Vies futures: Incertitudes

Les vies changent. La technologie, l’environnement, l’économie ainsi que la société se transforment. De nouvelles incertitudes remodèlent les choix auxquels les personnes sont confrontées, influençant les décisions concernant la manière de vivre, les voies à suivre et les rôles à assumer. 13 0,19

avril 2024

Le parcours de vie, autrefois considéré comme un chemin prévisible, est aujourd'hui caractérisé par une incertitude sans précédent. Les étapes de vie traditionnelles se déplacent ou disparaissent. Les trajectoires de vie sont façonnés par les tendances économiques, les avancées technologiques et les changements sociétaux.

L'incertitude peut pousser les gens à éviter les risques et à rechercher la stabilité et la sécurité. Elle peut aussi inspirer l'innovation. Les changements dans les attentes des individus quant à ce qu'ils pourraient être en mesure de réaliser dans la vie, et leurs décisions quant à leur parcours de vie, pourraient influencer de nombreux domaines politiques et exiger notre attention immédiate.

Dans la continuité de notre premier rapport, Vies futures : Explorer les transformations du parcours de vie, ce rapport présente certaines des opportunités et des incertitudes qui pourraient découler des changements survenant dans trois domaines : les ménages, l'assurance et les attentes des jeunes. Nous espérons susciter la réflexion et la conversation sur la manière dont ces changements pourraient affecter les individus, les gouvernements et la société dans son ensemble. Notre objectif est de contribuer à l'élaboration de politiques et de programmes solides face aux changements à venir.

Au nom d’Horizons de politiques Canada, je tiens à remercier ceux qui ont généreusement partagé leur temps, leurs connaissances et leurs réflexions avec nous.

Nous espérons que vous trouverez ce travail instructif.

Kristel Van der Elst
Directrice générale
Horizons de politiques Canada

© Sa Majesté le Roi du chef du Canada, 2024

Pour obtenir des informations sur les droits de reproduction : https://horizons.gc.ca/fr/contactez-nous/

PDF: PH4-199/2024F-PDF
ISBN: 978-0-660-71298-7

AVERTISSEMENT
Horizons de politiques Canada (Horizons de politiques) est le centre d’excellence en prospective du gouvernement du Canada. Notre mandat est de doter le gouvernement du Canada d’une perspective et d’un état d’esprit tournés vers l’avenir afin de renforcer la prise de décisions. Le contenu de ce document ne représente pas nécessairement le point de vue du gouvernement du Canada ou des agences et ministères participants.

Introduction

Les vies changent. La technologie, l’environnement, l’économie ainsi que la société se transforment. De nouvelles incertitudes remodèlent les choix auxquels les personnes sont confrontées, influençant les décisions concernant la manière de vivre, les voies à suivre et les rôles à assumer.

L’incertitude rend l’avenir davantage précaire. Souvent, les personnes réagissent à l’incertitude en essayant d’éviter le risque – par exemple, en faisant des choix qu’ils estiment comme plus stables ou en rejoignant des institutions qui offrent plus de sécurité. Toutefois, l’incertitude peut également conduire les personnes à emprunter de nouvelles voies dans leur vie. Elle peut inciter à l’innovation ainsi qu’à de nouvelles façons de penser.

Notre précédent rapport, Vies futures : Explorer les transformations du parcours de vie (juin 2022), visait à aider les personnes à réfléchir aux changements dans le cadre du parcours de vie. Il a défini le parcours de vie comme la séquence d’événements et de rôles qu’une personne connaît au cours de sa vie.

Il détermine six domaines du parcours de vie : la reproduction, les soins, la situation du logement, l’éducation, le travail et le troisième âge. Il a exploré ce qui change dans ces domaines et a examiné neuf forces de changement afin d’expliquer pourquoi ces changements se produisent.

Ce rapport examine plus en détail trois domaines pour illustrer comment les parcours de vie pourraient changer à l’avenir : les ménages (où vivre et avec qui), les assurances (comment atténuer les risques), et les attentes des jeunes (ce que les jeunes attendent et désirent de l’avenir). On estime généralement qu’il s’agit de questions d’ordre privé. Toutefois, des forces macroéconomiques influencent les attentes et les choix des personnes dans ces domaines. La prospective stratégique peut aider à comprendre comment cela se produit.

Les lecteurs sont encouragés à utiliser ce rapport pour vérifier leurs hypothèses au sujet de l’avenir. Ils peuvent également l’utiliser pour déterminer les mesures permettant de relever les défis et de saisir les occasions. Toute personne travaillant dans les domaines suivants pourrait trouver ce rapport pertinent pour son travail : éducation et formation; familles, enfants, jeunes et personnes âgées; santé; logement; cohésion sociale; et travail.

L’avenir des ménages

Le ménage1 constitue une unité de base de la société. Il offre aux personnes à la fois un soutien et une compagnie. Il leur permet de répartir le travail et de mettre en commun les ressources afin d’atténuer les risques. Il s’agit également d’une unité d’analyse clé pour tous les ordres de gouvernement. La façon dont nous définissons, mesurons et comprenons les ménages revêt des implications politiques pour les régimes fiscaux, les prestations sociales, les cadres d’assurance et l’accès au crédit, entre autres aspects. Cela façonne les analyses démographiques de la population et de l’économie. À leur tour, de nombreuses décisions politiques dans ces domaines ont une incidence sur la santé mentale et le sentiment d’appartenance.

L’incertitude croissante et les nouveaux types de risques amènent les gens à modifier l’organisation de leurs ménages. De nombreuses politiques ont été conçues afin de soutenir les ménages comme ils se présentaient dans le passé. À l’avenir, les ménages au Canada pourraient être très différents.

Ci-dessous se trouvent trois changements majeurs que les décideurs politiques devraient prendre en compte lorsqu'ils réfléchissent à l'avenir des ménages.

Facteur qui change la donne 1 : Les ménages composés de familles nucléaires pourraient devenir moins économiquement viables pour un plus grand nombre de personnes

Dans le cadre de cet avenir, l’idée de la famille nucléaire est devenue moins viable économiquement. Les salaires stagnent, les dettes augmentent et le coût de la vie augmente. Par le passé, une personne gagnant un « salaire familial » pouvait subvenir aux besoins d’une famille type2. Cela est devenu de moins en moins réaliste pour de nombreuses personnes. Par conséquent, de nouvelles formes de ménages ont vu le jour. Nombre d’entre eux impliquent de multiples sources de revenus.

Les forces de changement qui soutiennent ce facteur qui change la donne

Le logement est devenu moins abordable, tant pour les propriétaires que pour les locataires. Les prix des logements ont augmenté plus de deux fois plus vite que celui des revenus entre 1975 et 2021. Depuis 2005, ils ont même augmenté presque trois fois plus vite3. Nombreuses sont les personnes qui n’imaginent pas pouvoir un jour devenir propriétaires de leur logement. Les loyers moyens dans les 20 plus grandes villes du Canada ont augmenté de 24 % entre 1992 et 2022, et ce, après correction de l’inflation4. Le logement est estimé comme « abordable » lorsqu’un travailleur au salaire minimum peut louer un logement d’une chambre à coucher pour moins de 30 % de son revenu avant impôt. Cela n’existe plus dans aucune province du Canada5.

Les salaires ne vont pas de pair avec l’augmentation du coût de la vie. Les prix à la consommation augmentent bien plus rapidement que les salaires moyens. Cela signifie que la population canadienne voit son pouvoir d’achat diminuer. Entre 1992 et 2021, l’indice des prix à la consommation a augmenté de 62 %6 mais le revenu médian n’a augmenté que de 32 %7. L’écart de valeur nette entre les ménages les plus riches et les plus pauvres se creuse davantage également8.

Les ménages au Canada sont les plus endettés de tous les pays du G7. Les trois quarts de cette dette représentent des hypothèques9. Cela signifie que les personnes ont moins de revenus à dépenser en termes de biens ou à investir dans l’épargne pour se protéger contre le risque d’une perte d’emploi.

Facteur qui change la donne 2 : L’évolution des valeurs socioculturelles peut remettre en question les attentes traditionnelles à l’égard des familles et de la composition des ménages

Les valeurs des personnes changent en ce qui concerne les relations amoureuses, l’éducation des enfants et la cohabitation. Cela a ouvert la voie à des parcours de vie et à des types de ménages davantage diversifiés. Au Canada, de plus en plus de personnes forment des relations et des familles d’une nouvelle manière. Certaines personnes choisissent de rester célibataires ou de vivre seules.

Les forces de changement qui soutiennent ce facteur qui change la donne

Au Canada, les personnes sont de plus en plus susceptibles de demeurer célibataires et de vivre seules à tous les stades de leur vie10. Les ménages qui sont composés d’une seule personne constituent le type de ménage le plus important au Canada. Ils représentent 29 % de l’ensemble des résidences. Cependant, tous les ménages composés d’une seule personne ne sont pas économiquement indépendants. De nombreux jeunes adultes qui vivent seuls reçoivent une aide financière de leurs parents. L’indépendance et l’autonomie sont souvent estimées comme des marqueurs de réussite et de maturité. À l’avenir, un nombre croissant de personnes pourraient ne pas être en mesure d’atteindre cela.

Le Canada présente une diversité culturelle croissante. Cela contribue à une plus grande diversité dans la composition des ménages. Par exemple, les nouveaux arrivants au Canada et les peuples autochtones sont davantage susceptibles de vivre dans des ménages où plusieurs générations vivent sous le même toit. Ces personnes sont plus susceptibles de vivre dans le foyer familial à l’âge adulte11. D’ici 2041, les nouveaux arrivants pourraient représenter jusqu’à 34 % de la population au Canada. Cela pourrait diversifier les normes familiales et des ménages12.

Les valeurs sociales concernant la monogamie sont en train de changer. Le polyamour, les relations ouvertes et la non-monogamie éthique sont de plus en plus courants. Ces choix de vie sont moins stigmatisés. En Amérique du Nord, jusqu’à 7 % des personnes pratiquent la non-monogamie consensuelle13. Les applications de rencontres populaires offrent désormais la possibilité de filtrer les utilisateurs qui ne sont pas monogames14. Certains tribunaux au Canada ont même reconnu que les relations polyamoureuses peuvent être des environnements aimants et stables pour élever des enfants15.

Au Canada, de plus en plus de personnes deviennent parents, et ce, sans cohabiter. Cela comprend les parents célibataires et les co-parents qui ne forment pas un couple. Les familles monoparentales sont quant à elles de plus en plus nombreuses. Certaines personnes deviennent parents célibataires parce qu’elles se séparent de leur partenaire. D’autres choisissent d’être des parents célibataires. La plupart sont constituées de mères célibataires, bien que le nombre de pères célibataires ait augmenté depuis 201116. Certains parents se répartissent la responsabilité de leurs enfants sans être engagés dans une relation amoureuse17. D’autres vivent séparément18 mais mettent en commun leurs ressources19.

Facteur qui change la donne 3 : La cohabitation entre personnes non apparentées pourrait devenir plus fréquente à différents stades de la vie

Dans le passé, les gens vivaient généralement avec d’autres personnes non apparentées après avoir grandi avec leurs parents et avant de s’installer avec un partenaire de vie. Toutefois, cette tendance est en train de changer. De plus en plus de personnes vivent à long terme avec d’autres personnes non apparentées. Cela peut se produire pour des raisons économiques ou sociales.

Les forces de changement qui soutiennent ce facteur qui change la donne

L’accession à la propriété constitue le moyen le plus courant de se constituer un patrimoine au Canada. Pour de nombreux jeunes, cela est hors de portée. L’âge moyen des acheteurs d’un premier logement est passé de 29 ans en 201320 à 36 ans en 202021. Les jeunes ont de plus en plus besoin du patrimoine familial afin d’acheter un logement. En 2015, 20 % des acheteurs d’un premier logement ont eu recours à des contributions financières de la part de membres de leur famille pour effectuer leur versement initial. En 2021, ce chiffre est passé à 30 %22. Ces contributions sont souvent substantielles23. La plupart des jeunes disent croire que l’accession à la propriété est réservée aux riches, comme le montre L’avenir des attentes des jeunes24.

Les ménages en colocation sont en train de devenir le type de ménage présentant la croissance la plus rapide au Canada25. En règle générale, seuls les jeunes adultes formaient un ménage avec des amis ou encore avec des étrangers. C’est aujourd’hui un moyen plus courant de faire face à l’augmentation du coût de la vie ainsi qu’à l’insécurité du logement. Pour certaines personnes, vivre avec d’autres constitue la seule option financière viable. Cela peut les exposer à des conditions de vie indésirables. Dans certains ménages, les colocataires ne se répartissent pas que les coûts qui ne peuvent être individualisés, comme le loyer ou l’hypothèque et les charges. D’autres mettent en commun leurs ressources financières sur des comptes communs, comme une famille.

De plus en plus de personnes choisissent de louer ou d’acheter une maison avec des amis. En plus d’économiser de l’argent, ils bénéficient d’un soutien social26. Les gens créent de plus en plus de familles choisies, et ce, avec des personnes non apparentées. Les membres de ces familles choisies se soucient les uns des autres et s’engagent aussi les uns envers les autres. La cohabitation peut aider les personnes à répondre à des besoins comme la prise en charge d’enfants ou d’animaux domestiques. Par exemple, dans les « mommunes », les mères célibataires se répartissent les responsabilités associées à la garde des enfants. Elles cherchent à créer un sentiment de communauté pour leurs enfants27.

De plus en plus de personnes âgées choisissent de vivre en communauté, et ce, pas seulement dans des maisons de retraite28. Cela peut être attribuable à des besoins de soins de santé ou encore à des pressions économiques. Certaines personnes âgées, qui souhaitent vieillir dans le logement qu’elles possèdent, utilisent des services de mise en relation avec une personne colocataire. Il peut s’agir d’une autre personne âgée29 ou d’un étudiant universitaire30. Certaines administrations ont mis en place des politiques visant à faciliter la vie en communauté des personnes âgées, comme la Loi de 2019 sur les Golden Girls de l’Ontario31.

Que peuvent représenter ces changements?

Au cours des prochaines décennies, les changements décrits ci-dessus pourraient se poursuivre et s'intensifier. Une série de conditions sociales et économiques pourraient émerger, mais aucune n'est inévitable. Ne pas y réfléchir pourrait conduire à l’échec des politiques.

Les implications politiques suivantes sont possibles dans un monde où les trois facteurs en matière de changements susmentionnés sont présents. Cette liste n’est pas exhaustive et les décideurs politiques sont invités à approfondir leur réflexion sur les défis et les possibilités énumérés ici.

Conséquences

Les personnes et les familles peuvent être amenées à vivre ensemble d’une nouvelle manière pour pouvoir s’offrir un logement adéquat. De plus en plus de personnes envisagent de vivre avec d’autres amis ou des colocataires à long terme, plutôt que d’attendre d’être propriétaires de leur logement. Davantage de familles pourraient vivre au sein de ménages comptant plusieurs générations. Les enfants adultes peuvent continuer à vivre avec leurs parents, et ce, même après avoir eu leurs propres enfants. Les grands-parents pourraient assumer davantage de responsabilités en matière de garde d’enfants, et ce, lorsqu’ils n’ont pas besoin de continuer à travailler.

Lorsque les gens choisissent de vivre ensemble d’une nouvelle manière, ils peuvent avoir besoin de nouveaux types de logements. Les promoteurs immobiliers privilégient actuellement les petits logements destinés aux personnes seules ou aux familles nucléaires32. Les municipalités sont zonées principalement en fonction de maisons individuelles33. À l’avenir, davantage de promoteurs pourraient construire des maisons qui sont adaptées aux ménages familiaux multigénérationnels34. Lorsque des personnes non apparentées vivent ensemble, elles peuvent avoir des préférences différentes de celles des familles nucléaires. Par exemple, ils peuvent préférer des chambres de taille égale ou des suites séparées avec leur propre salle de bain. Par le passé, cela était généralement caractérisé comme des logements pour étudiants.

L’augmentation du nombre de personnes vivant sous le même toit pourrait accroître la demande de services et d’infrastructures. Une population plus dense pourrait exercer une pression accrue sur la circulation, le stationnement et les programmes communautaires. Cela pourrait également créer des marchés plus importants pour les entreprises locales. Les urbanistes pourraient établir davantage de zones de colocation pour les familles. Plus de ménages pourraient aussi rénover leurs bâtiments. Cela pourrait accroître la demande de personnes de métier.

L’insécurité économique peut mener à de nouveaux modèles de mobilité physique et sociale. Davantage de personnes pourraient s’installer dans des régions où le coût de la vie est moins élevé. Cela pourrait entraîner une hausse des prix dans ces régions. Les employeurs pourraient avoir du mal à attirer des candidats dans les villes où le coût de la vie est élevé. Les personnes qui vivent seules ou avec d’autres colocataires plutôt qu’avec leur famille peuvent avoir plus de mal à faire face à leurs problèmes personnels ou financiers. Il peut être plus difficile de s’élever socialement lorsque seules les personnes disposant d’un patrimoine familial peuvent s’offrir un logement, comme l’explique L’avenir des attentes des jeunes. Les personnes peuvent être amenées à s’endetter davantage si elles souhaitent vivre seules ou au sein d’une famille nucléaire. Les prêts hypothécaires pourraient se transmettre de génération en génération. Cela pourrait mener à repenser les hypothèses relatives à la planification financière à long termexi.

Les personnes peuvent se tourner vers des colocataires et des locataires afin de répondre à leurs besoins en matière de sécurité financière et de soins. Les amis qui ont en commun une maison pourraient s’engager à se soutenir mutuellement comme des partenaires romantiques. Davantage de propriétaires plus âgés pourraient vouloir louer des chambres en échange de soins. Cela peut toutefois poser des problèmes si le propriétaire lègue la maison à sa famille, mais que l’aidant souhaite continuer à y vivre.

De nouveaux modes de financement relatifs aux nouveaux modes de vie pourraient voir le jour. Les gouvernements et les banques partent souvent du principe que les hypothèques conjointes sont détenues par des couples. En fait, il n’y a pas de limite au nombre de personnes qui peuvent se répartir la propriété d’un bien. Les sociétés immobilières et hypothécaires qui n’ont pas l’habitude d’aider des groupes de personnes sans lien de parenté à naviguer dans les systèmes financiers et juridiques pour acheter un bien immobilier pourraient être confrontées à des défis. De nouvelles idées pour le financement de l’achat d’un logement pourraient voir le jour, comme les programmes de répartition des capitaux propres.

Un plus grand nombre de familles économiques pourraient être dispersées dans plusieurs ménages. L’idée de famille économique fait référence à des personnes qui sont liées et vivent ensemble35. À l’avenir, davantage de membres de la famille pourraient vivre séparément, et ce, tout en constituant une seule unité économique. D’autre part, les personnes qui vivent ensemble sont moins susceptibles de dépendre les unes des autres sur le plan financier. Le revenu des ménages peut devenir un indicateur moins utile, car il ne reflète pas nécessairement la manière dont les ressources économiques sont réparties. De nouvelles mesures permettant de comprendre les ménages ainsi que leurs ressources économiques pourraient voir le jour.

L’avenir de l’assurance

Au Canada, les gens comptent sur l’assurance36 pour se protéger contre l’incertitude. L’assurance aide les gens à faire face aux catastrophes, aux accidents ainsi qu’à d’autres événements défavorables. Pour ce faire, elle répartit les risques. Cela aide les personnes à gérer les risques associés aux activités quotidiennes. Il s’agit par exemple d’investir de l’argent, d’ouvrir une entreprise, d’acheter une maison ou de conduire une voiture. L’assurance est également essentielle à la stabilité de l’économie à l’échelle mondiale.

L’évolution de l’environnement des risques peut mener à des besoins différents en matière d’assurance. À l’avenir, cela pourrait toutefois modifier le fonctionnement de l’assurance. Cela peut exposer les gouvernements, les assureurs et les particuliers à des coûts imprévus.

Ci-dessous se trouvent trois changements majeurs que les décideurs politiques devraient prendre en compte lorsqu'ils réfléchissent à l'avenir de l’assurance.

Facteur qui change la donne 1 : Les mégadonnées et l’intelligence artificielle (IA) pourraient rendre l’accès à l’assurance et les primes d’assurance de plus en plus liés aux facteurs de risque personnels

Dans ce contexte, les personnes ont plus de difficultés à satisfaire leurs besoins en matière d’assurance. Le pouvoir est transféré aux assureurs. Les primes sont de plus en plus étroitement associées aux facteurs de risque personnels. La recherche et l’accès à des primes abordables pourraient de plus en plus influencer des décisions importantes de la vie.

Les forces de changement qui soutiennent ce facteur qui change la donne

Les mégadonnées, l’IA et l’analyse prédictive modifient la manière dont les assureurs évaluent les risques.. Traditionnellement, les assureurs analysent les risques au moyen de la théorie actuarielle. Il s’agit d’une modélisation statistique basée sur la distribution normale des événements au sein d’un groupe donné. Aujourd’hui, ils tentent plutôt de prédire les risques pour des personnes données. Les assureurs utilisent la segmentation des clients au moyen de l’IA37 afin de déterminer la probabilité que les différents types de clients fassent une demande d’indemnisation. Cela permet une plus grande personnalisation des primes. Par exemple :

  • Les assureurs dans le secteur de la santé avaient l’habitude de calculer les primes en posant des questions aux gens et en examinant leurs dossiers médicaux. Aujourd’hui, ils examinent les données provenant d’outils comme les montres intelligentes et les appareils médicaux. Ces outils fournissent des informations granulaires en temps réel sur les choix et les comportements des personnes.
  • Les assureurs dans le secteur de l’immobilier avaient l’habitude d’examiner les données à l’échelle des codes postaux. Les souscripteurs d’assurance observaient également la qualité de l’entretien d’une maison. Aujourd’hui, les assureurs recueillent des données à partir d’appareils domestiques intelligents et de l’Internet des objets38. Cela leur permet d’évaluer les risques en temps réel39.

Les assureurs peuvent adapter les primes aux clients en fonction de leur niveau de risque individuel. Ils peuvent également modifier les primes en fonction de l’évolution du niveau de risque.

L’asymétrie de l’information dans le secteur de l’assurance est en train de s’inverser. Auparavant, les personnes disposaient de plus d’informations que les assureurs au sujet de leur exposition au risque. Ces personnes choisissaient les détails fournis aux assureurs au sujet de leur vie, de leurs habitudes et de leur patrimoine. Cette situation a profité aux consommateurs40. Aujourd’hui, les assureurs peuvent en savoir davantage sur les profils de risque des clients qu’auparavant41.

Facteur qui change la donne 2 : Les changements climatiques peut introduire de nouveaux risques et exacerbent les risques existants, menaçant l’assurabilité de nombreuses habitations et régions

Dans certaines régions du Canada, il pourrait devenir trop coûteux d’assurer les biens face aux catastrophes. Cela peut obliger les gens à quitter ces régions ou rendre encore la vie dans ces régions intrinsèquement risquée.

Une force de changement qui soutient ce facteur qui change la donne

Les changements climatiques exacerbent les catastrophes et les rendent plus fréquentes. Cela entraîne une augmentation des primes d’assurance. Cela rend certaines maisons et régions inassurables42. Les catastrophes climatiques comme les inondations, les feux de forêt et les tornades touchent un nombre croissant de foyers au Canada43. In 2021, for instance, a tornado in Barrie, Ontario, En 2021, par exemple, une tornade à Barrie, en Ontario, a laissé des dizaines de maisons inhabitables44. Dans certaines régions, les assureurs ont temporairement cessé d’octroyer de nouvelles polices d’assurance habitation. C’est par exemple ce qui s’est passé dans la région d’Halifax en 2023 à cause des feux de forêt45. Dans certaines régions, il pourrait devenir impossible d’assurer les habitations afin de les protéger de certains risques. Les acheteurs ne sont pas toujours au courant des données disponibles, comme les cartes des inondations ou des feux de forêt. Ils peuvent ne pas comprendre le risque qu’ils assument lorsqu’ils achètent un bien immobilier46.

Facteur qui change la donne 3 : L’évolution du parcours de vie pourrait rendre certains produits d’assurance moins pertinents et créer une demande pour de nouveaux produits

Les personnes ont moins d’enfants à un âge avancé, ont moins accès à la propriété que par le passé et vivent plus longtemps et en meilleure santé47. Cela a une incidence sur les types d’assurance dont ces personnes ont besoin.

Les forces de changement qui soutiennent ce facteur qui change la donne

Les polices d’assurance reposent sur des hypothèses concernant la vie des personnes. Bon nombre de ces hypothèses ne sont peut-être plus vraies. L’assurance-vie en constitue un exemple. Elle est généralement estimée comme un produit destiné aux personnes ayant un partenaire, des enfants uniquement issus de cette union et un prêt hypothécaire. De plus en plus de personnes vivent aujourd’hui au sein de ménages et de structures familiales atypiques. Il peut être plus difficile pour ces dernières de comprendre les options qui s’offrent à elles afin de protéger leurs proches en cas de décès48.

De nombreux locataires au Canada n’ont pas de couverture pour leurs biens personnels en cas de catastrophe naturelle. L’assurance des propriétaires quant à elle ne couvre que le bâtiment, et non les biens du locataire. Quelque 50 % des locataires n’ont pas d’assurance locative49. Ceux qui souscrivent à une telle assurance peuvent ne pas avoir de couverture complète. Par exemple, de nombreuses personnes peuvent ne pas être couvertes en cas de dommages causés en raison d’une inondation. Cette option est généralement proposée moyennant un coût supplémentaire50.

Que peuvent représenter ces changements?

Au cours des prochaines décennies, les changements décrits ci-dessus pourraient se poursuivre et s'intensifier. Une série de conditions sociales et économiques pourraient émerger, mais aucune n'est inévitable. Ne pas y réfléchir pourrait conduire à l’échec des politiques.

Les implications politiques suivantes sont possibles dans un monde où les trois facteurs en matière de changements susmentionnés sont présents. Cette liste n’est pas exhaustive et les décideurs politiques sont invités à approfondir leur réflexion sur les défis et les possibilités énumérés ici.

Conséquences

Un accès réduit à l’assurance pourrait rendre les personnes plus réticentes à prendre des risques. Cela pourrait avoir des répercussions sur l’économie au sens large. Le coût et la disponibilité de l’assurance influencent les choix des personnes. Lorsque les personnes se sentent protégées contre les risques, ils sont plus à même de faire des choix susceptibles de stimuler la croissance et l’innovation. Il peut s’agir d’investir dans une nouvelle technologie ou encore de créer une entreprise. La protection peut provenir d’une assurance privée, d’une aide publique ou encore d’un filet de sécurité personnel ou familial. L’absence de protection pourrait étouffer l’esprit d’entreprise ainsi que la croissance économique. Elle peut également empêcher les gens à poursuivre leur développement personnel.

Il peut être plus difficile pour les personnes de protéger leur vie privée et leur autonomie. Les assureurs ont de plus en plus accès aux données personnelles. Les gens devront peut-être accepter un certain degré de surveillance numérique afin d’obtenir une assurance pour leur santé ou leurs biens. La Loi sur la non-discrimination génétique (2017) empêche les assureurs canadiens d’exiger des tests génétiques51. Cependant, les assureurs ont accès à davantage de sources de données pour classer les personnes, déterminer l’admissibilité et fixer les primes. Un plus grand nombre de personnes peuvent être évaluées comme étant trop risquées pour être assurées. Cela pourrait créer un fossé entre celles qui peuvent et celles qui ne peuvent pas se permettre de souscrire une assurance contre les risques pour la santé.

L’augmentation de la fréquence des catastrophes et des coûts de reconstruction risque de peser lourd sur les fonds publics. Les montants accordés aux provinces et aux territoires dans le cadre de programmes comme les accords d’aide financière en cas de catastrophe (AAFCC) du Canada risquent d’être insuffisants pour financer les efforts de reconstruction, compte tenu de la fréquence croissante des catastrophes et de l’augmentation des coûts de construction52. Les personnes peuvent avoir à faire face elles-mêmes à davantage de coûts de réparation et de reconstruction après une catastrophe. Elles peuvent également solliciter l’aide de fonds privés en cas d’urgence. Certaines personnes devront peut-être même quitter des régions où elles ne peuvent pas obtenir de prêt hypothécaire. Cela peut conduire à une dépopulation dans certaines régions ou à des changements dans leur composition démographique.

Il pourrait y avoir une augmentation des « risques de vides ». Il s’agit d’activités, d’espaces ou de personnes qui sont possiblement devenus trop risqués pour être assurés53. Par exemple, lors de la pandémie de COVID-19, la plupart des assureurs ont déclaré que les polices existantes ne couvraient pas les interruptions d’activité en raison de la pandémie. Les conditions météorologiques extrêmes, comme les inondations et les feux de forêt, pourraient devenir moins assurables à mesure qu’ils deviennent plus prévisibles. Alors que les assureurs ont accès à des données de plus en plus granulaires concernant les personnes et les environnements, et qu’ils utilisent l’apprentissage automatique pour détecter et prédire les comportements, ils risquent de n’assurer que les risques qui comportent une grande part d’éléments aléatoires.

La réduction de l’accès à l’assurance habitation pourrait transformer l’espace et le logement. Les décisions relatives à ce qui peut être assuré et à qui peut souscrire une assurance ont façonné les paysages urbains. Comme de plus en plus de maisons ne sont plus assurables, un plus grande nombre de personnes pourraient se tourner vers les logements informels. Il peut s’agir de véhicules récréatifs (VR) ou de tentes. Il pourrait également s’agir de logements multifamiliaux, comme décrits dans L’avenir des ménages. Les personnes qui n’ont pas accès à l’assurance peuvent également manquer de fonds afin de rendre leurs maisons résistantes aux événements climatiques. L’augmentation du nombre de locataires pourrait entraîner une diminution du nombre de personnes qui assurent leur patrimoine. Les exemples issus de l’Australie et du Royaume-Uni montrent qu’une augmentation du taux de location accroît la sous-assurance54.

Les maisons qui ne peuvent pas être assurées peuvent aussi ne pas pouvoir être hypothéquées. Cela pourrait réduire la richesse des personnes et des familles au Canada. Les prêteurs hypothécaires exigent des propriétaires qu’ils souscrivent une assurance habitation. L’augmentation du coût de l’assurance habitation pourrait laisser certains propriétaires sans assurance, ce qui les mettrait dans l’impossibilité de respecter les conditions de leur prêt hypothécaire. Ils peuvent également être dans l’incapacité de vendre parce que des acheteurs potentiels ne peuvent pas non plus obtenir un prêt hypothécaire. Cette situation pourrait avoir des répercussions considérables sur le secteur immobilier et entraîner une augmentation des appels à des programmes d’aide publique.

De plus petites parties prenantes peuvent entrer sur le marché de l’assurance avec de nouveaux types de produits55. La micro-assurance est généralement destinée aux consommateurs les plus pauvres. Toutefois, cela pourrait être élargi à mesure qu’un plus grand nombre de personnes sont confrontées à des primes plus élevées de la part d’entreprises plus importantes. Davantage de consommateurs peuvent rechercher une assurance plus souple ou encore une assurance contre de nouveaux risques. D’autres sociétés en matière de micro-assurance ciblant des risques particuliers pourraient voir le jour.

Les entreprises peuvent avoir besoin de différentes assurances afin de gérer les risques liés à la chaîne d’approvisionnement. Les chaînes d’approvisionnement deviennent de plus en plus complexes et vulnérables face aux perturbations causées par des catastrophes naturelles ou d’origine humaine qui sont de plus en plus fréquentes. Les entreprises canadiennes peuvent avoir besoin de nouveaux types de couvertures56. Des lacunes à court terme dans les types de couvertures pourraient accroître les risques. À plus long terme, les coûts d’assurance pour les entreprises peuvent augmenter en raison des différents types de couvertures requis. Cela pourrait entraîner une hausse des coûts pour les consommateurs.

L’augmentation des demandes d’indemnisation en raison des catastrophes naturelles pourrait remettre en cause le fonctionnement du marché mondial de la réassurance. Les assureurs nationaux risquent de s’effondrer si une catastrophe locale entraîne de nombreuses réclamations. Ils utilisent le marché mondial de la réassurance pour souscrire à ce risque. Les changements climatiques pourraient rendre plus difficile la diversification des réassureurs. Cela pourrait avoir une incidence sur leur solvabilité. Le secteur pourrait s’orienter vers des formes non traditionnelles de réassurance. Il peut s’agir par exemple d’obligations catastrophes ou d’obligations vertes57. Le fonctionnement actuel du marché de l'assurance des consommateurs pourrait subir des transformations en conséquence. Cela pourrait exercer une influence sur les types d'assurance et leur disponibilité à l'avenir.

L’assurance communautaire pourrait devenir davantage importante. Cela pourrait couvrir des risques climatiques que d’autres assureurs ne couvrent pas. Par exemple, les communautés pourraient mettre en commun leurs ressources en vue de réparer les infrastructures locales comme les parcs ou les centres communautaires après une catastrophe58.

L’avenir des attentes des jeunes

L’avenir des jeunes59 constitue l’avenir du parcours de vie au Canada. Les aspirations et les attentes des jeunes sont façonnées au moyen des politiques gouvernementales. Ces politiques fournissent les structures autour desquelles les personnes bâtissent leur vie. L’évolution rapide de l’économie, de la société et de l’environnement crée de nouveaux risques. Ces éléments peuvent avoir des répercussions sur ce qui est considéré comme un parcours de vie normatif. Ils peuvent participer à modifier ce que les jeunes attendent de leur avenir.

Les jeunes d’aujourd’hui ne sont peut-être pas pas en mesure de planifier leur avenir avec autant de confiance que les générations précédentes. Leur seule certitude est que l’avenir est incertain. L’évolution des attentes des jeunes peut mener à de nouvelles exigences en matière de politiques et de programmes gouvernementaux.

Ci-dessous se trouvent trois changements majeurs que les décideurs politiques devraient prendre en compte lorsqu'ils réfléchissent à l'avenir des attentes des jeunes.

Facteur qui change la donne 1 : Les jeunes sont de plus en plus précaires sur le plan économique et pourraient le rester tout au long de leur vie

Dans cet avenir, la majorité des jeunes sont confrontés à un marché du travail particulièrement difficile. L’écart de richesse entre les générations se creuse. Il pourrait se renforcer de lui-même. Cela pourrait nuire à la capacité de nombreux jeunes à accumuler des actifs et des richesses.

Les forces de changement qui soutiennent ce facteur qui change la donne

Par rapport aux générations précédentes, les jeunes adultes sont confrontés à des revenus inférieurs et à un coût de la vie plus élevé. Au cours des 45 dernières années, les revenus marchands des personnes âgées de 16 et 24 ans ont chuté de 24 %. Les transferts gouvernementaux ont chuté quant à eux de 75 %60. À l’échelle mondiale, la moitié des membres de la génération du millénaire et de la génération Z indiquent vivre d’un chèque de paye à l’autre61.

Les jeunes d’aujourd’hui sont plus endettés que ceux des générations précédentes. Le nouveau diplômé moyen, titulaire d’un baccalauréat, a une dette d’études de 28 000 $62. Un jeune sur quatre a recours à l’endettement pour couvrir ses frais de subsistance63. Les niveaux élevés d’endettement reflètent l’augmentation des frais de scolarité. En 1980, les frais de scolarité moyens pour un diplôme de premier cycle au Canada s’élevaient à 2 511,00 $ de 202364. En 2023, il s’élèvera à 7 076 $65. L’augmentation du coût de la vie a également accru le besoin de prêts étudiants.

L’emploi des jeunes est précaire. Les jeunes connaissent une plus grande insécurité de l’emploi et bénéficient de moins d’avantages que les générations précédentes. Cela est attribuable à des changements techniques et économiques. En outre, les attentes du marché du travail évoluent. La délocalisation, l’économie de plateforme et l’automatisation au moyen de l’IA en sont les raisons. Le marché du travail est tendu. La plupart des emplois vacants concernent des postes de service de niveau débutant, qui nécessitent peu d’expérience et sont faiblement rémunérés66.

Les jeunes sont plus susceptibles de se mobiliser dans le travail à la demande que les adultes plus âgés. Les personnes au Canada âgées de 18 à 34 ans représentent 43 % de l’ensemble des travailleurs indépendants67. Les jeunes qui exercent un travail temporaire indépendant ont aussi des revenus imprévisibles. Ils ne bénéficient pas d’avantages comme l’assurance-emploi, les congés de maladie et les cotisations de retraite versées par l’employeur68. Les travailleurs temporaires indépendants représentent désormais plus de 20 % de la main-d’œuvre. Ils constituent aussi le groupe de travailleurs dont la croissance est la plus rapide au Canada69. La moitié des travailleurs indépendants estiment qu’ils exercent leur activité à long terme. Il est prouvé que certains travailleurs préfèrent la flexibilité offerte par ce type d'emploi70. Cela remet en question l’idée selon laquelle les jeunes se sortiront du travail précaire en vieillissant71. Une proportion croissante de jeunes occupe aussi plusieurs emplois. En 1976, cela concernait 1,3 % des jeunes femmes actives non scolarisées. En 2019, ce pourcentage est passé à 8,4 %. Chez les hommes, l’augmentation est passée de 2,3 % à 5,2 %72.

Facteur qui change la donne 2 : Les changements climatiques peut amener les jeunes à réévaluer leurs attentes quant à l’avenir

Les changements climatiques ont une incidence sur la santé mentale des jeunes73. Ils se sentent désemparés face à l’avenir. Cela peut modifier les valeurs sociales, les comportements ainsi que les pratiques.

Les forces de changement qui soutiennent ce facteur qui change la donne

Les jeunes ont tendance à être plus conscients des effets des changements climatiques et davantage préoccupés par ses risques. Les jeunes adultes au Canada sont, en moyenne, plus préoccupés que leurs aînés par les questions environnementales74. Ils sont parfaitement conscients des risques existentiels posés par les changements climatiques. Ils sont également conscients des conséquences potentielles des changements climatiques pour leur propre avenir. Les jeunes sont à l’avant-garde des mouvements pour la lutte contre les changements climatiques, tant au Canada que dans le reste du monde. Certains mouvements plus radicaux ont même commencé à émerger75. Ces mouvements appellent à passer de l’éco-anxiété à « l’écofureur »76. La fureur est largement dirigée contre les gouvernements et les personnes ultra-riches.

Les changements climatiques ont des répercussions sur la santé mentale et physique des jeunes. Les effets des changements climatiques sont particulièrement graves pour les enfants et les jeunes77. Il s’agit notamment des phénomènes météorologiques extrêmes, des déplacements de population ainsi que de la pollution atmosphérique. Par exemple, les enfants sont plus sensibles à la fumée des feux de forêt78. Ils sont davantage vulnérables à l’hyperthermie et à la déshydratation en cas de chaleur extrême79. Les conditions météorologiques extrêmes entraînent aussi une augmentation des visites aux urgences pour des enjeux de santé mentale. Elles ont des répercussions sur la capacité d’apprentissage des jeunes80. La moitié des jeunes au Canada se sentent effrayés, anxieux, tristes et impuissants face aux changements climatiques81. Ils estiment que leur génération n’a pas de chance par rapport aux autres générations82. Quelque 78 % affirment que les changements climatiques ont des répercussions sur leur santé mentale générale. Quelque 37 % indiquent que cela a des répercussions sur leur vie quotidienne83.

Les jeunes citent les changements climatiques comme une raison de prendre des décisions différentes dans leur vie. Près de deux personnes sur cinq hésitent à avoir des enfants en raison des changements climatiques84. Ceux qui ont des enfants peuvent être confrontés à une anxiété accrue au sujet de l’avenir de ces derniers. De plus en plus de parents s’organisent pour défendre des politiques de lutte contre les changements climatiques, car ils souhaitent améliorer l’avenir de leurs enfants85,86. Certains jeunes se demandent s’il est utile d’épargner pour la retraite. Ils s’attendent plutôt à ce que le monde soit inhabitable lorsqu’ils vieilliront. Ils choisissent de donner la priorité au présent et de se concentrer sur l’acquisition d’une plus grande autonomie ou d’une vie plus simple87.

Facteur qui change la donne 3 : Les gouvernements et les institutions clés peuvent éprouver des difficultés à impliquer les individus lorsqu'ils sont jeunes, et par la suite tout au long de leur vie

Les facteurs qui influencent la confiance à l’égard du gouvernement pourraient être plus persistants dans la vie des jeunes. Il s’agit notamment de faibles revenus, de difficultés économiques ainsi que d’un statut social peu élevé. Cela pourrait avoir une incidence l’efficacité des institutions clés à l’avenir.

Les forces de changement qui soutiennent ce facteur qui change la donne

Les jeunes du Canada sont davantage démobilisés des processus démocratiques que les générations plus âgées. Ils sont moins susceptibles de voter que les baby-boomers. Ils sont moins à même de dire que le système électoral est juste et représentatif88. La participation des jeunes aux élections a diminué au fil du temps89. Les jeunes s’intéressent cependant aux questions politiques90. Beaucoup se mobilisent dans le cadre d’activités non électorales comme la protestation, le boycottage, l’échange d’informations politiques ou la signature de pétitions91.

Les jeunes sont moins à même d’accepter les autorités traditionnelles et les récits établis. La moitié des jeunes consultent des nouvelles au moins une fois par jour92. Et la plupart le font en ligne93. Mais ils sont moins susceptibles que les groupes plus âgés de faire confiance aux organes de presse établis94. Au lieu de cela, ils recherchent un large éventail de sources d’information différentes95. Certaines sont fondées sur des faits, tandis que d’autres peuvent relever de la désinformation.

Les jeunes se méfient des institutions clés. Cette situation est attribuable à la privation des droits économiques et aux changements climatiques. Il peut en être ainsi tout au long de leur vie. Les jeunes sont moins susceptibles que les adultes plus âgés de faire confiance au gouvernement. Ils sont également moins susceptibles de faire confiance aux services de police, aux tribunaux, aux écoles, aux banques, aux entreprises ou aux médias96. Le manque de confiance des jeunes à l’égard des institutions est corrélé avec le sentiment de ne pas être entendu. Ils trouvent que les systèmes publics sont optimisés pour les styles de communication inhérents aux générations plus âgées97. Les personnes à faible revenu sont particulièrement concernées.

Que peuvent représenter ces changements?

Au cours des prochaines décennies, les changements décrits ci-dessus pourraient se poursuivre et s'intensifier. Une série de conditions sociales et économiques pourraient émerger, mais aucune n'est inévitable. Ne pas y réfléchir pourrait conduire à l’échec des politiques.

Les implications politiques suivantes sont possibles dans un monde où les trois facteurs en matière de changements susmentionnés sont présents. Cette liste n’est pas exhaustive et les décideurs politiques sont invités à approfondir leur réflexion sur les défis et les possibilités énumérés ici.

Conséquences

L'insécurité financière, le changement climatique et le sentiment d'être déconnecté des institutions clés peuvent faire naître chez de nombreux jeunes un sentiment de désespoir face à l'avenir. Ces facteurs s’alimentent mutuellement dans le cadre d’un cercle vicieux. Une mauvaise santé mentale et un environnement médiatique complexe constituent d’autres facteurs. La détresse psychologique est associée aux difficultés financières. Elle est davantage prononcée chez les personnes célibataires, les chômeurs, les personnes à faible revenu et les locataires. Tous ces facteurs sont aussi associés à la jeunesse98. Les jeunes peuvent aussi s’attendre à un effondrement environnemental, économique ou social au cours de leur vie. Ces facteurs peuvent entraîner un plus grand nombre de jours sans travailler et un moins bon rendement au travail. Les jeunes peuvent être inhibés concernant leur prise de décision. Ils peuvent être réticents à investir dans des institutions et des actifs établis comme les fonds de retraite et le logement.

La précarité économique et les changements climatiques peuvent modifier les attentes et les expériences des jeunes en matière de logement. Les politiques actuelles en matière de logement risquent de ne pas répondre aux attentes des jeunes pour l’avenir. Les jeunes pourraient tourner le dos aux villes où le coût de la vie est très élevé. Ils pourraient se tourner vers des régions plus abordables, tant au Canada ou à l’étranger. Nombreux sont ceux qui abandonnent l’idée d’accéder à la propriété. Ils peuvent s’attendre à toujours vivre avec leurs parents, des colocataires ou même des personnes âgées, comme le montre L’avenir des ménages.

Les jeunes du Canada ne s’attendent peut-être pas à ce que les gouvernements et les institutions les soutiennent lorsqu’ils vieillissent. Historiquement, en vieillissant, les jeunes font souvent la paix avec le système. Cela se produit lorsqu’ils accumulent des responsabilités, deviennent propriétaires ou élèvent une famille99. Cependant, les jeunes d’aujourd’hui se méfient des tentatives de mesures de soutien des gouvernements et des institutions. Leur confiance à l’égard des institutions clés peut ne pas augmenter avec l’âge. Des facteurs comme les faibles revenus et le statut social inférieur ont des répercussions sur la confiance à l’égard du gouvernement. On s’attend à ce que ces facteurs soient davantage persistants tout au long de la vie des jeunes. En vieillissant, les jeunes peuvent rester méfiants à l’égard du gouvernement. Ils peuvent continuer à se désintéresser des processus démocratiques. Ils peuvent préférer d’autres formes d’organisation et de mesures politiques. L’unité nationale et la légitimité du gouvernement pourraient alors s’éroder. Le sentiment qu’un contrat intergénérationnel a été rompu peut se développer. Les gouvernements de l’avenir pourraient être moins en mesure de s’appuyer sur le soutien populaire et l’autorité morale afin d’atteindre leurs objectifs politiques.

Les jeunes sont préoccupés par la satisfaction de leurs besoins fondamentaux à court terme. Ils peuvent être incapables de planifier l’avenir. Beaucoup n’ont pas les moyens d’investir dans l’épargne-retraite ou encore l’assurance. Cela les rend vulnérables à l’effondrement financier ou encore au sans-abrisme. De faibles revenus, une épargne réduite ainsi que des niveaux d’endettement élevés peuvent placer de nombreuses personnes sur une trajectoire de désavantage tout au long de leur vie. Des récessions à venir ou des transformations du marché du travail pourraient exacerber la situation. Ces facteurs peuvent aussi contribuer à une réticence à prendre des risques. Un plus grand nombre de jeunes pourraient préférer la stabilité à l’esprit d’entreprise, comme cela est exploré dans L’avenir de l’assurance.

Conclusion

L’incertitude peut devenir une force palpable qui participe à remodeler l’avenir du parcours de vie. Les pressions exercées sur l’économie et l’environnement peuvent rendre l’avenir plus difficile à prévoir. Les technologies y contribueront également. Les changements radicaux en cours peuvent devenir des conditions prédominantes.

Ce rapport explore les changements dans trois domaines : la composition des ménages, l’assurance ainsi que les attentes des jeunes. Il éclaire la façon dont la vie des personnes au Canada pourrait changer à moyen terme. Le rapport examine comment ces trois domaines clés s’influencent à la fois mutuellement et de multiples façons. Il examine également les stratégies utilisées par les personnes afin de s’adapter à l’incertitude et de se protéger contre les risques. Elles vont de l’assurance privée aux relations sociales.

À l’avenir, de nouvelles forces de changement pourraient créer de nouveaux risques et de nouvelles exigences. Les valeurs et les normes sociales peuvent continuer à évoluer. Les personnes peuvent reconsidérer leurs aspirations normatives. Elles peuvent rejeter les étapes traditionnelles de la vie. Les personnes peuvent constituer des familles atypiques. Elles peuvent repenser leur relation avec le gouvernement ainsi qu’avec d’autres institutions clés.

Les forces de changement peuvent amener de nombreuses personnes à se remettre en question et perturber les politiques existantes. Toutefois, elles peuvent également créer un espace d’innovation et d’occasions.

Remerciements

Ce rapport de prospective synthétise les réflexions, les idées et les analyses de nombreux contributeurs et contributrices à travers des recherches, des entretiens, des conversations et des ateliers. L'équipe du projet souhaite remercier les expert.e.s qui ont généreusement partagé leur temps et leur expertise pour soutenir la recherche, y compris ceux et celles qui ont choisi de rester anonymes.

Équipe du projet

John Beasy, analyste, recherche en prospective
Christopher Hagerman, gestionnaire intérimaire, recherche en prospective
Amanda Joy, analyste, recherche en prospective
Nicole Rigillo, analyste principale et chef de project, recherche en prospective
Simon Robertson, directeur, recherche en prospective
Tieja Thomas, gestionnaire, recherche en prospective
Kristel Van der Elst, directrice générale
Meaghan Wester, analyste, recherche en prospective

Communications

Mélissa Chiasson, conseillère en communication
Laura Gauvreau, gestionnaire, communications
Andrew Wright, rédacteur (externe)

Notes de fin de texte

1Ménage désigne une personne ou un groupe de personnes qui occupent le même logement. Il peut s’agir d’un logement collectif ou d’un logement privé. Le ménage peut être constitué d’un groupe familial tel qu’une famille de recensement, de deux familles ou plus partageant un logement, d’un groupe de personnes sans lien de parenté ou d’une personne vivant seule.
La famille de recensement est définie comme un couple marié et les enfants, le cas échéant, de l’un ou l’autre des conjoints ou des deux; un couple vivant en union de fait et les enfants, s’il y a lieu, de l’un ou l’autre des partenaires ou des deux; ou un parent de n’importe quel état matrimonial dans une famille monoparentale avec au moins un enfant vivant dans le même logement et cet enfant ou ces enfants. Tous les membres d’une famille de recensement vivent dans le même logement. Les petits-enfants qui vivent avec leur(s) grand-parent(s) mais dont les parents ne sont pas présents constituent également une famille de recensement.
La famille économique renvoie à un groupe de deux personnes ou plus habitant dans le même logement et apparentées par le sang, par alliance, par union libre, par adoption ou en tant que famille d’accueil.
2Fraser, Nancy. « After The Family Wage: Gender Equity and the Welfare State ». Political Theory, vol. 22, no 4, 1994, p. 591-618, https://doi.org/10.1177/0090591794022004003.
3Stephen Punwasi, « Canadian Real Estate Prices Are Growing Over 10x The Rate of Incomes, » Better Dwelling, 18 avril 2022, https://betterdwelling.com/canadian-real-estate-prices-are-growing-over-10x-the-rate-of-incomes/.
4Gouvernement du Canada, Statistique Canada. « Société canadienne d’hypothèques et de logement, loyers moyens pour les régions de 10 000 habitants et plus, » 27 juin 2018. https://www150.statcan.gc.ca/t1/tbl1/fr/cv!recreate-nonTraduit.action?pid=3410013301&request_locale=fr.
5David Macdonald et Ricardo Tranjan, « Can’t Afford the Rent: Rental Wages in Canada 2022 » (Centre canadien de politiques alternatives, 18 juillet 2023), 5, https://policyalternatives.ca/publications/reports/cant-afford-rent.
6Gouvernement du Canada, Statistique Canada, « Tableau : 18-10-0006-01 Indice des prix à la consommation, mensuel, désaisonnalisé » (Gouvernement of Canada). Consulté le 16 août 2023, https://www150.statcan.gc.ca/t1/tbl1/fr/tv.action?pid=1810000601&request_locale=fr.
7Gouvernement du Canada, Statistique Canada. « Tableau : 11-10-0239-01 Revenu des particuliers selon le groupe d’âge, le sexe et la source de revenu, Canada, provinces et certaines régions métropolitaines de recensement, ». Consulté le 16 février 2024, https://www150.statcan.gc.ca/t1/tbl1/fr/tv.action?pid=1110023901&request_locale=fr.
8Statistique Canada. « Comptes économiques du secteur des ménages canadiens répartis selon le revenu, la consommation, l’épargne et le patrimoine », 4 juillet 2023, https://www150.statcan.gc.ca/n1/daily-quotidien/230704/dq230704a-fra.htm?HPA=1.
9Aled ab Iorwerth, « Incidence de l’endettement des ménages sur l’économie canadienne, » Société canadienne d’hypothèques et de logement, 23 mai 2023, https://www.cmhc-schl.gc.ca/lobservateur-du-logement/2023/hausse-continue-endettement-menage-risques-demeurent-eleves-economie-canadienne.
10Klinenberg, Eric. Partir seul : l’ascension extraordinaire et l’attrait surprenant de vivre seul. Pingouin, 2013.
11L’Institut Vanier. « Vivre sous le même toit : Les foyers multigénérationnels au Canada (mise à jour au Recensement de 2021. » L’Institut Vanier de la famille, 28 juillet 2022, https://vanierinstitute.ca/fr/vivre-sous-le-meme-toit-les-foyers-multigenerationnels-au-canada-mise-a-jour-au-recensement-de-2021/.
12Gouvernement du Canada, Statistique Canada, « Les immigrants représentent la plus grande part de la population depuis plus de 150 ans et continuent de façonner qui nous sommes en tant que Canadiens. » 26 octobre 2022, https://www150.statcan.gc.ca/n1/daily-quotidien/221026/dq221026a-fra.htm.
13Ryan Scoats et Christine Campbell, « What Do We Know about Consensual Non-Monogamy?, » Current Opinion in Psychology 48 (décembre 2022) : 2, https://doi.org/10.1016/j.copsyc.2022.101468.
14Shanklin, Will. « Tinder Now Lets You Specify Gender Pronouns and Non-Monogamous Relationship Types. » Engadget, 16 mars 2023. https://www.engadget.com/tinder-now-lets-you-specify-gender-pronouns-and-non-monogamous-relationship-types-170823987.html.
15Michael MacDonald, « Trois personnes dans une relation polyamoureuse reconnues comme parents légaux d’un enfant » CBC News, 14 juin 2018, https://www.cbc.ca/news/canada/newfoundland-labrador/polyamourous-relationship-three-parents-1.4706560.
16Statistique Canada, « Tableau 98-10-0123-01 Structure de la famille de recensement, présence d’enfants et nombre moyen de personnes par famille de recensement : Canada, provinces et territoires, régions métropolitaines de recensement et agglomérations de recensement, » 13 juillet 2022, https://www150.statcan.gc.ca/t1/tbl1/fr/tv.action?pid=9810012301&request_locale=fr.
17Leanne Italie, « Platonic Co-Parenting Offers an Alternate Model for Family Building, » AP News, 7 juin 2023, https://apnews.com/article/platonic-parenting-nontraditional-families-0a9dabe9629fcc1686546b30b3c2d4a4.
18Leah Rockwell, « Living Apart From My Partner Was the Best Decision We Could Have Made, » Good Housekeeping, 25 août 2022, https://www.goodhousekeeping.com/life/relationships/a40967196/living-apart-together/.
19Vicky Lyssens-Danneboom and Dimitri Mortelmans, « Living Apart Together and Money: New Partnerships, Traditional Gender Roles, » Journal of Marriage and Family vol. 76, no 5, 2014 : p. 957, https://doi.org/10.1111/jomf.12136.
20Linda Nguyen, « Are You Average? This Is What First-Time Home Buyers Look like in Canada, » The Globe and Mail, 9 avril 2013, https://www.theglobeandmail.com/real-estate/mortgages-and-rates/are-you-average-this-is-what-first-time-home-buyers-look-like-in-canada/article10931739/.
21Salman Haqqi, « The Age of the First Time Buyer, » Money.co.uk, 9 novembre 2020, https://www.money.co.uk/guides/first-time-buyers-around-the-world.
22Benjamin Tal, « Gifting for a down Payment-Perspective, » Economics In Focus (CIBC, 25 octobre 2021), 1, https://economics.cibccm.com/cds?flag=E&id=9dc124d8-9764-4c1d-83b4-9e89a5d568b8.
23https://www.ctvnews.ca/business/parents-gifted-10b-to-adult-children-in-past-year-to-buy-homes-cibc-1.5637498
24Darrell Bricker, « Six in Ten (63%) Canadians Who Don’t Own a Home Have ‘Given Up’ on Ever Owning One, » Ipsos, 29 avril 2022, https://www.ipsos.com/en-ca/news-polls/Six-in-Ten-Canadians-Dont-Own-Home-Given-Up-Ever-Owning.
25Gouvernement du Canada, Statistique Canada. « Le Quotidien - Seul chez soi : Le nombre de personnes vivant seules est plus élevé que jamais, mais les colocataires sont le type de ménage qui connaît la plus forte croissance, » 13 juillet 2022. https://www150.statcan.gc.ca/n1/daily-quotidien/220713/dq220713a-fra.htm.
26Zinhle Essamuah, « Friends Are Buying Homes Together. Here’s Why., » NBC News, 17 décembre 2021, https://www.nbcnews.com/news/us-news/friends-are-buying-homes-together-rcna9087.
27Summer Eldemire, « The Single Mums Who Live Together on ‘Mommunes, » BBC News, 10 septembre 2019, https://www.bbc.com/worklife/article/20190827-the-single-mums-who-live-together-on-mommunes.
28Haydn Watters, « These Seniors Couldn’t Afford Living Alone - so They’re Becoming Roommates | CBC News, » CBC News, 29 mai 2019, https://www.cbc.ca/news/canada/toronto/senior-ladies-living-together-1.5153176.
29« Golden Homesharing Connections, » Golden Homesharing Connections Canada- Homesharing 55+, consulté le 5 juillet 2023, https://goldenhomesharingconnections.ca/.
30« Le premier projet de cohabitation intergénérationnelle de la région!, » Résidence Marie Rose, 12 juillet 2023, https://residencemarierose.com/cohabitation-intergenerationnelle/.
31« Projet de loi 69, Loi de 2019 sur les Golden Girls, » No 69, consulté le 5 juillet 2023, https://www.ola.org/fr/affaires-legislatives/projets-loi/legislature-42/session-1/projet-loi-69.
32« Developers Building More Small Condos, despite People Clamouring for More Space, » The Globe and Mail, 7 décembre 2020, https://www.theglobeandmail.com/business/article-developers-building-more-small-condos-even-as-people-clamour-for-more/.
33Yang Sun, « A Visual Guide to Detached House Zones in 5 Canadian Cities, » DataLabTO, consulté le 6 juillet 2023, http://www.datalabto.ca/a-visual-guide-to-detached-houses-in-5-canadian-cities/.
34Choe, Ellis. « Many Cooks, One Mortgage. Multigenerational Homes Are Taking off in Calgary. » CBC News, 3 novembre 2022. https://www.cbc.ca/news/canada/calgary/multi-generational-calgary-homes-1.6633826.
35Statistics Canada, “Economic family”, November 25, 2021, https://www23.statcan.gc.ca/imdb/p3Var.pl?Function=Unit&Id=33863&wbdisable=true.
36L’assurance est une forme de protection contre les risques et les pertes. Il peut s’agir d’une assurance privée, comme l’assurance-vie, l’assurance maladie, l’assurance des biens ou l’assurance responsabilité, ou d’une assurance publique, comme l’assurance-emploi ou les soins de santé. Le présent rapport porte principalement sur l’assurance privée. Les filets de sécurité informels, tels que les soutiens familiaux ou communautaires, peuvent également être considérés comme une sorte d’assurance qui protège contre les risques potentiels.
37Qadadeh, Wafa, and Sherief Abdallah. “Customers Segmentation in the Insurance Company (TIC) Dataset.” Procedia Computer Science, vol. 144, janvier 2018, p. 277 à 290, https://doi.org/10.1016/j.procs.2018.10.529.
38Behm, Simon et al. Digital ecosystems for Insurers: Opportunities in the Internet Of Things. McKinsey & Company, janvier 2019, https://www.mckinsey.com/~/media/McKinsey/Industries/Financial%20Services/Our%20Insights/Digital%20ecosystems%20for%20insurers%20Opportunities%20through%20the%20Internet%20of%20Things/Digital-ecosystems-for-insurers-Opportunities-through-the-Internet-of-Things.ashx.
39AXA Foresight. « 2040 : Explorer les défis futurs de la société, » 4 février 2021.
40Cevolini, Alberto et Elena Esposito. « From Actuarial to Behavioural Valuation. The Impact of Telematics on Motor Insurance. » Valuation Studies, vol. 9, no 1, décembre 2022, p. 109 à 139, https://doi.org/10.3384/VS.2001-5992.2022.9.1.109-139.
41Cevolini, Alberto et Elena Esposito. « From Actuarial to Behavioural Valuation. The Impact of Telematics on Motor Insurance. » Valuation Studies, vol. 9, no 1, décembre 2022, p. 109 à 139, https://doi.org/10.3384/VS.2001-5992.2022.9.1.109-139.
42D’Souza, Steven et al. « Up to 10% of Homes Could Now Be ‘uninsurable’ Because of Flood Risk. Yours May Be One of Them. » CBC News, 27 novembre 2021, https://www.cbc.ca/news/canada/marketplace-home-insurance-1.6262386.
43Saba, Rosa. « Insurance Costs Rising as ‘Catastrophic Events’ Become the Norm. » Global News. 2 juin 2023. https://globalnews.ca/news/9741480/insurance-costs-canada-wildfire-extreme-weather/.
44MacMillan, Sarah. « Two Years after Barrie’s Devastating Tornado, Some Still Suffer Emotional Scars » CBC News, 14 juillet 2023, https://www.cbc.ca/news/canada/toronto/toronto-barrie-tornado-two-years-later-1.6905953.
45McKenzie, Holly. « How Will Climate Change Affect Canada’s Insurance Market? » BNN Bloomberg, 6 juillet 023, https://www.bnnbloomberg.ca/how-will-climate-change-affect-canada-s-insurance-market-1.1942323.
46Conseil canadien des responsables de la règlementation d’assurance. Changements climatiques, les catastrophes naturelles et la sensibilisation des consommateurs : Énoncé de position. Printemps 2023, https://www.ccir-ccrra.org/Documents/View/3759.
47Horizons de politiques Canada. « Vies futures. » Gouvernement du Canada, 2022. https://horizons.service.canada.ca/fr/2022/06/01/vies-futures/.
48Gage, Deanne. « Why Second Marriages Require More Robust Review of Estate Plans. » The Globe and Mail, 28 février 2023, https://www.theglobeandmail.com/investing/globe-advisor/advisor-news/article-why-second-marriages-require-more-robust-review-of-estate-plans/.
49Nanowski, Natalie. « What You Need to Know about Tenant’s Insurance. » CBC News, 5 septembre 2018, https://www.cbc.ca/news/canada/toronto/displaced-st-james-town-fire-struggling-without-insurance-1.4805210.
50Croix-Rouge canadienne, blogue. « Assurance habitation pour locataire en cas d’inondation. » Croix-Rouge canadienne. Consulté le 22 août 2023. https://www.croixrouge.ca/blogue/2023/3/avez-vous-une-assurance-habitation-pour-locataire-en-cas-d-inondation.
51Direction des services juridiques. Lois fédérales codifiées du Canada, Loi sur la non-discrimination génétique. 4 mai 2017, https://laws-lois.justice.gc.ca/fra/lois/g-2.5/index.html.
52Ce programme est administré par les provinces et les territoires, avec un paiement maximal allant de 160 000 $ à 500 000 $. Sécurité publique Canada. Accords d’aide financière en cas de catastrophe (AAFCC). 21 décembre 2018, https://www.securitepublique.gc.ca/cnt/mrgnc-mngmnt/rcvr-dsstrs/dsstr-fnncl-ssstnc-rrngmnts/index-fr.aspx.
53Gall, Melanie. « Why Insurance Companies Are Pulling out of California and Florida, and How to Fix Some of the Underlying Problems ». The Conversation/La Conversation, 7 juin 2023, http://theconversation.com/why-insurance-companies-are-pulling-out-of-california-and-florida-and-how-to-fix-some-of-the-underlying-problems-207172.
54Booth, Kate, Shaun French, and Chloe Lucas. Climate, Society and Elemental Insurance: Capacities and Limitations. 1re éd. Londres : Routledge, 2022. https://doi.org/10.4324/9781003157571.
55Bernards, Nick. « Waiting for the Market? Microinsurance and development as Anticipatory ». Environment and Planning A: Economy and Space, vol. 54, no 5, 2022, p. 949-965.
56DuChene, Courtney. « Business Interruption Lessons the Suez Canal Blockage Taught Us - and How Insurance Policies Need to Evolve as a Result. » Risk & Insurance, 3 juin 2021, https://riskandinsurance.com/business-interruption-lessons-the-suez-canal-blockage-taught-us-and-how-insurance-policies-need-to-evolve-as-a-result/.
57Christophers, Brett, Patrick Bigger, and Leigh Johnson. « Stretching Scales? Risk and Sociality in Climate Finance. » Environment and Planning A: Economy and Space vol. 52, no 1 (1er février 2020) : p. 88 à 110. https://doi.org/10.1177/0308518X18819004
58Bernhardt, Alex, Carolyn Kousky, Andy Read, et Christopher Sykes. « Community-Based Catastrophe Insurance : A Model for Closing the Disaster Protection Gap, » Marsh & Mclellan, 2021. https://static1.squarespace.com/static/624f514aeffbba40b8b75fda/t/6263dd129f4a3b3db3999ba5/1650711826451/Community-Based-Catastrophe-Insurance-February-2021.pdf.
59Aux fins du présent mémoire, les jeunes sont définis comme des personnes âgées de 15 à 30 ans. Bien qu’il existe de nombreuses façons de définir la jeunesse, cette tranche d’âge est conforme aux définitions actuelles utilisées par Statistique Canada et par Patrimoine canadien.
60Statistique Canada, « Tableau 11-10-0239-01 Revenu des particuliers selon le groupe d’âge, le sexe et la source de revenu, Canada, provinces et certaines régions métropolitaines de recensement, » 2 mai 2023, https://www150.statcan.gc.ca/t1/tbl1/fr/tv.action?pid=1110023901&request_locale=fr.
61Deloitte. « L’enquête 2023 de Deloitte sur les Gen Z et les millennials. » Deloitte, 2023, https://www2.deloitte.com/ca/fr/pages/about-deloitte/articles/home.html?icid=site_selector_ca.
62Rhythm Sachdeva, « Affordability Crisis: Why Young Canadians Are Facing a ‘huge’ Wealth Gap, » CTV News, 12 octobre 2022, https://www.ctvnews.ca/business/affordability-crisis-why-young-canadians-are-facing-a-huge-wealth-gap-1.6106343.
63Rhythm Sachdeva, « Canadians Are Resorting to Debt to Pay Bills amid High Inflation, » CTV News, 26 août 2022, https://www.ctvnews.ca/business/canadians-are-resorting-to-debt-to-pay-bills-amid-high-inflation-1.6044790.
64Ajouter ou enlever des données - Droits de scolarité des étudiants canadiens du premier cycle selon les domaines d’études, 1972-1973 à 2006-2007, inactif, 1972/1973 to 2006/2007, (statcan.gc.ca)
65Droits de scolarité des étudiants canadiens du premier cycle selon les domaines d’études (dollars courants) (statcan.gc.ca)
66Canada’s 1m job vacancies are mostly in entry-level, low-wage positions - Business Council of British Columbia (bcbc.com)
67Paiements Canada. « Statistiques sur l’économie à la demande au Canada, » 5 octobre 2023. https://www.paiements.ca/une-nouvelle-etude-de-paiements-canada-revele-que-les-travailleurs-la-demande-sont-frustres-par-le.
68Young people entering the workforce are stuck in gig work without a safety net, experts say - On The Record (ontherecordnews.ca)
69Mesurer l’économie à la demande au Canada au moyen des données administratives (statcan.gc.ca)
70Loewen, Peter, and Blake Lee-Whiting, “Precarious Employment to Stable Flexibility: What do Canadian Gig Workers want?,” September 20, 2021. https://ppforum.ca/policy-speaking/what-do-canadian-gig-workers-want/.
71https://www.upwork.com/press/economics/freelancing-and-the-economy-in-2019/
72Chapitre 2 : L’emploi des jeunes au Canada (statcan.gc.ca)
73Hickman, Caroline, Elizabeth Marks, Panu Pihkala, Susan Clayton, R. Eric Lewandowski, Elouise E. Mayall, Britt Wray, Catriona Mellor, and Lise van Susteren. “Climate Anxiety in Children and Young People and Their Beliefs about Government Responses to Climate Change: A Global Survey.” The Lancet Planetary Health, vol. 5, no 12 (1er décembre 2021): e863–73. https://doi.org/10.1016/S2542-5196(21)00278-3.
74Chapitre 5 : Les jeunes et l’environnement (statcan.gc.ca)
75Climate activism has so far been fairly peaceful: here’s why that might change (theconversation.com)
76Éditorial : Tanné·e d’être écoanxieux·se? Deviens écofurieux·se! | RAGE CLIMATIQUE, Coalition Anticapitaliste et Écologiste
77UNICEF Canada LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES ET LES DROITS DES ENFANTS | UNICEF Canada : Pour chaque enfant
78BC Children’s Hospital. Tips for Wildfire Smoke and Children. http://www.bcchildrens.ca/about/news-stories/stories/tips-for-wildfire-smoke-and-children. Consulté le 15 septembre 2023.
79US EPA, OA. Protecting Children’s Health During and After Natural Disasters: Extreme Heat. 7 octobre 2020, https://www.epa.gov/children/protecting-childrens-health-during-and-after-natural-disasters-extreme-heat.
80Perera, Frederica, and Kari Nadeau. « Climate Change, Fossil-Fuel Pollution, and Children’s Health. » The New England Journal of Medicine, vol. 386, 2022, p. 2303 à 2314.
81Galway and Field, « Climate Emotions and Anxiety among Young People in Canada, » 3.
82Institut Angus Reid. « Young Leaders in Canada: Plurality Emphasize Restructuring Society over Improving Existing Systems. » Institut Angus Reid, 10 novembre 2021. https://angusreid.org/young-leaders-restructure-society/.
83Lindsay P. Galway et Ellen Field, « Climate Emotions and Anxiety among Young People in Canada: A National Survey and Call to Action, » The Journal of Climate Change and Health 9 (1er janvier 2023) : 1, https://doi.org/10.1016/j.joclim.2023.100204.
84Hickman et al., « Climate Anxiety in Children and Young People and Their Beliefs about Government Responses to Climate Change, » e868.
85« For Our Kids. » For Our Kids, https://www.forourkids.ca/. Consulté le 15 septembre 2023.
86Mères au front. Consulté le 16 octobre 2023. https://meresaufront.org/.
87Benjamin, Sarah-Florence. “« Tous morts du réchauffement climatique » : des jeunes arrêtent d’épargner pour leur retraite. 24 heures, août, 7 h 00 min 00 s 2023. https://www.24heures.ca/2023/08/23/tous-morts-du-rechauffement-climatique-des-jeunes-arretent-depargner-pour-leur-retraite.
88« Proof Strategies CanTrust Index 2023 Results Report » (Proof Strategies, 2023), 42, https://getproof.com/trust/cantrust/.
89Loewen, Peter. « Le changement générationnel : Évolution du déclin de la participation électorale des jeunes. » Élections Canada, 2 février 2022. https://www.elections.ca/content.aspx?section=res&dir=rec/part/yth/gnchng&document=p1&lang=f.
90« Revisiting News Consumption and Democratic Engagement » (Apathy Is Boring & Abacus Data, 2021), 1, https://d3n8a8pro7vhmx.cloudfront.net/apathyisboring/pages/687/attachments/original/1629743211/Abacus_Report_Data_2021_EN_v4.pdf?1629743211.
91Loewen, Peter. « Le changement générationnel : Évolution du déclin de la participation électorale des jeunes. » Élections Canada, 2 février 2022. https://www.elections.ca/content.aspx?section=res&dir=rec/part/yth/gnchng&document=p1&lang=f.
92« Jeunesse canadienne, » 15.
93 Rahul Sethi, « Research: 48% of Canadians Consume Online News Several Times Daily, » Vividata, 6 mai 2019, https://vividata.ca/research-48-of-canadians-consume-online-news-several-times-daily/.
94Eddy, Kristen. « The Changing News Habits and Attitudes of Younger Audiences. » Reuters Institute for the Study of Journalism. Consulté le 30 octobre 2023. https://reutersinstitute.politics.ox.ac.uk/digital-news-report/2022/young-audiences-news-media.
95Lucas Galan et al., « How Young People Consume News and the Implications for Mainstream Media » (Reuters Institute for the Study of Journalism, Oxford University, 2019), 44, https://reutersinstitute.politics.ox.ac.uk/our-research/how-young-people-consume-news-and-implications-mainstream-media.
96Gouvernement du Canada, Statistique Canada. « Confiance envers les institutions canadiennes, selon les groupes désignés comme minorités visibles et certaines caractéristiques sociodémographiques, 2020, » 17 mai 2022. https://www150.statcan.gc.ca/t1/tbl1/fr/tv.action?pid=4310006201&request_locale=fr.
97OCDE. « Instaurer la confiance pour renforcer la démocratie : Principales conclusions de l’enquête 2021 de l’OCDE sur les déterminants de la confiance dans les institutions publiques. » oecd-ilibrary.org, 2022. https://www.oecd-ilibrary.org/governance/instaurer-la-confiance-pour-renforcer-la-democratie_f6a31728-fr.
98Ryu, Soomin, et Lu Fan. « The Relationship Between Financial Worries and Psychological Distress Among U.S. Adults ». Journal of Family and Economic Issues vol. 44, no 1 (2023) : p. 16 à 33. https://doi.org/10.1007/s10834-022-09820-9.
99Nicole Goodman. « Here’s how we can get more people to vote in elections ». https://theconversation.com/heres-how-we-can-get-more-people-to-vote-in-elections-112486.

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