La pollution atmosphérique transfrontalière en Asie
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Où en sont les choses?
Pourquoi s’agit-il d’un enjeu important?
Comment l’Asie sera-t-elle concernée?
- Initiatives nationales pour limiter ou réduire la pollution atmosphérique transfrontalière
- Initiatives collaboratives contre la pollution atmosphérique transfrontalière
Comment le Canada sera-t-il concerné?
Références
Où en sont les choses?
La pollution transfrontalière est à la hausse en Asie, avec la concentration croissante des usines et des projets d’agroforesterie du monde dans les régions manufacturières et riches en ressources de la Chine, de l’Inde, de l’Indonésie et des autres pays de l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE). Les deux principales sources de pollution transfrontalière en Asie sont : 1) les émissions de carbone issues de la combustion de carburant pour la production d’énergie et l’industrie lourde, et 2) la brume sèche transfrontalière causée par la destruction de forêts par le feu aux fins de l’agriculture. La Chine est, de loin, la principale productrice de dioxyde de carbone issu de la combustion de carburant – dans le monde entier, pas seulement en Asie. Elle produit au total 9,86 gigatonnes (Gt) de CO2, soit le quart des émissions mondiales. Cela représente plus de cinq fois les émissions en CO2 de l’Inde (1,97 Gt) et du Japon (1,32 Gt). L’Indonésie est une autre grande productrice en Asie; la majorité de ses émissions émanent de l’agriculture sur brûlis et de la production d’huile de palme.
Pourquoi s’agit-il d’un enjeu important?
Les cas de pollution atmosphérique portée par le vent sont de plus en plus fréquents avec la détérioration continue de la qualité de l’air en Asie orientale et du Sud-Est, ce qui cause des tensions publiques importantes entre les pays asiatiques touchés. Les secteurs manufacturier et énergétique de Chine, largement alimentés au charbon, produisent des émissions qui suscitent des protestations non seulement dans tout le pays, mais sont aussi au Japon et en Corée du Sud. L’agriculture sur brûlis et la production d’huile de palme en Indonésie ont causé du smog jusqu’en Malaisie et à Singapour. Lorsque la pollution atmosphérique traverse les frontières, le problème cesse d’être une question locale de conservation et de santé publique pour provoquer un débat régional et international sur les changements climatiques et sur une gouvernance responsable des biens communs mondiaux. La pression s’accentue pour que les pays assument la responsabilité de limiter ou réduire leurs émissions atmosphériques et collaborent pour aborder la pollution transfrontalière.
Comment l’Asie sera-t-elle concernée?
Les conséquences de la pollution atmosphérique transfrontalière ont déjà occasionné des tensions entre des pays d’Asie pour cause de concurrence et de gestion des ressources, ou dans certains cas, de mauvaise gestion, des ressources. En Indonésie, la réponse gouvernementale insuffisante à la crise de la brume sèche de juin 2013 a suscité la colère des agriculteurs locaux et de la population voisine de Singapour, où la pollution atmosphérique a atteint un niveau record. Le ministère de la Santé de Singapour a établi un plan sur cinq mois pour subventionner les frais médicaux, à des cliniques désignées, des Singapouriens se faisant traiter pour des problèmes liés à la brume sèche (en anglais : Haze Subsidy Scheme). Les tensions politiques entre l’Indonésie et Singapour sur la question de la brume sèche transfrontalière ont mené les autorités singapouriennes à envisager la prise de mesures juridiques à l’encontre des entreprises indonésiennes qui ont enfreint les lois locales relatives aux brûlis. Bien que l’Indonésie ait des lois interdisant les brûlis, elles ne sont pas contrôlées ou appliquées avec beaucoup de fermeté.
Initiatives nationales pour limiter ou réduire la pollution atmosphérique transfrontalière
La Chine et l’Inde sont à l’avant-garde pour limiter ou réduire les émissions intérieures de gaz à effet de serre grâce à des systèmes d’échange de quotas d’émissions (en anglais : Emissions Trading Schemes) et des mécanismes de développement propre (en anglais : Clean Development Mechanisms), incorporant souvent des leçons tirées de l’Europe et de l’Australie. La Chine, l’Inde et le Japon ont déjà des systèmes locaux d’échange de quotas d’émissions, alors que l’Indonésie, la Thaïlande et le Vietnam ont manifesté de l’intérêt pour le développement de programmes nationaux. La Chine s’est aussi montrée intéressée à instaurer une taxe sur le carbone.
Pour combattre la pollution générée par les activités de défrichage, plusieurs pays d’Asie du Sud-Est, d’Asie du Sud et du Pacifique Sud ont créé des programmes nationaux dits REDD (Reducing Emissions from Deforestation and Forest Degradation) (traduction : Réduction des émissions provenant de la déforestation et de la dégradation des forêts) avec l’aide d’organismes internationaux. Une initiative REDD+ va plus loin que les REDD, en promouvant la durabilité des communautés locales, des populations indigènes et du reboisement. Les initiatives REDD et REDD+ ont progressé rapidement depuis 1995 et sont perçues comme des éléments essentiels des négociations sur le climat à la suite du protocole de Kyoto.
Initiatives collaboratives contre la pollution atmosphérique transfrontalière
Les gouvernements asiatiques ont également signé plusieurs accords pour aborder la pollution atmosphérique transfrontalière, mais les mécanismes de surveillance et d’application sont toujours en cours de développement. En 2003, les pays de l’ANASE ont signé l’ASEAN Agreement on Transboundary Haze Pollution (AATHP) (traduction : Accord sur la pollution atmosphérique transfrontalière de l’ANASE) en vue de prévenir, de réduire et de surveiller les feux de forêt et la brume sèche. De plus, l’Indonésie a signé des accords avec Singapour et la Malaisie pour élaborer et mettre en place des mesures de lutte contre la brume sèche causée par les incendies terrestres et de forêt.
Figure 1 – Réductions certifiés des émissions (RCE) escomptées annuellement en moyenne des projects enregistrés, par partie hôte
Comment le Canada sera-t-il concerné?
Selon certains rapports, la pollution par l’ozone et par le mercure qui émane de Chine, portée par le vent, peut nuire à la qualité de l’air jusqu’au Canada et aux États-Unis. Les effets influencent même le progrès en matière de développement durable et les politiques sur les changements climatiques du Canada. De grandes puissances comme la Chine ont investi massivement dans les énergies de substitution comme l’énergie éolienne et solaire, ce qui a fait chuter le prix de ces technologies et rendu nombre de manufacturiers occidentaux incapables de soutenir la concurrence. De plus, la surproduction et la faible demande ont fait souffrir ces secteurs de l’énergie renouvelable. Selon certains, les subventions et les tarifs de rachat généreux de Beijing sont en grande partie responsables de la surabondance mondiale actuelle d’énergie solaire. Depuis, Beijing a réduit l’ampleur de ces deux mécanismes de soutien au financement.
L’industrie canadienne des technologies propres pourrait aller de l’avant en cessant de voir la concurrence chinoise comme responsable d’un déséquilibre injuste du commerce ou de politiques vouées à l’échec. Il serait plus constructif de mettre l’accent sur la manière dont divers types de soutien politique et financier ont grandement élargi le portefeuille d’énergie verte de Chine, sans toutefois oublier que certaines stratégies efficaces pour augmenter la production ou réduire les prix ne sont pas nécessairement saines pour les marchés à long terme. Les entreprises canadiennes peuvent également trouver de nouveaux débouchés en collaborant avec des manufacturiers chinois au haut de la chaîne d’approvisionnement pour développer les installations d’énergie verte au milieu de la chaîne et accroître la consommation en Asie, en particulier dans le domaine de la conception haut de gamme et dans les secteurs des services, dont les économies en transition ont grand besoin. En prêtant attention à ces facteurs, le Canada peut mieux soutenir et promouvoir ses secteurs renouvelables tant au pays qu’à l’étranger.
Enfin, avec la participation des pays asiatiques à des engagements coopératifs pour réduire les émissions et développer les énergies vertes, on s’attend de manière croissante à ce que les pays développés comme le Canada mènent par l’exemple. Cela signifie démontrer son engagement et faire preuve d’innovation pour aborder la lutte aux changements climatiques. Il est important que le Canada reste fidèle à ses engagements actuels dans plusieurs initiatives de collaboration visant à améliorer la surveillance de la pollution atmosphérique et l’échange de quotas d’émissions aux niveaux local, régional et international.
Références
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