrement mauvaise. « C’est là que la glace s’est accumulée, » dit Paula, tout en désignant du doigt un endroit sur le toit où la bâche de plastique orange pendait au-dessus du mur, retenue par des briques. « Tout le coin s’est affaissé et le bardage s’est effondré! »

Le revêtement extérieur de la maison avait été bâti en briques; ce qui restait du mur endommagé était des solives dégarnies et de l’isolant en fibre de verre rose des années 70. « L’eau s’est mise à s’infiltrer—vous pouvez imaginer le dégât que cela a causé! On m’a dit que les réparations coûteraient trente mille dollars! Mais vous dites que vous pouvez faire votre truc d’impression pour combien? »

« Quinze mille », dit l’homme. Il hocha la tête en direction de la rue où reposait une machine jaune dégingandée à l’allure d’une grue. « Ça va prendre juste une journée. Mais il faudra enlever la bâche avant, bien entendu. »

« Oh, oui, ce serait parfait. Mais est-ce que ça aura l’air affreux? Je veux dire, comment allez-vous harmoniser les briques? »

« Nous n’utiliserons pas de briques. Nous imprimerons du béton directement dans l’ouverture et nous le texturerons de manière à donner une apparence de briques. La couche extérieure sera composée d’amalgames qui ressemblent à des briques, là où il est censé y en avoir, et de mortier disposé entre eux. » Il sortit une tablette et lança une petite vidéo. Les images montraient une maison semblable à la sienne, dont l’un des côtés avait complètement disparu, probablement en raison d’un tremblement de terre ou d’un désastre quelconque. Elle regarda la machine semblable à une grue s’installer à proximité et se mettre à faire de va-et-vient dans un sens et dans l’autre, disposant de minces couches de béton avec une précision parfaite. On aurait vraiment dit qu’elle construisait de réelles briques, mais tout en restant sur place.

« Nous allons retirer la toile avant d’envoyer un drone  faire un balayage laser pour harmoniser les formes, les couleurs, etc. Nous allons imprimer le matériau d’isolation, les fils et le câble coaxial directement dans le nouveau mur. Si vous avez toujours voulu une autre prise ou deux dans ce mur, c’est le moment de le dire. »

« Vraiment? » Paula était intriguée et le prix était certainement bon.

Habituellement, Paula s’éclipsait lorsque des entrepreneurs étaient dans les parages. Cela la rendait anxieuse de les voir détruire des matériaux. Elle jeta un coup d’œil à la remise de sa cour arrière où elle entreposait ses chaises de parterre durant hiver.

« Est-ce que je peux regarder? »

Poste de commandement de sauvetage

Imaginez la vue de dos d’un homme assis à un bureau. Le bureau est complètement dégagé et plat, on n’y trouve qu’une canette de boisson gazeuse et un écran tactile placé devant lui. L’écran tactile affiche une image à plus petite échelle de celle projetée devant lui. L’image, qui occupe tout le mur devant son bureau, est celle d’un feu de forêt, et on peut également voir deux bras robotiques sur le côté de l’image. Les bras robotiques déplacent les arbres dans la forêt en feu. L’homme contrôle les deux bras robotiques à l’aide de l’écran tactile et de son casque d’écoute. Il a un tatouage bien visible sur son bras gauche. Tom arriva au travail avec un sentiment de soulagement et de satisfaction. Sa crainte, après qu’un grave accident l’avait forcé à déménager de son ancienne ville afin de se rapprocher de son centre de réadaptation, était que l’époque où il pouvait travailler à la recherche et au sauvetage soit révolue.

Mais il était de retour au travail et, bien qu’il n’ait plus à exécuter une descente en rappel d’une falaise ou un saut d’hélicoptère, ses propres pensées contrôleraient le robot qui allait le faire.

Pour lui, c’était presque magique — faire ce qu’il adorait faire et sentir cette poussée d’adrénaline à nouveau et cette fierté qu’on avait d’accomplir une mission. « Ces choses que nous faisons, pour que d’autres vivent, » murmura-t-il à lui-même en lisant le tatou audacieux qui était sur son avant-bras.

Un signal audible et familier retentit, indiquant l’entrée de son prochain appel. Qu’est-ce que ce sera cette fois? Un plaisancier échoué? Un randonneur perdu et effrayé? Il était prêt à tout; il était rentré dans le jeu.

Alors que l’interface se positionnait sur sa tête, il répondit à l’appel. « Ici le poste de commandement de sauvetage… quelle est votre situation d’urgence? »

Enjeux de politiques

Les technologies émergentes pourraient être à l’origine de nouveaux enjeux de politiques au cours des 15 prochaines années

Qu’est-ce qu’un enjeu de politiques?

Un enjeu de politique est une question à laquelle les politiques ou les institutions existantes ne sont pas prêtes ni en mesure de faire face. L’identification, l’analyse, le débat et la clarification se rapportant à un enjeu nous aident à élaborer une stratégie renforcée ainsi que la politique permettant de le gérer. La prospective contribue à cerner les enjeux de politiques qui se font jour.

Les emplois temporaires deviennent la norme

En 2012, on estime que le nombre de Canadiens occupant un emploi temporaire – souvent à basse rémunération et doté de peu d’avantages – s’élevait à 13,6 % de la population active et augmente trois fois plus vite que les emplois traditionnels. Selon nos prévisions, au fur et à mesure que ces technologies évolueront, elles accroitront la productivité, mais elles pourraient entraîner une augmentation des emplois à temps partiel, des contrats à court terme, des microemplois (link is external)(anglais seulement) et du nombre de « travailleurs virtuels » étrangers (tel que décrit dans MetaScan 2). De nombreux observateurs ont décrit ces emplois comme étant précaires étant donné qu’ils n’offrent pas de sécurité d’emploi, de hauts revenus et de perfectionnement des compétences professionnelles. Comme les entreprises tentent de diminuer les coûts pour améliorer la compétitivité, le nombre d’emplois temporaires augmente. Devrions-nous trouver des moyens de rendre ces travailleurs plus productifs? Il est intéressant de constater que la classe créatrice à revenus élevés et les travailleurs temporaires à faibles revenus font face aux mêmes difficultés et ont des besoins similaires.

Le passage du Canada à une nation de travailleurs temporaires(link is external) (anglais seulement)

Un nouveau contrat social?

Le contrat social du siècle dernier reposait sur le principe que le gouvernement, les milieux d’affaires et les travailleurs actifs contribuent aux programmes de sécurité sociale. Un nombre croissant d’employés sous contrat à courte durée et de pigistes ne font pas partie du pacte actuel. Étant donné que le travail à la pige représente l’un des segments les plus évolutifs du marché du travail, le moment est sans doute venu d’explorer de nouvelles façons d’intégrer les pigistes au nouveau contrat social.

Le retour en force de la coopérativisation

Une stratégie pour renouveler le contrat social consisterait à soutenir le « mutualisme ». Le Freelancers Union (link is external)(anglais seulement) est le syndicat qui connait la croissance la plus rapide aux États Unis. Ses membres se regroupent pour créer des institutions à vocation sociale au service de leurs besoins mutuels. Entre autres choses, le syndicat offre à ses membres des services à prix abordable(link is external) (anglais seulement), notamment une assurance maladie. L’avènement du travail à la pige fait écho au mouvement coopératif du Canada, dont les principes directeurs sont les avantages mutuels et la gouvernance démocratique. À une époque de restriction 26 budgétaire, l’avènement de vastes programmes gouvernementaux est moins probable. Existe-t-il des politiques et des institutions auto-organisatrices qui pourraient aider les pigistes à venir à bout de la variabilité de revenu?

De nouveaux instruments de politique publique

Lors des dernières décennies, diverses propositions et expériences ont été mises en oeuvre pour essayer de satisfaire les besoins essentiels de la population. Celles-ci comprennent notamment le revenu de base (une allocation de revenu inconditionnelle servant à faire face aux besoins essentiels); le revenu minimum garanti (une aide supplémentaire servant à combler la différence entre le revenu réel et un montant garanti); l’impôt négatif; l’emploi garanti et d’autres mesures connexes. Le débat(link is external) (anglais seulement) continue. Le modèle de « flexicurité » du Danemark, qui combine la souplesse d’embauche et de licenciement avec un filet général de sécurité sociale, de même que d’autres politiques d’emploi, méritent une étude approfondie. Un aspect permanent qui sous-tend le débat est de savoir comment combler les besoins essentiels des personnes aux prises avec la transition économique tout en évitant les resquilleurs? L’IA et l’analyse de données applicables à un nouveau système adaptable de transfert de paiement pourraient aider à faire la distinction entre les resquilleurs, les travailleurs virtuels et les personnes qui acquièrent de nouvelles compétences. Ce système pourrait réduire la taille de la bureaucratie, les lourdeurs administratives ainsi que les dépenses pour les trois ordres de gouvernement tout en diminuant, le cas échéant, d’autres coûts indirects (tels que la pauvreté infantile, les problèmes de santé liés au stress et l’incapacité d’acquérir de nouvelles compétences).

Le modèle de flexicurité(link is external) (anglais seulement)

Moins d’emplois, moins de contribuables.

À mesure que les nouvelles technologies remplaceront les employés, le gouvernement aura de plus en plus de mal à redistribuer la richesse, du fait du tarissement de la source traditionnelle des paiements de transfert consécutif à la baisse du nombre de contribuables.

De nouveaux modèles d’inégalité

Les nouvelles technologies pourraient chambouler le consensus sur l’équité et l’égalité du traitement des citoyens. Les technologies peuvent donner de meilleures chances à certains, mais créer des barrières pour d’autres. Les questions de politique publique doivent tenir compte du moment opportun, de l’efficacité et du coût abordable.

Inégalité des revenus

La mondialisation et les progrès technologiques ont permis la montée en puissance de ploutocrates, dont des magnats de la technologie, des banquiers, des chefs et des écrivains élevés au rang de grandes vedettes, tout en amenuisant les possibilités pour la classe moyenne, selon Chrystia Freeland (2013). Les nouvelles technologies peuvent influer sur la répartition des revenus. Les économistes débattent de la question de savoir si la répartition des revenus forme un sablier ou une pyramide, mais dans un cas comme dans l’autre, l’écart entre riches et pauvres risque de s’agrandir, et les personnes sans qualification professionnelle en souffriront.

L’âge de la ploutocratie mondiale(link is external) (anglais seulement)

Accès inégal

Les technologies que nous adoptons peuvent, selon le cas, diminuer ou creuser le fossé de l’équité, en particulier dans le domaine de la santé. Certains blessés et handicapés bénéficieront de progrès dans des domaines comme l’ingénierie tissulaire, mais les coûts élevés de mise au point et d’application de ces traitements pourraient en limiter l’accès. À mesure que s’accroît notre compréhension du génome humain, il sera de plus en plus complexe de distinguer les améliorations nécessaires des améliorations optionnelles. L’information génétique mènera-t-elle à de nouvelles formes de discrimination? Dans un monde de médecine personnalisée, quels services de santé seront garantis?

L’accroissement de la stratification sociale

Certaines des nouvelles technologies favoriseraient la stratification sociale. Les technologies émergentes de neurostimulation et la sélection génétique donneront des capacités cognitives supérieures à ceux qui peuvent se les offrir. L’accès à de puissantes IA et à des superordinateurs procurera des avantages décisifs sur les marchés financiers, et de nouveaux moyens de conserver les privilèges acquis, sous forme de capteurs. Une telle évolution pourrait mener à une plus grande stratification des individus et des groupes, non seulement en matière de richesse, mais aussi en ce qui touche à la nature d’un être humain.

La fin de la confidentialité

Les systèmes de collecte, d’utilisation et d’interprétation de données deviendront plus abordables, plus perfectionnés et plus rapides au cours des 15 prochaines années. Les progrès dans la localisation par détection donnent une idée de cette tendance. Google a récemment annoncé son but de développer, d’ici 2015, des téléphones intelligents capables d’une précision de localisation de 10 centimètres, avec une résolution suffisante pour détecter vos mouvements lorsque vous vous levez de votre bureau, répondez à un appel ou embrassez votre partenaire. D’ici 2028, un appareil aux capacités similaires à celle d’un téléphone intelligent actuel coûterait aussi peu que deux dollars à produire. À un tel prix, la détection sera presque omniprésente. La plupart des gens porteront un ou plusieurs outils capables de mesurer les bruits ambiants et la qualité de l’air et de déterminer le lieu. Les développeurs et les fournisseurs de services seront toujours à l’affût pour comprendre ce qui nous arrive, ce qui nous entoure, et où nous nous trouvons, ce qui améliora les capacités des applications qui nous aideront dans notre vie quotidienne. L’identité de chacun deviendra de plus en plus facile à connaître. Aujourd’hui déjà, des puces électroniques retiennent notre identité et l’historique de nos achats; à l’avenir, la reconnaissance faciale et la reconnaissance de la démarche et des gestes aideront à identifier même les gens qui ne diffusent pas leur présence. Nos règles et nos normes actuelles de confidentialité sauront-elles survivre à la détection améliorée? La confidentialité est-elle le droit à la tranquillité, ou le droit d’empêcher les autres d’en apprendre sur soi?

Sommes-nous prêts pour la surveillance mutuelle?

Dans The Transparent Society, David Brin avance qu’en plus de la surveillance (la minorité qui surveille la majorité), le progrès technologique pourrait mener à un modèle pair-à-pair du nom de sousveillance (la majorité qui surveille une minorité). Une conséquence probable est qu’il sera de plus en plus difficile et coûteux de garder des activités ou des lieux secrets ou privés. Sommes-nous prêts à une telle révolution de l’ouverture?

Confidentialité individuelle contre bien commun

Les conséquences négatives des changements entourant la vie privée sont accompagnées de grands avantages potentiels. Imaginons que votre état de santé, votre biométrie ou vos niveaux de protéine soient partagés anonymement lors de chacune de vos visites chez le docteur. En combinant ces données avec les informations génétiques des patients, les chercheurs pourraient constituer un ensemble de données énorme et très précis dont l’étude pourrait aider à comprendre les tendances des maladies bactériennes et virales, la progression des maladies chroniques, les vulnérabilités génétiques, et l’efficacité d’interventions précises. Les avantages pour le système de santé seraient inestimables. Des avantages similaires seraient aussi possibles dans d’autres domaines. Comment peut-on structurer l’équilibre entre confidentialité et bien public à l’ère imminente des mégadonnées personnelles?

Une infrastructure en transition

L’infrastructure prend de nombreuses formes, entre autres le transport, les bâtiments, les services et la technologie des communications. Il est très probable que des infrastructures de toutes sortes soient influencées par les technologies de la présente étude prospective.

La croisée des chemins

Le défi le plus important sera peut-être de décider s’il faut entretenir et mettre à jour l’infrastructure actuelle, ou au contraire, faire un grand bond en avant et investir dans une infrastructure toute neuve basée sur les nouvelles technologies. La technologie actuelle prend de l’âge, et le simple maintien du statu quo demande un investissement considérable; en bondissant vers l’avant, il serait possible de réduire les coûts, d’améliorer grandement les services et de bâtir un avantage concurrentiel.

Qui tient la caisse, qui paie?

La tendance actuelle à la décentralisation et à l’établissement de réseaux complique les questions d’horizon d’investissement, de financement, et de rendement du capital investi. Auparavant, les services publics et les gouvernements, dans le cadre de leur engagement à créer de la valeur publique, offraient des services d’infrastructure et les finançaient par les impôts et les redevances à l’utilisation des citoyens. Dans un avenir où la décentralisation domine (p. ex. dans le domaine de l’énergie), quelles politiques devront voir le jour pour appuyer l’évolution de nouveaux modèles de gestion des infrastructures?

La durée de vie n’est plus aussi longue

Par le passé, beaucoup d’investissements dans l’infrastructure étaient censés durer des décennies, voire davantage. À mesure que les technologies évoluent, des initiatives qui soutiennent des approches échelonnées ou modulaires deviendront nécessaires pour mettre à niveau rapidement ou remplacer l’infrastructure vieillissante ou répondre aux exigences du public en matière de rendement, d’efficacité et de sécurité. La quête incessante de meilleures solutions en matière d’infrastructure, combinée au progrès scientifique vers des options plus efficaces et plus sûres, pourraient réduire l’horizon de certains investissements.

Innover, démontrer, tester

Cette période de transition offrira de nombreuses possibilités d’expérimenter des approches diverses. Il arrive souvent que des institutions, des politiques ou des réglementations, et même des intérêts particuliers, fassent obstacle à l’innovation. Encourager l’expérimentation permettra de surmonter ces obstacles. On peut s’inspirer du mouvement des sources ouvertes pour trouver des moyens de faire fonctionner en système des innovations variées.

L’avantage concurrentiel se transforme

Avec les technologies émergentes, il sera plus difficile d’obtenir et de conserver l’avantage concurrentiel dans la production de certains biens et services. La « bioproduction », par l’entremise de la biologie synthétique, rendra la production de certains types de biens plus facile et plus abordable. Ces technologies sont le potentiel de favoriser l’autosuffisance des pays en certains aliments, carburants et matériaux. Les nanomatériaux et les nanodispositifs avancés exigeront probablement une main-d’oeuvre plus instruite et une production plus complexe, ce qui restreindra le nombre de concurrents qui utilisent ces technologies.

Un secteur des ressources plus équitable

Le Canada exporte beaucoup de ressources naturelles. Devra-t-on revoir notre stratégie dans les dix ou vingt années à venir? Certains de nos clients auront recours à la biologie synthétique pour produire leurs propres carburants, leurs propres matières premières et leurs propres produits primaires. Il sera peut-être possible de remonter la chaîne d’approvisionnement et d’utiliser la biologie synthétique pour prétraiter les ressources naturelles, là où nous avons un avantage concurrentiel.

La gouvernance comme marque de commerce

Dans un monde où la production par biologie synthétique ou impression 3D peut se faire dans des endroits plus variés, et où les courses à la technologie peuvent rapidement changer de direction, il pourrait s’avérer avantageux d’apposer des certifications de sécurité, de conception et de valeur ajoutée aux produits canadiens qui utilisent ces nouvelles technologies. Les organismes gouvernementaux, commerciaux, scientifiques et non gouvernementaux devront collaborer de manières inédites pour assurer des formes de production sécuritaires et responsables qui aideront le Canada à conserver une position concurrentielle.

Renforcer le système de gestion du risque

La gestion du risque est une approche qui permet aux gouvernements d’évaluer et de mettre en oeuvre des politiques, des réglementations et des processus, voire des produits et des services dans certains cas, en vue de veiller au respect des normes de sécurité publique. Les approches actuelles de gestion du risque dépassent rarement le court et le moyen terme et ne portent généralement que sur les conséquences de premier et de second ordre. Or, la prospective permet de considérer systématiquement les avenirs plausibles, ce qui aide à déceler les risques inattendus et de gagner du temps face aux défis futurs. Avec la prolifération des nouvelles technologies augmente la possibilité de conséquences imprévues; la population comptera sur les gouvernements pour les aider à se situer dans un environnement en constante évolution. Cela pose divers défis possibles.

Institutionnalisation du risque

Par l’entremise d’instruments législatifs et des politiques, dont les évaluations et les régimes d’assurance, les gouvernements ont traditionnellement joué un rôle actif dans l’analyse et la gestion du risque. Les nouvelles technologies évoluent rapidement, et les modèles actuels d’évaluation et de réduction du risque seraient incapables de suivre. Que devrait essentiellement offrir le gouvernement en matière de gestion du risque? Quelle responsabilité auront les producteurs et les consommateurs pour connaître et gérer leurs propres risques? Le besoin de tout évaluer augmentera-t-il les coûts?

Créer une culture scientifique et technologique

Les expériences passées avec les aliments génétiquement modifiés et autres technologies émergentes ont démontré que l’adoption de nouvelles technologies peut comporter des dimensions sociales, politiques et émotionnelles imprévues. Au fil de l’évolution des nouvelles technologies, comment donnera-t-on aux décideurs et au public le niveau minimal de culture technologique pour comprendre les risques et les avantages?

Le risque transcende les frontières

L’expérience démontre que les conséquences potentielles de la technologie ne s’arrêtent pas toujours aux frontières nationales. Des protocoles mondiaux ont été nécessaires pour contrer les graves effets transnationaux des substances et des pesticides chimiques qui menaçaient la couche d’ozone. Les nouvelles technologies peuvent toujours apporter des défis de la sorte. Une surabondance de mesures nationales mal coordonnées face au risque potentiel pourrait-elle augmenter le risque de conséquences mondiales? Les mécanismes nationaux et internationaux actuels suffisent-ils à prévoir, à évaluer et à gérer de tels risques? Nous dirigeons-nous vers l’établissement d’un organisme international qui imposera des normes à tous les pays?

La réglementation des scientifique et technologique en évolution rapide

Le train du progrès scientifique et technologique ira probablement croissant, et la science et la technologie joueront sans doute un rôle de plus en plus important dans notre économie et notre vie. La sécurité des produits, la confiance du public et l’avantage concurrentiel dépendront de systèmes de testage et de réglementation efficaces et prompts.

Gérer les exceptions

Les technologies émergentes créeront nombre de produits révolutionnaires, non couverts par les catégories et les pratiques de réglementation actuelles. Par exemple, la neurostimulation offerte directement au consommateur devrait-elle être réglementée à titre de dispositif médical, de substance, ou de produit de consommation? Peut-on créer un système sûr avec lequel on peut réviser les réglementations suffisamment rapidement pour faire face à des substances et des produits nouveaux et inattendus?

Renforcer la capacité scientifique

Nous devons tenter de prévoir la direction que prendront la science et la technologie et nous assurer d’avoir les compétences appropriées et des méthodes d’essai novatrices. Une situation complexe qui pourrait demander notre attention est l’apparition de l’amateur doué, dans les domaines comme la biologie synthétique et l’impression 3D. Bien qu’il faille soutenir l’innovation, on pourrait requérir de nouvelles manières de surveiller ou d’informer les amateurs pour traiter les problèmes avant qu’ils ne quittent le laboratoire personnel.

L’institution de régimes de propriété intellectuelle (PI) par les gouvernements nationaux est censée créer des incitatifs économiques à la recherche et au développement qui, avec le temps, pourraient améliorer le bien-être de la société. Les nouvelles technologies peuvent contribuer à régler des problèmes mondiaux dans des domaines tels que les soins de santé, l’énergie et la sécurité. Or, des régimes de PI rigides et non uniformes d’un pays à l’autre permettraient à des détenteurs de PI d’entraver l’innovation, de limiter le rythme du développement, d’empêcher l’entrée de nouveaux arrivants et même de menacer les relations internationales.

Source ouverte contre protection conférée par un brevet

La collaboration en source ouverte semble appropriée et efficace lors des premières étapes du développement des nouvelles technologies. Linux, Firefox et Android comptent parmi les remarquables succès des dix dernières années dans les sources ouvertes. Le modèle est également en voie d’adoption dans le secteur des nouvelles technologies décrites ici, dont le service de prototypage d’impression 3D de FabLab et les « BrioBricks » à source ouverte dans le domaine de la biologie synthétique. De telles approches ont pour but de soutenir la recherche ouverte et éthique pour favoriser l’amélioration cumulative et soutenir des résultats qui pourraient profiter aux gens et à la planète. Cependant, elles divergent de la stratégie d’affaires traditionnelle consistant à dépendre de portefeuilles de brevets pour assurer la rentabilité des entreprises. D’un côté, il reste des incertitudes relatives à la façon de tirer des profits stables de la technologie à source ouverte. D’un autre côté, une forte protection de la propriété intellectuelle est perçue comme une entrave à l’innovation et un facteur de hausse du coût de la technologie dans le secteur de la haute technologie. Où se trouve l’équilibre entre la protection de la propriété intellectuelle et la promotion d’un progrès et d’une collaboration plus rapides? Qui investira dans la recherche et le développement de produits importants qui pourraient ne pas bénéficier de la protection d’un brevet ni être commercialisés au sens traditionnel? Que devronsnous savoir pour mieux comprendre les incitatifs à l’arrivée de nouveaux venus dans un environnement à source ouverte? Quel rôle jouent les investisseurs individuels, les marchés financiers et les gouvernements dans un régime de PI pour les sources ouvertes? Certaines phases du développement de nouvelles technologies ou d’écosystèmes d’innovation requièrent-elles des régimes de PI différents?

L’application des droits de PI en cause

Avec ou sans un régime de PI clair et strictement imposé, le piratage demeurera un facteur. Les technologies émergentes seront elles-mêmes piratées et faciliteront le piratage. Par exemple, les scanneurs 3D traduisent des produits tangibles en données, lesquels peuvent être imprimés en 3D ou modifiés. Étant donné les progrès dans la science des matériaux, il deviendrait possible de dupliquer une large gamme de biens chez soi, ce qui favoriserait la contrefaçon et toucherait l’industrie de la fabrication. Comment des industries diverses réagiront-elles à la perte du contrôle unilatéral qui accompagne les technologies de duplication? Quel doit être le rôle des gouvernements nationaux pour protéger la PI? Criminaliser la violation de la PI est-elle la seule approche?

Explorer de nouvelles approches à la productivité et à l’innovation

Les technologies émergentes décrites dans la présente étude témoignent du rôle moteur de l’innovation dans l’économie. Le capital humain, les politiques gouvernementales, les acteurs sociétaux de tous les secteurs et l’infrastructure physique sont des éléments majeurs d’un système d’innovation. Comment peut-on remodeler des systèmes sociétaux en vue de maximiser l’innovation?

Mesure de la productivité dans une économie numérique

L’une des surprises majeures de l’ère numérique a été le grand pouvoir amplificateur de la technologie sur la productivité; avec les améliorations prévues en intelligence artificielle et en robotique, cet effet multiplicateur ira en s’accentuant. De nouvelles mesures aideraient à faire la part des gains de productivité dus aux facteurs technologiques et de ceux dus aux facteurs individuels, de même que de leur interaction. Des mesures de productivité qui nous aident à comprendre les compétences requises dans une économie axée sur l’innovation nous permettront de développer ces compétences.

Traits de comportement qui favorisent l’innovation et la productivité

  • Esprit inquisiteur
  • Prendre des risques
  • Ouverture à la critique
  • Curiosité
  • Exploration
  • Créativité et jeu
  • Désir de résoudre des problèmes
  • Proactivité
  • Autonomie personnelle et initiative
  • Persévérance
  • Orientation à long terme et capacité à remettre sa satisfaction à plus tard

Source: Characteristics & Behaviours of Innovative People in Organizations. Patterson et al.

Approches de l’innovation au niveau individuel

La recherche sur l’innovation démontre que ce qui rend une personne innovatrice, c’est la conjonction de connaissances acquises et de traits de caractère individuels, au sens large, tels que la capacité cognitive, la personnalité, le comportement, la motivation et l’émotion. Il est possible d’intervenir pour développer certains de ces traits (voir boîte de texte à la page précédente), contrairement à d’autres. Pouvons-nous favoriser le potentiel d’innovation au Canada grâce à des interventions systématiques pour encourager ces traits? Par exemple, on gagnerait à inculquer des compétences orientées vers l’innovation, comme la résolution de problèmes en alternant entre des phases de « génération » et d’« exploration », la cartographie de systèmes, l’autoévaluation constructive, et de l’expérience avec des outils favorisant l’innovation.

Approches à l’innovation au niveau des entreprises

Les environnements qui systématisent les activités créatrices et favorisent le goût du risque et l’expérimentation sont des foyers d’innovation. Une structure organisationnelle décentralisée, une vision et une culture partagées et des meneurs et des gestionnaires flexibles et positifs contribuent tous au potentiel d’innovation du personnel. Apprendre aux leaders à favoriser l’innovation et à établir des environnements de création coopérative augmenterait grandement les effets des contributions au niveau individuel. Une entreprise innovatrice se doit de devenir intrinsèquement mondiale et de mettre de l’avant l’embauche et d’éviter le départ des employés innovateurs. De quelles stratégies avons-nous besoin pour soutenir l’innovation à tous les niveaux de la société?

Hypothèses crédibles

Comment utilise-t-on les hypothèses?

Le processus d’Horizons s’intéresse à deux types d’hypothèse. Au début du processus, on tente de déterminer quelles « hypothèses actuelles » sous-tendent les politiques et le dialogue actuels. À la fin du processus, on compare ces hypothèses aux résultats de l’étude pour établir des « hypothèses crédibles » qui paraissent solidement fondées pour une large gamme d’avenirs possibles. Les hypothèses retenues par le test peuvent servir à éclairer la recherche, la prise de décisions et l’élaboration de politiques et de programmes tournés vers l’avenir.

Hypothèses courantes en 2013 Hypothèses crédibles à l’avenir
Les progrès technologiques sont perturbateurs. Nous nous adapterons lorsque les choses se seront stabilisées. Nous traversons une période de transition. Le changement apporté par la technologie s’accélérera avec l’interaction des technologies décrites dans cette étude.

Les gens et les institutions sous-estiment le train du changement et ne s’y préparent donc pas adéquatement.

La plupart des changements technologiques sont des progrès graduels dans les technologie de l’information et les communications. La fabrication, les services et les ressources naturelles seront tous touchés par les nouvelles technologies.

La révolution numérique (intelligence artificielle (IA), capteurs, analyse de données) est très avancée et influe à présent sur tous les secteurs de l’économie. Les domaines de la biotechnologie, de la nanotechnologie et de l’énergie devraient avoir d’énormes répercussions d’ici 5 à 15 ans. De même, les technologies de la neuroscience pourraient amener de grandes surprises lors de la même période.

Le redressement de l’économie apportera plus d’emplois à temps plein, bien payés et ouvrant droit à pension. Les nouvelles technologies permettront de produire plus avec moins d’employés. Les emplois atypiques et le travail sur des projets deviendront probablement plus communs, mais ne seront pas nécessairement précaires.

Poussée par la technologie, la logique du marché crée une classe de travailleurs contractuels à temps partiel qui ne profitent pas d’avantages sociaux. Ils sont essentiels au fonctionnement d’une économie compétitive fondée sur les projets. La créativité sera de mise pour encourager l’innovation, reconnaître leur contribution et partager les risques. Il existe plusieurs options pour créer un nouveau contrat social.

Le Canada est un lieu attrayant pour les travailleurs qualifiés. Il faudra de la vision et de la coopération à tous les niveaux du gouvernement pour attirer, retenir et former des travailleurs qualifiés, en particulier la « classe créative ».

La classe créative et les employés de projets sont des moteurs de l’économie émergente et des groupes d’emploi qui possède un potentiel de croissance. Leurs besoins sont similaires. Une manière de les attirer, de les retenir et de les habiliter semble être de coopérer d’un gouvernement à l’autre pour faire des villes des foyers d’innovation, établir des soins de santé, un système d’éducation et une infrastructure dernier cri, et élaborer des politiques favorables.

Il faut des milliards de dollars pour réparer et entretenir les infrastructures vieillissantes, et les agrandir fait grimper encore davantage la facture. Les nouvelles technologies peuvent offrir des possibilités de passer directement à la génération suivante d’infrastructure et de réaliser des économies à long terme.

Dans des secteurs comme les transports, l’énergie et les soins de santé, explorer systématiquement et proactivement le plein potentiel des nouvelles technologies pourrait permettre d’éviter d’investir dans des infrastructures à la fois coûteuses et bientôt désuètes, tout en améliorant les services à un coût moindre. Les pays qui passent directement de l’ancienne à la nouvelle génération d’infrastructure peuvent y avoir un avantage concurrentiel.

L’économie nationale est importante. Un solide cadre de politiques (politique budgétaire et monétaire responsable, promotion de la productivité, de l’investissement et du commerce) est un outil clé pour naviguer dans une économie mondiale turbulente. L’économie mondiale est de plus en plus réseautée, intégrée et interdépendante. Il faut moderniser notre trousse d’outils stratégiques et nos institutions.

La coopération internationale est nécessaire pour gérer une économie réseautée à l’échelle mondiale, de nouveaux défis relatifs à la sécurité, aux infrastructures et aux réglementations, des travailleurs virtuels mobiles et la réinvention des programmes de soins de santé et de soutien du revenu. Les instruments nationaux traditionnels seront inefficaces face aux systèmes mondiaux qui font surface. Certaines politiques nationales pourraient entraver la croissance si elles ne s’harmonisent pas avec les économies développées et émergentes majeures. Or, la coopération internationale qui implique d’harmoniser les intérêts et de partager la souveraineté est connue pour être difficile. Moderniser le cadre des politiques sera probablement un exercice graduel et expérimental, qui se fera possiblement en dehors des institutions internationales actuelles.

Les régimes de propriété intellectuelle (PI) et de recherche et développement actuels favorisent un développement efficace. Chaque stade du développement d’une nouvelle technologie peut bénéficier d’un écosystème mondial en évolution qui permet des échanges d’informations, du développement coopératif, des incitatifs, de la surveillance et de la protection de la PI et qui veille à l’équilibre entre bien public et intérêts privés. À l’heure actuelle, les entreprises s’affrontent en cour et on perçoit le bien public à long terme comme étant représenté par l’orientation des marchés. Les nouvelles technologies d’aujourd’hui se développeront pendant des décennies. Permettre à des entreprises privées de restreindre ou de contrôler de grandes parties de cette évolution à leur propre avantage dès la naissance d’une nouvelle technologie n’est peut-être pas dans notre intérêt à long terme. Dans de nombreux domaines, la meilleure protection contre le piratage consiste à donner aux gens ce qu’ils veulent, et ce, à un prix abordable.

Consultations et entrevues

Biotechnologie

  • Aled Edwards, Structural Genomics Consortium
  • Andrea Johnston, Agriculture et Agroalimentaire Canada
  • Andrew Casey, BIOTECanada
  • Andy Atkinson, Santé Canada
  • Anne-Christine Bonfils, Conseil national de recherches Canada
  • Brian Colton, Agence canadienne d’inspection des aliments
  • Burton Blais, Agence canadienne d’inspection des aliments
  • Christine Tibelius, Agriculture et Agroalimentaire Canada
  • Colin Hoult, Forces canadiennes
  • Colin McGowan, Pêches et Océans Canada
  • David Wilkinson, Agence de la santé publique du Canada
  • Drew Endy, MIT
  • Frank McDonald, Agriculture et Agroalimentaire Canada
  • Gary Van Domselaar, Agence de la santé publique du Canada
  • Giuliano Tolusso, Agriculture et Agroalimentaire Canada;
  • Jan Trumble Waddell, Agence de la santé publique du Canada
  • Jim Louter, Environnement Canada
  • Joanne DeFranco, Exportation et développement Canada
  • Joseph Rios, Exportation et développement Canada
  • Klaus Ammann, University of Bern
  • Mark Schaan, Industrie Canada
  • Matthew Brougham, Agence canadienne des médicaments et des technologies de la santé
  • Nicholas Doucette, Agriculture et Agroalimentaire Canada
  • Nicholas Doucette, Agriculture et Agroalimentaire Canada
  • Scott McNaughton, Santé Canada
  • Simone Petriw, Agence canadienne d’inspection des aliments
  • Titus Tao, Santé Canada
  • Vardit Ravitsky, Université de Montréal
  • Vicki Fleury, Agence canadienne d’inspection des aliments
  • Satyamoorthy Kabilan, Le Conference Board du Canada

Neuroscience, Intelligence artificielle et Robotique

  • Adrian Owen, University of Western Ontario
  • Alan Mackworth, University of British Columbia
  • Alex Mihailidis, University of Toronto
  • Andres Lozano, University of Toronto
  • Anthony Phillips, Instituts de recherche en santé du Canada
  • Antoine Hakim, Université d’Ottawa (Institut de recherche sur le cerveau et le psychisme)
  • Ashod Donikian, Navisens Pty Limited
  • Chris Eliasmith, University of Waterloo
  • Clifford Nass, Stanford University
  • Colin Cherry, Conseil national de recherches Canada
  • Emil Petriu, Université d’Ottawa
  • Eric Racine, Université McGill
  • Erick Dupuis, Agence spatiale canadienne
  • Erik Vatikiotis-Bateson, University of British Columbia
  • Gary Birch, Neil Squire Society
  • Goldie Nejat, University of Toronto
  • Isabelle Blanchette, Université du Québec à Trois Rivières
  • James Danckert, University of Waterloo
  • Jean Gotman, Université McGill
  • Jeff Daskalakis, Centre de toxicomanie et de santé mentale
  • Jennifer Chandler, Université d’Ottawa
  • Jesse Hoey, Univerity of Waterloo
  • John Verdon, Centre de Recherche et développement pour la défense
  • Jon Stoessl, University of British Columbia
  • Jon Wolpaw, Wadsworth Center, NY State Department of Health
  • Karim Nader, Université McGill
  • Mary Boreskie, Industrie Canada
  • Matthew Lovett-Barron, Columbia University
  • Peter Danielson, University of British Columbia
  • Peter Suma, University of Waterloo
  • Ravi Menon, Robarts Research
  • Vincent Clark, University of California
  • William Graf, Yale University

Nanotechnologie et énergie

  • Andrew Atkinson, Santé Canada
  • Arthur Carty, Nano Ontario
  • Brad Feasey, Industrie Canada
  • Brian Colton, Agence canadienne d’inspection des aliments
  • Brian Haydon, Agence spatiale canadienne
  • Chris Kingston, Conseil national de recherches Canada
  • Clayton Teague, ex-directeur du NNCO
  • Clive Willis, CWIC Inc.
  • David Curtis, Hydro One
  • Dolores Martinez, NanoQuébec
  • Frank McDonald, Agriculture et Agroalimentaire Canada
  • Geoffrey Sunahara, Conseil national de recherches Canada
  • Gitanjali Adlakha-Hutcheo, Conseil de la Recherche et du développement pour la défense
  • Jason Lo, Ressources naturelles Canada
  • Kim Ryel, Affaires étrangères, Commerce et Développement Canada
  • Marie D’Iorio, Conseil national de recherches Canada
  • Matthew Shacker, Ressources naturelles Canada
  • Mihail Roco, U.S. National Science Foundation
  • Nicholas Doucette, Agriculture et Agroalimentaire Canada
  • Nicole Buckley, Agence spatiale canadienne
  • Nicole Davidson, Environnement Canada
  • Pekka Sinervo, Institut canadien de recherches avancées
  • Peter Grütter, Université McGill
  • Robert Crawhall, expert-conseil
  • Robert Pohanka, U.S. National Nanotechnology Coordination Office (NNCO)
  • Sabin Boily, École de Technologie Supérieure
  • Saeed Khan, Industrie Canada
  • Thomas Davis, Agence spatiale canadienne
  • Thomas Ducellier, Conseil national de recherches Canada
  • Tim Karlsson, Industrie Canada
  • Vanessa Clive, Industrie Canada
  • Warren Chan, University of Toronto
  • Yasir Sultan, Environnement Canada

Annexe 1: Scénarios

À quoi pourrait ressembler l’avenir?

Les scénarios suivants ne sont pas des tentatives de prédire l’avenir. Leur objectif est plutôt d’envisager comment l’avenir pourrait se présenter et d’aider les décideurs à comprendre les conséquences potentielles à long terme de plusieurs hypothèses de planification. Ils nous permettent d’évaluer des démarches stratégiques actuelles et proposées en fonction d’une série d’avenirs possibles, et ainsi d’éviter les surprises.

Bien que l’on ne puisse deviner quel scénario se concrétisera, ces scénarios soutiennent tous le développement d’une meilleure compréhension de l’avenir. Dans le cadre de cette étude, on a élaboré quatre scénarios analytiques qui examinent l’environnement économique, social et de gouvernance dans le contexte des technologies en évolution rapide qu’explore l’étude.

Naviguer près de la côte

Le milieu des affaires, le gouvernement et le public sont prudents face à la nouvelle technologie

La prudence est monnaie courante dans l’adoption des nouvelles technologies, ainsi que dans les investissements et les politiques connexes. Certaines technologies, dont la biologie synthétique et l’imprimerie 3D, ont commencé à transformer les secteurs de la fabrication, de l’agriculture et des ressources naturelles. L’intelligence artificielle est en voie de révolutionner le secteur des services. Mais les gouvernements, les entreprises et les particuliers sont lents à adopter ces technologies, car ils s’inquiètent de la rentabilité à long terme, du milieu de la réglementation incertain, et des conséquences potentielles de la technologie sur l’environnement, la confidentialité, etc. La situation se complique par un manque de coordination entre les ordres de gouvernement pour encourager l’innovation technologique, tirer profit des possibilités mondiales et mettre à jour les approches de gestion du risque de manière à favoriser la réglementation efficace des produits et des processus. Le Canada connaît donc une croissance économique lente, contrairement aux nouvelles superpuissances économiques émergentes de l’Asie. Dans les pays d’Asie, le soutien aux nouvelles technologies, les investissements et la culture scientifique et technologique sont élevés et vont croissant. Les travailleurs canadiens dotés des bonnes compétences sont en forte demande, mais l’adoption de certaines de ces technologies déplace les travailleurs moins qualifiés. Les travailleurs qualifiés sont aussi sous pression, car le travail virtuel et la concurrence mondiale font baisser les salaires. Ces facteurs ralentissent l’immigration, et nombre de travailleurs qualifiés quittent le Canada ou font du travail virtuel pour des entreprises étrangères. Pour régler ce problème, les politiques encouragent surtout les gens à continuer à perfectionner leurs compétences, mais les Canadiens s’inquiètent de l’expansion du travail précaire. Le Canada doit entretenir une infrastructure publique vieillissante, et ses revenus publics stagnent ou diminuent. Par conséquent, on manque parfois des occasions de tirer profit des nouvelles technologies ou infrastructures pour améliorer la situation publique.

Retour vers le futur : Manchettes tirées d’un journal de 2028

« Le Canada participe à l’essor mondial des terres rares en envoyant des robots autonomes dans les opérations minières sur l’île de Baffin »

« La candidature de Calgary à titre d’hôte du centre d’excellence des grands laboratoires de biosynthèse est rejetée au profit de l’Indonésie – la ville blâme d’autres niveaux de gouvernement et les activistes de la communauté pour la perte d’emplois et de croissance »

Se laisser porter par le vent

Le milieu des affaires prend les devants, le gouvernement le soutient, le public s’inquiète

Le rythme du changement technologique et de l’adoption de la technologie est fixé surtout par le milieu des affaires dans un environnement de gouvernance de soutien. La croissance économique est stable, mais pas la richesse personnelle, alors que l’emploi stagne ou diminue. La technologie s’implante rapidement. L’industrie tire profit de la biologie synthétique et de la robotique pour améliorer l’efficacité dans la fabrication et dans l’extraction et le traitement des ressources naturelles, des domaines où la rentabilité commerciale est élevée et où il y a de la demande pour des produits de base dans les marchés émergents. Bien qu’il y ait peu de coordination entre les ordres de gouvernement, certaines villes et provinces cherchent leur créneau dans le marché mondial croissant de la technologie. La gouvernance a surtout pour objet de rendre l’industrie plus apte à réussir dans un environnement mondial de plus en plus compétitif. Le sous-emploi et le chômage augmentent chez les travailleurs qualifiés et moins qualifiés, tant à cause d’un marché mondial grandissant pour le travail virtuel qu’à cause d’une hausse dans l’emploi atypique. Les grands centres urbains continuent leur expansion avec l’afflux des travailleurs vers les pôles de technologie; cependant, des « ghettos » apparaissent en raison de la concurrence pour de bas salaires entre les travailleurs virtuels canadiens et les travailleurs virtuels qualifiés d’autres pays. Par conséquent, et dans la perspective des revenus publics en diminution, cette période se caractérise par de l’expérimentation stratégique. Par exemple, la société et les gouvernements font un usage créatif de certains modèles de politique non conventionnels, comme les obligations à impact social et les partenariats public-privé, en vue de mettre les capacités des entreprises au service d’objectifs publics plus larges. On utilise des approches similaires relativement aux infrastructures, qui sont dans un état de déclin avancé. Dans certains secteurs comme celui des transports, les responsables des infrastructures publiques expérimentent de nouveaux modèles où la propriété et la gestion sont partagées par le secteur public et le privé. Le degré de modernisation des institutions, des infrastructures et des biens publics dépend de leur importance pour les besoins des entreprises.


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