Causeries d’Horizons : La Loi sur le bien-être des générations futures du pays de Galles

Le 26 septembre 2022. Sophie Howe nous fera part des progrès dans la mise en œuvre de la Loi sur le bien-être des générations futures du pays de Galles. 13 16
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La série de conférences Causeries d’Horizons réunit des experts du Canada et du monde entier qui partagent leurs recherches et leurs idées prospectives avec les fonctionnaires.


Sophie Howe, la commissaire aux générations futures du pays de Galles, nous fera part des progrès dans la mise en œuvre de la Loi sur le bien-être des générations futures du pays de Galles, et nous parlera de l’élan croissant en faveur de la protection des intérêts des générations futures dans le processus décisionnel national et mondial.

Conférencières

Sophie Howe

Le rôle de Sophie Howe est de conseiller le gouvernement et les autres organismes publics du pays de Galles sur la manière d’assurer le bien-être social, économique, environnemental et culturel des générations actuelles et futures, ainsi que d’évaluer et de rendre compte de la manière dont ils y parviennent. Sophie a mené des interventions de premier plan axées sur la planification des transports, la réforme de l’éducation et le changement climatique au Pays de Galles. Sophie a conseillé divers gouvernements et le secrétaire général du Bureau des Nations unies sur des propositions visant à actualiser la gouvernance de l’ONU, afin de prendre en compte les intérêts des générations futures.

Kristel Van der Elst

Kristel est la directrice générale de Horizons de politiques Canada, Gouvernement du Canada. Elle est ancienne cheffe de la prospective stratégique du World Economic Forum. Kristel est titulaire de 3 maîtrises, dont un MBA de la Yale School of Management. Elle est boursière Fulbright et boursière ambassadrice de la fondation Rotary International.

Transcription

KRISTEL VAN DER ELST : Bonjour tout le monde. Bienvenue à notre premier événement de retour dans un monde virtuel avec de vraies personnes dans notre bureau. Nous sommes très heureux de cela et nous vous souhaitons la bienvenue. Mme Howe, Sophie

Bonjour à tout le monde, Miigwetch. C’est un tel plaisir d’être ici aujourd’hui avec vous. Mais avant de commencer, Je voudrais d’abord prendre un moment pour reconnaître le territoire sur lequel nous nous rassemblons ici à Ottawa, qui se trouve sur les rives du Kitchissippi, un territoire traditionnel et non cédé des Algonquins Anishinaabés.

Comme je l’ai dit, c’est la première fois que nous sommes de retour avec un événement dans nos bureaux. Mais bien sûr, Horizons de politiques a organisé des événements au cours des deux dernières années tout au long de la pandémie, en fait, nous avons eu beaucoup de Causeries d’Horizons.

Nous avons également eu la Semaine des avenirs, deux fois, vous pouvez trouver tout ça sur notre site web, et ceux qui étaient avec nous à la Semaine des avenirs [2022] en juin reconnaîtront sans doute notre invitée d’aujourd’hui.

Elle était notre principale conférencière en fait, Sophie, quand nous avons parlé des perspectives des générations futures, comment elles voyaient le Canada et comment nous pouvions apporter ce type de connaissances dans la prise de décision d’aujourd’hui.

Et Sophie, c’était l’une des séances les plus suivies. Nous sommes donc très heureux que vous soyez de retour ici. Et je pense que nous pouvons confirmer l’intérêt pour ce sujet parce que nous avons l’assistance ici, mais nous avons aussi environ 200 personnes en ligne. Alors c’est fantastique.

Sophie est donc ici avec nous. Comme vous le savez, elle est la commissaire aux générations futures du pays de Galles et elle a aussi été appelée la gardienne des intérêts des générations futures au pays de Galles, et aussi la ministre des enfants à naître.

Pas de pression, donc.

[rires dans l’auditoire]

Son rôle est de fournir des conseils au gouvernement et à d’autres organismes publics au pays de Galles sur la prestation de services sociaux, économiques, environnementaux et le bien-être culturel pour les générations actuelles et futures, et d’évaluer et de rendre des comptes sur la façon dont cela progresse et sur la mise en oeuvre.

Elle fait ça depuis 2016 et elle a mené en fait, plusieurs dossiers très en vue, certains sur la planification des transports, dont elle a parlé également à la Semaine des avenirs, d’autres sur les réformes éducatives ou le changement climatique, mettant le gouvernement et différentes parties de la société au défi de démontrer comment ils ont en fait pris en compte cette sorte de vision des générations futures dans leur prise de décision du moment.

Donc avant cela, Sophie était commissaire adjointe au aux politiques et à la criminalité pour le sud du pays de Galles et conseillère auprès de deux premiers ministres gallois.

Alors, merci beaucoup encore d’être avec nous ici. C’est un vrai privilège et je vais vous donner l’occasion de venir nous parler du pays de Galles et de sa Loi sur le bien-être et les générations futures.

Après la présentation, nous aurons une conversation « au coin du feu », mais vous aurez aussi l’occasion de poser des questions. Donc pour les personnes qui sont avec nous en ligne, vous pouvez trouver dans le babillard un lien vers Slido où vous pouvez poser vos questions, ou vous pouvez aussi voter pour les questions d’autres personnes que vous trouvez intéressantes. Pour les personnes présentes dans la salle ici, nous aurons un microphone qui circulera au moment des questions-réponses. Mais on vous invite aussi à regarder ce que les autres font sur Slido.

Si vous avez besoin de vous connecter à Internet, des deux côtés de la salle, vous trouverez nos codes wi-fi pour le faire.

Alors, je suis impatiente de vous parler, Mme Howe, Sophie, je vous laisse la parole.

SOPHIE HOWE : Eh bien, merci. C’est un véritable plaisir d’être avec vous cet après-midi. Alors bon après-midi, bonjour, prynhawn da, comme on dit au pays de Galles, et je sens que je suis parmi des amis ici. Je n’ai pas toujours l’impression que je suis parmi des amis, ceux qui ont conscience de l’importance de tenir compte de l’impact à long terme de nos actions.

Et bien sûr, vous savez, les défis auxquels nous sommes confrontés, en effet des défis très actuels au Canada en ce moment en termes du cyclone, en termes de feux de forêt en termes d’inondations que vous avez vécus, et en effet nous avons vécu quelque-chose de similaire au pays de Galles, sont autant de conséquences, Je dirais, en fait de notre vision à court terme et de notre manque de réflexion et de planification pour l’avenir.

C’est pourquoi il est si important que les gouvernements comme le vôtre, les gouvernements comme le nôtre, assez différents en termes d’échelle, Le pays de Galles a une population d’un peu plus de 3 millions de personnes, mais j’aime à penser que nous sommes petits et beaux. En fait, nous avons été décrits par quelqu’un comme faisant partie d’une « ligue de petites et impressionnantes nations », ce que je trouve plutôt cool parce que les choses que nous faisons en termes de l’intérêt des générations futures et en particulier en termes de législation, est en effet révolutionnaire.

Et je pense qu’une des clés, l’un des principaux objectifs de notre législation essaie vraiment de faire pencher la balance entre le bien-être économique et le bien-être climatique, le bien-être des gens et le bien-être de la planète, et pendant trop longtemps, c’est d’ailleurs pourquoi nous voyons certains de ces grands défis en termes de l’urgence climatique en ce moment, la balance a vraiment penché du côté de l’économie.

Et bien sûr, en tant que gouvernement membre de l’économie du bien-être, le Canada est absolument un phare pour ce qui est de prendre ce virage. Mais même si vous regardez, bon, ils ont un long chemin à parcourir, mais si vous regardez certaines des choses que Biden a dites au cours de la dernière semaine environ, on sent vraiment cette évolution par rapport au PIB, à la VAB et à l’augmentation de la croissance économique à tout prix.

Il y a vraiment un changement, et je pense que c’est notre rôle en tant que nations progressistes d’essayer vraiment d’accélérer ce changement.

Donc, d’un point de vue gallois, Qu’est-ce que la Loi sur les générations futures? Eh bien, elle a été adoptée en 2015, le premier pays à avoir placé, vraiment, les ODD au au cœur de ce que nous faisions et à les inscrire dans la loi, à donner à ces ODD une base législative.

Elle a commencé sa vie dans un programme électoral qui disait simplement que nous allions légiférer en faveur du développement durable. Et elle s’est transformée à travers le processus de consultation, de dialogue avec les citoyens par le biais de cette consultation appelée « Le pays de Galles que nous voulons », où la question que nous avons posée aux Gallois était « quel pays de Galles voulez-vous léguer à vos enfants, vos petits-enfants et arrière-petits-enfants et aux générations à venir? »

Et les citoyens du pays de Galles ont proposé, je pense, 13 priorités différentes Il s’agissait de protéger notre riche patrimoine et nos richesses naturelles, il s’agissait de la conservation de notre langue et de notre héritage. Il s’agissait de s’assurer d’avoir un système plus égalitaire pays de Galles, pour que peu importe vos origines, vous ayez les mêmes chances de vous épanouir. Il s’agissait de reconnaître les dommages que nous causons à notre planète et d’y mettre un terme. Il s’agissait de s’assurer de garder les gens en bonne santé plutôt que de simplement les soigner quand ils sont malades.

Et ces principes de la part des Gallois, parallèlement aux ODD de l’ONU, ont été regroupés pour former sept objectifs de bien-être à long terme et amorcer un changement d’une Loi sur le développement durable à une Loi sur le bien-être des générations futures.

Et ça, je pense que c’était un mouvement crucial. Ce que je dis souvent, c’est que, je pense que là où nous voyons ces sortes de différents points de concentration à travers les gouvernements au travail partout dans le monde, où nous avons les objectifs de développement durable ici, nous avons souvent des politiques de bien-être, l’économie du bien-être d’un côté et nous avons les avenirs et la prospective de l’autre et il est très rare que ces choses s’agencent très proprement, mais en fait ils font tous partie d’une seule et même chose et nous devons les considérer tous de la même manière si nous voulons vraiment protéger les intérêts des générations futures, tout en respectant nos obligations envers les ODD, et tout en déplaçant ce débat vers les économies de bien-être.

Nous avons donc ici ces sept objectifs de bien-être, un texte de loi qui s’applique à nos 44 institutions publiques principales au pays de Galles. Donc toutes nos autorités locales, toutes nos institutions de santé, nos agences nationales comme Santé publique du pays de Galles, Ressources naturelles du pays de Galles, notre agence environnementale et d’autres, et ensuite de manière significative le gouvernement gallois lui-même, et les autorités galloises, et les ministres spécifiquement nommés dans la législation. Leurs fonctions consistent à fixer des objectifs qui maximisent leur contribution à l’ensemble de ces sept objectifs de bien-être, et ensuite à prendre toutes les mesures raisonnables pour atteindre ces objectifs de bien-être.

Maintenant, « toutes les mesures raisonnables » signifie que cette loi imprègne toutes les affaires du gouvernement et de ces institutions, et on fait référence précisément dans les orientations statutaires, à sept domaines principaux dans lesquels nous voulons voir des changements.

Donc, des choses comme la planification financière, la planification des effectifs, la planification des risques, la gestion des actifs, quels sont ceux que j’oublie… la gestion des risques, la gestion des actifs, l’établissement des budgets, la planification et l’approvisionnement : Quelles sommes dépensons-nous?

Au pays de Galles, nous dépensons 6 milliards £ en biens et services. Comment dépenser cet argent d’une manière qui ne soit pas seulement pour le coût le plus bas mais réellement au service objectifs de bien-être?

Donc ça imprègne tous les aspects de la prise de décision, en quelque sorte l’infrastructure de nos organismes publics. [la Loi] donne également des devoirs particuliers, en plus de ceux des organismes publics mentionnés, à de nouvelles entités appelées Conseils des services publics.

C’est un regroupement de tous les services publics essentiels dans chaque administration locale, et certains d’entre eux sont maintenant régionalisés.

Donc, les devoirs individuels dans les instances publiques et les devoirs collectifs des Conseils des services publics accomplissent deux choses :

Un, entreprendre une évaluation du bien-être dans leur domaine. Donc ils doivent envisager à travers ces sept objectifs de bien-être tous les problèmes actuels de leur région, et envisager leurs conséquences possibles à l’avenir.

Donc ils utilisent un rapport de tendances futures produit par le gouvernement gallois. Ils utilisent leur propre analyse prospective des problèmes locaux. et ils doivent ensuite établir un plan des choses qu’ils vont faire collectivement.

Donc c’est vraiment reconnaître et essayer d’arriver à au fait que tout est lié et aucune institution, organisation, et aucun ministère ne peut relever certains de ces grands défis par lui-même.

La loi établit ensuite un ou une commissaire aux générations futures, moi-même. « Première ministre des enfants à naître », qui était le titre du Guardian, n’est pas tout à fait exact. Je ne suis pas ministre. Je suis indépendante du gouvernement, et c’est un point vraiment critique aussi.

Mon travail, comme vous l’avez entendu, est d’agir en tant que gardienne des intérêts des futures générations du pays de Galles. Cela peut être, vous savez, vous pourriez dire que c’est tout un défi, ou un idéal dans le sens où je n’ai pas de circonscription à dos tout le temps parce qu’ils ne sont pas encore nés, et donc, je ne peux pas les avoir sur le dos.

Mais cela pose aussi la question de comment savoir quels sont les intérêts des générations futures? Et bien sûr, je n’ai pas de boule de cristal. Je ne sais pas exactement quels pourraient être ces intérêts. Et bien sûr, vous savez, quand nous appliquons la prospective les résultats ne sont jamais précis à 100%. Ils peuvent nous mener vers une compréhension du contexte possible.

Mais j’ai devancé cette question et j’ai dit qu’en fait, vous savez, certaines des choses sur lesquelles nous n’agissons pas sont assez certaines.

Vous savez, l’urgence climatique et l’effondrement catastrophique de nos écosystèmes. Toutes les preuves sont là, donc ce n’est pas que nous ne savons pas, c’est juste que nous n’agissons pas en conséquence.

De même, notre population vieillit. Ce n’est pas que nous ne le savons pas. Nous ne nous y préparons tout simplement pas de manière appropriée. Tout pointe dans cette direction. Nous y sommes déjà maintenant, et cela ne fera qu’augmenter. Comme les changements dans le monde du travail.

Ce n’est pas que nous ne le savons pas. C’est juste que nous n’avons pas préparé nos systèmes à penser à la façon dont nous devons non seulement y répondre le moment venu, mais aussi changer la façon dont nous faisons les choses maintenant pour nous assurer que nous ne dormons pas debout pendant que les inégalités s’accroissent.

Et donc en fait, une grande partie de ce que je fais n’est pas nécessairement cette prospective très technique, vous savez, elle nous sert dans une certaine mesure et c’est important, mais c’est en fait essayer de changer les mentalités pour que les gens pensent et agissent pour le long terme, et voici les cinq principes dont nos institutions publiques doivent démontrer l’application dans leur prise de décision.

Donc, vous avez le long terme. Elles doivent démontrer comment elles appliquent le long terme, ou comment elles considèrent l’impact à long terme de ce qu’elles font. Elles doivent démontrer qu’elles cherchent à empêcher les problèmes de se produire ou de s’aggraver. Et encore une fois, si vous regardez, disons, juste certaines des choses qui se passent en termes de de la santé publique, quand on parle de choses comme l’adversité dans l’enfance.

Encore une fois, toutes les preuves et analyses nous disent nous savons exactement ce qui va arriver à un enfant avant son cinquième anniversaire, s’il-elle est né-e dans certains types de circonstances, dans la pauvreté, dans une famille où il y a des problèmes de santé mentale, des crises, la séparation des parents ou l’incarcération, d’autres formes de maltraitance, et ainsi de suite. Nous savons que nous devons intervenir tôt dans ces domaines, si on prend ça sous l’angle financier, pour que ces personnes ne coûtent pas d’énormes sommes d’argent à la société plus tard, et si on adopte une perspective morale, comme je le fais, pour dire, en fait, nous devons donner à ces enfants le meilleur départ possible dans la vie.

Et c’est là que nous devons concentrer cet argent et ces dépenses à des approches préventives. Nous devons travailler ensemble.

Donc, encore une fois, il faut sortir de nos ministères ou des organisations… des silos organisationnels, nous assurer que nous reconnaissons le lien entre les choses et le fait que nous devons travailler ensemble. L’intégration est absolument critique. Donc, encore une fois, en reconnaissant que tout est connecté à tout.

Donc, une des choses qui ressortent de… bon, si je vous donne un exemple de ce qui se passe au pays de Galles, à Cardiff, notre capitale, le consultant en santé publique a été détaché à l’autorité locale, au conseil local pour diriger le développement de la stratégie de transport de la ville. Parce que lorsque vous appliquez une lentille de santé publique à un problème de transport, et le problème de transport est que nos routes sont trop encombrées et nous avons des niveaux illégaux de pollution de l’air, on commence à obtenir différents types de solutions.

Vous donnez ce problème à un planificateur de transports, la réponse sera de construire plus de routes. Vous donnez ce problème à un consultant en santé publique dont le rôle n’est pas seulement d’améliorer la congestion, mais est en fait d’améliorer la santé de la population, de travailler sur nos objectifs de communautés plus cohésives, de se concentrer sur des choses comme les inégalités socio-économiques, là, ce que vous voyez est un pivot de la construction de routes vers l’investissement dans les transports publics, l’investissement dans les voies piétones et cyclables, l’investissement des communautés vertes et ainsi de suite.

Et c’est là que les points d’intégration dans notre législation sont si critiques, que nous devons reconnaître ces connexions et faire les choix qui contribueront le plus aux sept objectifs de bien-être. C’est l’objectif principal de cette législation et ensuite comment nous allons faire avancer ces choses comment nous déployons ces politiques, comment pouvons-nous faire cela d’une manière qui renforce l’impact positif sur l’ensemble des objectifs. Voilà.

Donc, pour parler un peu de mon rôle, un certain nombre de facettes, disons. L’obligation statutaire de surveiller et d’évaluer les progrès réalisés par les 44 organismes publics, et il y a d’autres organismes publics à ajouter à la législation cette année. Les pouvoirs de conseil et d’appui: Beaucoup de choses que nous faisons, il peut s’agir de cadres, il peut s’agir des outils de réflexion, mais notre plus grande tâche, dans notre équipe, c’est d’essayer d’obtenir un changement culturel. Nous essayons de gagner les coeurs aussi bien que les esprits.

Et j’ai été très consciente pendant mon mandat, du fait que nous ne voulons pas transformer cela en un exercice de case à cocher où nous faisons tout un travail pour élaborer un plan qui parle de l’objectif d’un pays de Galles prospère, et d’un pays de Galles en meilleure santé, et mentione « long terme » et saupoudre les mots justes dans tout le document, coche toutes les cases et passe complètement à côté de l’essentiel.

Ce que nous essayons de faire ici, c’est d’aller vers ces personnes qui ont déjà compris qu’il y a une meilleure façon de faire les choses. Comment soutenir ces personnes?

Je les appelle les champions frustrés. Ce sont des personnes qui sont dans les services publics, dans l’élaboration de politiques publiques probablement depuis un certain nombre d’années. Il peut s’agir des travailleurs sociaux qui voient une famille d’une génération à l’autre passer par les mêmes problèmes et défis. Il peut même s’agir du planificateur des transports qui a peut-être été responsable de la construction d’une route Il y a 20 ans et qui va maintenant devoir construire une autre route parce que cette route est tout aussi encombrée. Ces gens qui peuvent voir qu’il y a une meilleure façon de faire les choses, comment pouvons-nous atteindre ces personnes? Comment les soutenir? Comment pouvons-nous les aider à démanteler d’anciennes façons de travailler dans un système?

Parce que même si vous avez une législation qui vous oblige à faire certaines choses, je n’ai pas besoin de dire à cet auditoire qu’il s’agit en fait, vous savez, des cœurs et des esprits aussi. Donc, une grande partie de ce que nous faisons est autour de ce programme de changement culturel.

En quoi est-ce que ça consiste, diriger pour les générations futures? Une des meilleures choses que nous ayons faites a été de mettre en place une académie des futurs leaders, qui est une cohorte d’environ 30 jeunes à travers le pays de Galles. Ce sont les personnes que nous avons identifiées qui sont susceptibles d’être de futur-es dirigeant-es âgé-es de 18 à 30 ans. Elles passent par un programme intensif qui examine à quoi ressemble le fait de diriger pour les générations futures. Ces jeunes ont une compréhension absolument incroyable de la façon dont ils appliquent la loi. Ils viennent d’un éventail de secteurs différents, et donc ils rencontrent et interagissent avec des collègues avec lesquels ils n’entreraient peut-être jamais en contact, en général, dans leur vie professionnelle.

Et ensuite, ces futurs dirigeants servent de mentors aux dirigeants actuels. Donc c’est un mentorat inversé. Habituellement, les personnes les plus âgées et les plus expérimentées sont celles qui mentorent, vous savez, les jeunes qui débutent. Mais en fait, les jeunes disent à nos dirigeants actuels, « vous n’avez aucune idée de ce qu’être un natif numérique veut dire », « vous n’avez jamais connu l’anxiété climatique comme moi », « vous ne savez probablement pas ce qu’est TikTok ni comment l’utiliser ». Et il se passe quelque chose quand notre future génération regarde les dirigeants actuels dans les yeux et leur demande « pourquoi? », « pourquoi avez-vous fait ça comme ça? », « comment prenez-vous mes intérêts en compte? »

Je suppose que le plus difficile de mes pouvoirs est la section… Je vais appeler ça les pouvoirs de révision de la section 20. Donc j’ai le pouvoir d’aller dans des organismes publics particuliers de passer en revue les choses qu’ils ont faites.

J’ai utilisé ces pouvoirs deux fois à ce jour, l’une sur la question des marchés publics, où j’ai fait un certain nombre de recommandations concernant comment le gouvernement et les autres doivent améliorer la façon dont ils dépensent leur argent pour appliquer ce critère de bien-être.

Et j’utilise actuellement mes pouvoirs pour revoir les mécanismes du gouvernement.

Ça ne plait pas à tout le monde, comme vous pouvez l’imaginer, mais ce que j’essaie de faire, c’est de regarder comment exactement la fonction publique met en œuvre les exigences de la Loi sur les générations futures, et vous verrez sur la prochaine diapositive qu’en termes de politique qui provient du gouvernement, nous voyons des changements absolument énormes à la suite de la Loi sur les générations futures, mais une grande partie où nous ne faisons un peu moins bien, c’est nous concentrer vraiment sur la mise en œuvre des politiques.

Alors comment un gros dossier comme le revenu universel de base, comment il est déployé, puis comment on commence aussi à appliquer la lentille de la Loi pour les générations futures. Et cela a beaucoup à voir avec le fonctionnement de la machine.

Enfin, le rapport sur les générations futures. Chaque commissairea le devoir de publier un rapport sur les générations futures tous les cinq ans. C’est prévu délibérément pour tomber l’année avant les élections parlementaires suivantes, en particulier pour influencer les programmes électoraux. Et encore, juste pour vous donner une idée des progrès que nous avons faits au cours de ces sept premières années.

Donc je suis la première commissaire, et le premier rapport sur les générations futures a été publié en 2020. Nous avons eu des élections parlementaires en 2021 et les deux principaux partis politiques, le parti travailliste et Plaid Cymru, 48 % du programme du parti travailliste était tiré de mes recommandations, de mon rapport. Environ 62% de la proposition de Plaid Cymru était tiré des recommandations de mon rapport. Les élections ont eu lieu, les travaillistes ont gagné, ils ont formé une sorte d’alliance avec Plaid Cymru, et nous sommes maintenant à environ 54% des recommandations… du programme du gouvernement qui reflète les recommandations de mon rapport sur les générations futures.

Nous avons donc du chemin à parcourir, mais cela montre des progrès importants.

Donc, quelques exemples concrets de la différence que fait la Loi sur les générations futures. J’ai parlé un peu du transport.

La première intervention majeure de moi-même, la commissaire, était sur des plans de longue date du gouvernement, avant que la Loi sur les générations futures n’entre en vigueur, de dépenser la totalité de sa capacité d’emprunt pour la construction d’un tronçon d’autoroute de 13 miles pour régler le problème de la congestion.

Et j’ai demandé au gouvernement de m’expliquer comment il avait appliqué la pensée à long terme à cette décision, quelles tendances futures il avait pris en compte. Je lui ai demandé d’expliquer pourquoi il considérait que cette proposition prenait toutes les mesures raisonnables pour atteindre ses objectifs de bien-être et comment il avait envisagé cette proposition, pas seulement de la manière traditionnelle : nous devons construire une route parce que c’est bon pour l’économie, mais vraiment comment on envisage… comment cela va-t-il contribuer à l’ensemble de nos objectifs de bien-être?

Alors « pouvez-vous m’expliquer comment ce plan est aligné sur l’objectif d’un pays de Galles prospère, qui parle de société productive, innovante et à faible émission de carbone? » « Pouvez-vous m’expliquer comment il est aligné sur notre objectif d’un pays de Galles en meilleure santé? » Nous avons des niveaux illégaux de pollution de l’air, nous avons des taux croissants d’obésité. En fait, nous devons faire sortir les gens de leur voiture, les inviter à marcher, à faire du vélo et nous devons réduire le nombre de voitures pour réduire la pollution de l’air. « Pouvez-vous m’expliquer comment cela s’inscrit dans notre objectif d’un pays de Galles plus égalitaire quand 25 % des personnes les plus pauvres, des familles à faible revenu dans cette région n’ont pas de voiture? » Donc nous aurions utilisé l’intégralité de la capacité d’emprunt du gouvernement pour un plan qui avantageait les plus riches plutôt que les plus pauvres.

Pour faire court, on considérait que c’était un marché conclu, que cette route allait être construite. Vous pouvez imaginer les intérêts commerciaux dans cette affaire. C’était absolument essentiel à la prospérité du pays de Galles, et ainsi de suite.

Le premier ministre a changé d’avis. Il a annulé la route et mis en place une nouvelle commission pour examiner le problème de la congestion sous l’angle de nos objectifs de bien-être dans la Loi sur les générations futures.

Par conséquent, Ce qui arrivera à la place, c’est un investissement massif dans les transports en commun, les déplacements actifs, la marche et le vélo. Et c’est allé encore plus loin. Cela a déclenché un changement tel que j’ai soutenu le gouvernement et que je l’ai aidér à réécrire la stratégie de transports autour des sept objectifs de bien-être de la Loi sur les générations futures. Nous avons changé les critères pour l’octroi de marchés publics de transport et nous, enfin, je dis « nous », il s’agit d’une initiative particulièrement courageuse du Gouvernement gallois. Le ministre a annoncé un moratoire sur tous les projets de route au pays de Galles.

Donc 55 projets routiers pré-approuvés, mis sur pause, tous en cours de révision à la lumière des nouveaux critères de la Loi sur les générations futures. Et je suis assez confiante qu’à la suite de cet examen, nous allons voir un changement fondamental dans la façon dont nous dépensons et mettons en œuvre la politique de transports au pays de Galles.

Et à titre d’indicateur, dans le budget de cette année, on consacrait normalement deux tiers de notre budget d’investissement aux routes, et cette année, ce budget est réduit à un tiers, et le tiers épargné sera investi dans les transports publics et les déplacements actifs. Donc vous pouvez voir ici comment nous assistons à ce changement massif dans ce seul domaine d’action.

J’ai parlé d’un revenu universel de base. Donc beaucoup de travail que j’ai fait en regardant comment trouver les causes profondes de certains de ces problèmes persistants en matière de santé, en matière d’éducation, d’inégalité et ainsi de suite, au pays de Galles et la pauvreté est la cause première de beaucoup de ces défis auxquels nous sommes confrontés et nous nous sommes toujours contentés de mettre des pansements dessus. Je pense que le revenu universel de base pourrait être une solution à cela.

J’ai fait un gros travail de modélisation de ce à quoi ça pourrait ressembler au pays de Galles, quels avantages ça apporterait du point de vue des sept objectifs de bien-être. C’était une possibilité qui n’était même pas à l’ordre du jour il y a trois ans et cette année, le gouvernement gallois a lancé son premier pilote d’un revenu universel de base avec une certaine ommission, la partie « U » de « universel » revenu de base, mais c’est un début.

Donc nous nous concentrons sur les jeunes qui quittent le système de tutelle. Donc les jeunes qui étaient pris en charge par l’État, qui sont le groupe de personnes le plus défavorisé dans la société, seront payés 1600 £ par mois pendant deux ans, avec une énorme évaluation autour de tout ça pour voir quels sont les résultats de ce revenu de base en termes de bien-être.

Les grandes réformes du programme scolaire. Un domaine sur lequel je me suis concentrée est comment nous assurons-nous que le système dans lequel nos enfants sont sont éduqués les équipe pour le travail, le travail du futur, mais aussi leur permet de vivre, vous savez, d’avoir une vie bien vécue.

Donc si nous pensons à ces sept objectifs de bien-être, Il ne s’agit pas seulement de les équiper pour le travail. Il s’agit de s’assurer que le système scolaire les aide à être bien dans leur corps et dans leur tête. C’est s’assurer que le système scolaire les prépare à être des citoyens du monde et des citoyens gallois responsables. Un de nos objectifs de bien-être, autour du système scolaire, est de faire en sorte qu’ils comprennent comment ils peuvent s’attaquer à l’inégalité.

Donc notre nouveau programme scolaire est construit autour la Loi sur les générations futures avec les résultats que les enseignants s’efforcent d’obtenir, pour leurs élèves : être des citoyens créatifs et entreprenants en bonne santé, actifs et confiants, et des citoyens éthiques et informés.

Maintenant, imaginez si chaque école, si chaque système éducatif dans le monde il y a 20 ou 30 ans avait eu ces mesures au cœur de son fonctionnement. Ferions-nous face à une crise climatique? Aurions-nous une inégalité croissante? Je n’en suis pas certaine.

Enfin, il y a encore beaucoup de choses que je pourrais parler en termes d’impact, mais je vais me concentrer sur les déchets. Donc le pays de Galles est déjà troisième au monde pour son taux de recyclage, ce qui est bien, mais nous voulons aller au-delà du recyclage. Nous avons donc l’ambition d’être « zéro déchet » d’ici 2050, et ce qui est vraiment intéressant, c’est comment le gouvernement regarde cet objectif à travers le prisme des sept objectifs de bien-être. Alors, comment réduire les déchets tout en répondant à l’objectif de cohésion communautaire, et ainsi de suite.

Et donc certaines choses sur lesquelles il se concentre sont des choses comme des cafés de réparation qui rassemblent les gens qui ont une machine à laver ou un micro-ondes à faire réparer, plutôt que de les envoyer à la décharge, mais aussi en réunissant, en aidant à rendre ces communautés plus cohésives. Et si ils permettent d’offrir des réparations gratuites, les cafés de réparation aideront particulièrement les personnes défavorisées qui n’ont pas les moyens d’acheter du neuf.

Donc quand vous appliquez cette lentille holistique, vous définissez vos objectifs à long terme – l’objectif pourrait être « nous devons réduire les déchets, nous devons le faire, en particulier à cause du climat » – et ainsi de suite. Mais ensuite vous appliquez « comment peut-on faire ça de manière à maximiser les bienfaits? » C’est là que vous arrivez au coeur de ce que nous essayons de faire différemment au pays de Galles.

Pour finir, en termes d’impact global, comme je l’ai dit, je pense que, en ce qui concerne le pays de Galles et le Canada, nous sommes certainement parmi les plus progressistes en termes de politique publique, au niveau international. Il y a des développements vraiment passionnants à l’ONU, en ceci que le Secrétaire général vient de… a annoncé l’année dernière qu’il voulait avoir une déclaration des Nations unies sur les générations futures. Il veut nommer un représentant de l’ONU, un ou une envoyée spéciale, qui serait, je suppose, l’équivalent de mon rôle au niveau de l’ONU. Et il va y avoir un sommet de l’avenir qui réunira tous les états membres pour parler de la façon dont nous pouvons je suppose, pousser plus loin les ODD, au-delà du PIB, et nous concentrer sur un test de la façon dont nous agissons dans l’intérêt des générations futures.

Donc, comme je l’ai dit, le pays de Galles est un tout petit pays, mais si vous pensez un jour que vous êtes trop petit pour avoir un impact globalement, alors je suppose Regardez certaines des choses que le pays de Galles fait. Et vous savez, ce que vous faites ici au Canada, notamment par le travail de prospective, notamment à travers votre travail sur le développement durable et la Loi fédérale sur le développement durable et aussi à travers le nouvel Indice de qualité de vie, Je pense que vous êtes absolument dans cet espace aussi.

Alors merci, dioch yn fawr.

KRISTEL VAN DER ELST : Merci beaucoup. Et c’est assez époustouflant en fait. Peut-être, vous savez, petit pays, petite région, mais l’impact est assez fascinant. Ce qui me frappe, c’est que, vous savez, c’est une telle approche où vous rassemblez des données, en même temps la prospective, les perspectives participent vraiment aux décisions à la réforme holistique des systèmes.

Et je suppose que ce n’est pas si facile que ça. Évidemment, ça semble incroyable quand on en parle. Les grands changements ont tendance à être soit inspirants, soit effrayants. Donc changer de grands systèmes comme celui-là peut donner beaucoup d’énergie, mais ça peut aussi être très problématique, je suppose, ce dont nous allons parler.

Donc juste un rappel pour tout le monde, Je vais prendre des questions après la conversation, donc si vous voulez poser vos questions, préparez-les pour la salle et allez sur Slido. Si vous voulez les poser en ligne. Comme elle l’a dit, le changement n’est pas facile, Okay?

Vous êtes le premier pays qui a réellement appliqué ces objectifs de développement durable les a vraiment intégrés dans la législation. Ça n’a pas été si facile, Je suppose. Pouvez-vous nous parler un peu de certains défis que vous avez dû surmonter et comment vous êtes arrivés à la Loi?

SOPHIE HOWE : Oui, eh bien, je veux dire, vous savez, il y a une histoire en termes de durabilité au pays de Galles. Quand le gouvernement du pays de Galles a été établi, il y avait cette clause dans la loi sur le gouvernement du pays de Galles qui disait que le développement durable devrait être un principe d’organisation central, ce qui est très bien, mais cela ne signifiait quasiment rien en pratique.

Ce que la Loi sur les générations futures a fait, c’est mettre un peu de viande sur l’os, comme on dit, et je pense que la beauté de la chose est que comment dire, ça va du haut vers le bas et du bas vers le haut, donc ça couvre le gouvernement ainsi que les institutions locales.

Une grande partie des défis les premières années était de décortiquer les systèmes existants. Donc tout ce qui est venu en quelque sorte avant la Loi sur les générations futures n’était pas, vous savez, au mieux une sorte de… allait à contre courant, ou pire, était complètement contradictoire. Donc si vous regardez l’exemple de cette route, les critères en jeu étaient basés sur une stratégie de transport de 2008, qui n’était pas alignée sur la Loi sur les générations futures.

Et donc en décortiquant tout ça, et je sais que vous avez beaucoup de problèmes au sein du gouvernement canadien pour démêler les différents cadres. Il y a la complexité de toutes sortes de cadres différents. Il y a la complexité autour du monde qui veut s’accrocher à son petit bout de quelque chose. Il n’y a pas seulement la complexité des cadres, mais tout ce que font les institutions. Comment leur performance est gérée, le plus souvent sur le court terme. Comment leurs budgets sont alloués, sur une base annuelle.

Comment les médias demandent des comptes au gouvernement, c’est sur la base de, vous savez, « il y a des files d’ambulances devant nos salles d’urgence n’est-ce pas scandaleux? » Chaque Noël, plutôt que de dire, « Pourquoi les gens vont-ils aux urgences en premier lieu? Est-ce que ces conditions pourraient être évitées? »

Donc essayer de démêler tout ça a été un énorme défi. Et c’est pourquoi je pense que l’approche a besoin d’inspirer et de parler de comment trouver ces solutions qui font plusieurs choses.

Donc si votre cause est l’environnement, vous pouvez partir de l’environnement et ensuite parler, disons, de « comment allons-nous faire ça d’une manière qui renforce les communautés et réduise les inégalités? » Si votre cause est la lutte contre la pauvreté, la justice sociale, et je sais que le premier ministre a été particulièrement persuadé, sur la question des routes, pas par le fait que ça opposait l’économie à l’environnement et que ça allait avoir ont un grand impact environnemental, bien que ce soit une question clé également, mais par les arguments socio-économiques. Et c’est là que je pense, vous savez, cette approche holistique, devient vraiment, vraiment puissante.

Mais pour y arriver, il faut que les gens sortent de leurs silos. Il faut les pousser à penser sur le long terme. Et c’est, vous savez, nous y travaillons toujours. Nous avons fait beaucoup de progrès, mais il y a toujours des gens qui ne comprennent pas, et qui vont mettre un certain temps à comprendre.

KRISTEL VAN DER ELST : C’est un grand changement culturel, mais comme vous l’expliquiez, il y a eu beaucoup de progrès.

Et donc, pouvez-vous expliquer un peu comment la commission et la législature interagissent, en quelque sorte, avec ces différentes structures, qu’elles soient politiques ou législatives ou d’autres juridictions? Mais surtout, comment fonctionnez-vous avec le gouvernement? Vous l’avez mentionné dans votre présentation de certaines recommandations du rapport qui ont été reprises, mais comment ça fonctionne en fait?

SOPHIE HOWE : Oui, OK. Donc je suis indépendante du gouvernement et donc mon travail consiste en quelque sorte à conseiller et aussi à surveiller. Donc nous devons trouver un équilibre délicat, entre comment faire pour nous rapprocher du gouvernement dans les domaines où il essaie de s’améliorer, où il veut faire ce qu’il faut, et travailler avec les responsables et les politiciens pour dire, « eh bien, vous savez, si vous voulez faire ça, vous pourriez le faire de cette façon, ce qui aiderait à atteindre plus d’objectifs de bien-être ».

Je passe une grande partie de mon temps, j’en parlais à des fonctionnaires du Trésor et du ministère des Finances tout à l’heure et ils le reconnaissent, une grande partie de ce que je fais est de prendre le temps de mettre des fonctionnaires en relation avec d’autres fonctionnaires pour leur dire, « hé, les personnes compétentes, par ici, la ministre du logement a dit qu’elle allait livrer 20 000 maisons à faible émission de carbone et vous allez avoir besoin de personnes avec certaines compétences pour livrer cette priorité du gouvernement là-bas. Et au fait, pendant que vous faites le pipeline de compétences pour ce projet, le ministre de l’égalité a des objectifs autour de… et il y a des objectifs de bien-être autour du profil racialisé des personnes dans ces industries ». Alors comment faisons-nous pour toutes ces choses? Je passe énormément de temps à réunir ces personnes, mais aussi à faire venir des experts et d’autres de l’extérieur du gouvernement pour développer des idées, stimuler les conversations et ainsi de suite.

Parfois, je dois être assez difficile, je suppose. Parfois, je dois interpeler au nom des générations futures et dire que je pense que nous avons des choses, disons, pour lesquelles quoi que le gouvernement puisse décider de faire est est erroné ou doit être fait différemment. Mais je dirais que nous sommes surtout dans l’optique d’essayer d’encourager, de cajoler, de montrer un chemin, de mettre en valeur les endroits ou de grandes choses se passent et inspirer d’autres personnes à adopter ce genre de bonnes pratiques. Et aussi en dehors des institutions publiques bien que les entreprises, le secteur associatif et les communautés et ainsi de suite ne soient pas contraints de mettre en œuvre la Loi sur les générations futures.

Il y a en fait un niveau d’enthousiasme qui fait que les gens s’en inspirent et l’adoptent volontairement. Donc, à titre d’exemple, C’est un moment très excitant pour le pays de Galles parce que c’est la première fois que le pays de Galles a des équipes de soccer qualifiées pour la Coupe du Monde, n’est-ce pas? Donc en tirant parti de cette opportunité et d’un nouveau directeur général dans l’association galloise de soccer, nous avons travaillé avec eux autour du pouvoir du soccer pour commencer à communiquer sur le bien-être, sur la durabilité.

Ils ont cette portée dans ces communautés que le gouvernement et les conseils et ainsi de suite ne pourraient jamais toucher et pendant que nous y sommes, pouvons-nous inciter nos clubs de soccer à recycler? et pouvons-nous les faire réfléchir à leurs moyens de transport pour leurs matchs, et pouvons-nous les faire embarquer autour du bien-être et des avantages du soccer? et maintenant, notre association de soccer du pays de Galles, je vais appeler leur directeur général parce qu’ils ont fixé… nous pouvons travailler avec eux sur une nouvelle stratégie de durabilité et de bien-être où leur aspiration est de devenir l’association de football la plus durable au monde. Et là, on capitalise ça pour construire un mouvement pour le changement en dehors du gouvernement on utilise ce type de culture et cette opportunité parfois pour donner une petite secousse aux institutions publiques, pour leur dire en dehors des institutions publiques, la pression du public vous demande d’aller plus loin.

KRISTEL VAN DER ELST : Et il y a certainement beaucoup de jeunes. On pourrait aussi inspirer à travers ça, bien sûr. Donc d’un côté, c’est une source d’inspiration, mais j’ai l’impression que, d’après ce que j’ai entendu de votre part, la législation est toujours très, très nécessaire pour passer à l’action et demander des comptes. Je vous entends parler des pouvoirs, de la loi, etc. Ok, pourriez-vous le faire sans le genre de législation… ou quelle importance, plutôt, la législation a-t-elle dans un tel processus?

SOPHIE HOWE : Oui, je veux dire, ce serait sans doute plus difficile. La vraie beauté de ce système est qu’il fournit non seulement le cadre politique, qui pourrait changer d’une élection à l’autre, mais un cadre juridique stable autour duquel tout le monde peut se rassembler. Et ça a pris, vous savez, six ans et demi maintenant, ça a pris autant de temps pour beaucoup de gens pour qu’ils réalisent que… ce ne sont pas ceux qui sont couverts, mais beaucoup d’autres qui doivent réaliser que ça existe, avoir un engouement pour le project pour dire, en fait, il y a un cadre légal que nous pouvons soutenir, mais aussi que c’est important pour, vous savez, dans chaque institution, je pense qu’il y a des champions frustrés, des personnes qui veulent faire autrement.

Ils me disent que le cadre de la législation leur donne la permission de défier le système. Ça, c’est vraiment très important. Cela leur donne une sorte de soutien législatif, si vous voulez.

Il y a ensuite ceux que j’appelle les procrastinateurs passifs qui comprennent en gros, qui sont d’accord, mais qui attendent de voir ce que les autres font.

Et puis il y a ces gens, les « abominables hommes du ‘non' », du moins c’est comme ça que je les appelle, et ce sont des personnes qui sont juste des bloqueurs dans le système.

Maintenant, la législation est vraiment importante, encore une fois, pour ces abominables hommes du « Non », où nous pouvons leur dire, « en tant que directeur financier, vous pourriez vouloir faire votre planification financière à court terme, et vous pourriez ne pas vouloir investir dans la prévention parce que vous ne pouvez pas équilibrer votre budget cette année. Mais la loi vous oblige à me démontrer comment vous tenez compte du long terme et comment vous dépenserez sur le long terme, et comment vous partagez vos budgets de la manière la plus efficace possible, plutôt que de le garder dans un silo », et ainsi de suite. C’est donc là que la législation devient importante.

Mais vous savez aussi bien que moi qu’il ne suffit pas d’avoir un texte de loi pour tout faire non plus. L’Écosse, en fait, est un exemple intéressant où ils ont fait beaucoup autour des cadres de bien-être et du travail collaboratif et ainsi de suite, et maintenant ils sont sur le point d’avoir une loi sur les générations futures, donc ils sont sur le point de le mettre sur une base légale. Donc je pense que, comment dire ça… Bon, je dis ça en public, mais je vais ne vais pas le dire trop fort, qu’en fait ils pourraient même être mieux placés que le pays de Galles, parce qu’ils ont cette histoire. Nous avons commencé par légiférer et ensuite nous avons essayé de tout faire. Ils ont essayé de faire de bonnes choses et ensuite ils vont légiférer et je pense que cela pourrait accélérer leur progression, oui.

KRISTEL VAN DER ELST : C’est intéressant parce que c’est un énorme exercice de gestion du changement, en fait. C’est d’autant plus important. Et vous parlez des champions, des retardataires et des carottes et des bâtons et c’est assez intéressant.

Donc le pays de Galles ne vit pas, bien sûr, dans une sorte de… dans un silo. Le monde est grand et tout est interconnecté, comme nous le voyons toujours. Donc si vous essayez de créer ce bien-être et cette durabilité pour le pays de Galles, bien sûr, il faut le faire. Mais en fait, le monde entier devrait aller dans cette direction, comme vous l’avez dit, certains pays sont plus progressistes que d’autres.

Alors comment… Je sais que vous êtes ici, par exemple, et que vous parlez à l’ONU, etc. et à différents pays, mais comment voyez-vous que la conversation a progressé et votre rôle comme étant les premiers et ayant une certaine expérience dans ce domaine?

SOPHIE HOWE : Eh bien, je veux dire, vous savez, nous avons les cicatrices. Nous avons les cicatrices de certaines des batailles que que nous avons livrées.

Et nous avons… il y a beaucoup de choses… nous avons appris beaucoup de choses. En ce moment même, cet examen que je fais des mécanismes du gouvernement, va produire, et nous l’avons fait en quelque sorte, vous savez, ce n’était pas ce grand, cet énorme « Oh mon Dieu » de la part des fonctionnaires, « qui va venir faire un audit encore? » En fait, nous le faisons d’une manière collaborative. Et l’idée, c’est que nous produisons un plan d’amélioration conjoint et une gamme d’outils pour savoir comment la fonction publique peut passer de là où elle est, sur une sorte de matrice de maturité à où nous voulons qu’elle soit. Et à côté de cela, il y aura des outils qui seront destinés à un public international. Alors évidemment, nous savons que le pays de Galles a des caractéristiques particulières.

Il y a beaucoup de gouvernements différents, partout dans le monde, mais il y a quelques principes de la Loi qui, selon nous, pourraient être appliqués ailleurs afin que nous puissions partager notre apprentissage. Je pense que l’ONU, dont l’approche va de l’avant pour l’instant, pourrait être une vraie opportunité pour faire avancer les choses parce que vous savez, si les 190 et quelque pays de l’ONU signent une déclaration sur les générations futures, bien sûr, ils vont tous faire ça certainement dans leurs propres pays.

Et ensuite vous obtenez en quelque sorte, l’après 2030, vous savez, la fin des ODD, comment la prochaine série d’ODD ou autres, suivant le nom qu’on leur donnera, pourrait s’inscrire dans le cadre des générations futures et du bien-être économique. C’est là que je pense qu’on commence à voir un vrai progrès mondial.

Donc je suppose, vous savez, notre rôle dans tout ça est, de parler à d’autres pays comme vous, d’apprendre de vous où nous pouvons nous améliorer et partager certains de nos apprentissages. Mais j’essaie aussi beaucoup en tant que première Commissaire aux générations futures, il doit y avoir des questions auxquelles chaque politicien doit être capable de répondre. Des questions comme « agissez-vous dans l’intérêt des générations futures? » « Voulez-vous agir dans l’intérêt des générations futures? On imagine mal que beaucoup d’entre eux diraient non, publiquement, du moins. Et donc, par conséquent, si vous voulez faire ça, vous devriez accepter de rendre des comptes sur la façon dont vous le faites.

KRISTEL VAN DER ELST : Donc vous avez dit que vous avez beaucoup appris. Je pense que, si nous devons définir, en quelque sorte, où le futur est, comme les générations futures, Quelle est leur vision? Il est évident qu’il existe une notion d’inclusivité et du genre de personne qui définit, en fait, cet avenir, Surtout si vous passez d’un niveau national au niveau international.

Donc le Canada, comme nous le savons, est un pays assez grand avec beaucoup de paysages différents, beaucoup de cultures différentes, une histoire, beaucoup de nationalités, d’immigrants, les peuples autochtones, etc. Nous avons donc, nous avons beaucoup de diversité dans ce pays. Qu’avez-vous appris de votre expérience pour faire en sorte que la définition de l’avenir, l’objectif que vous visez, soit inclusif? Est-ce que ça aide les relations? Comment avez-vous pris en compte l’inclusivité, ce qui est parfois difficile, je suppose?

SOPHIE HOWE : Oui, mais c’est absolument crucial. Nous avons donc cet objectif d’un pays de Galles plus égalitaire, donc plus précisément, la législation exige de nos institutions, avec d’autres textes de loi, la Loi sur l’égalité et divers autres textes de loi, elle exige qu’elles impliquent expressément des personnes qui reflètent la diversité des communautés qu’elles servent.

Il y a quelque chose là autour ce mot « impliquer » qui a été spécifiquement choisi plutôt que « consulter », « s’engager », « Impliquer » est beaucoup plus profond, une sorte de démarche de coproduction. Et nous avons vu de très bonnes pratiques à ce sujet. Nous avons également vu des organisations faire preuve de réticence à ce sujet. Et il y a eu un grand travail du gouvernement gallois sur l’élaboration d’un plan antiraciste pour le pays qui, je pense, est l’un des meilleurs exemples d’implication d’un ensemble diversifié de voix.

Et je pense que mon rôle dans cela est de parler de choses dont on ne parle pas habituellement dans ce contexte. Donc, vous savez, la race et l’environnement Ce ne sont pas des choses qu’on associe souvent, mais en fait la justice environnementale est la justice raciale parce que, ce que nous faisons dans la majorité du Nord blanc a un impact extrêmement néfaste dans le Sud noir.

En fait, même au sein de nos propres communautés si nous voulons investir dans les emplois verts pour le futur, nous ne pouvons pas laisser la nature suivre son cours parce que si on fait ça, nous allons de perpétuer l’inégalité, parce qu’on verra principalement des hommes blancs occuper les emplois bien payés comme les ingénieurs, et les gens vont faire le gros du travail d’infrastructure, les personnes qui vont effectuer les travaux publics l’infrastructure de transport, et ainsi de suite.

Donc c’est là qu’intervient cet objectif d’apporter différentes voix. Et l’une des parties du travail que nous avons fait autour des compétences, parler à des groupes de femmes noires vous savez, « quelles sont vos expériences et pourquoi n’avez-vous jamais envisagé une carrière dans certaines de ces industries? » et comment pourrions-nous rejoindre vos communautés pour nous assurer que vous n’êtes pas désavantagées?

De même, lorsque nous parlons l’exemple que j’ai donné de Cardiff, les niveaux les plus élevés de pollution de l’air à Cardiff sont dans les zones avec la plus grande concentration des communautés noires, asiatiques et ethniques. D’où la raison pour laquelle nous ciblons les interventions, les transports publics et interventions sur la qualité de l’air sur ces communautés, parce que c’est aussi s’attaquer à l’inégalité.

Donc je pense que pour moi, il s’agit de s’assurer que nous impliquons ces différentes voix, mais en s’assurant également que nous parlons des liens avec les domaines qui n’ont peut-être pas été traditionnellement pris en considération.

KRISTEL VAN DER ELST : Et donc quand on parle d’impliquer ces points de vue différents. Je sais que votre rôle est en quelque sorte orienté vers la gouvernance publique, mais bien sûr on ne change pas la société sans tous les autres acteurs.

Alors comment interagissez-vous avec les entreprises privées, les ONG, et est-ce que ce que vous faites, est en quelque sorte en train d’entrer dans la culture normale, que ce soit dans les affaires ou dans la société? Comment les choses bougent-elles?

SOPHIE HOWE : Vous pouvez donc imaginer que ça a été une approche facile avec le secteur bénévole, dont beaucoup, vous le savez, adorent abolument la Loi sur les générations futures et élaborent volontairement leurs cadres d’activité autour d’elle. Et je pense qu’ils ont commencé à avoir dès le début, en fait, une sorte d’épiphanie autour de ça.

Donc, par exemple, une organisation, une organisation internationale avec une antenne au pays de Galles, appelée le Wildlife Trust, se concentre sur, vous savez, la vie sauvage, la biodiversité et ainsi de suite, mais ils sont maintenant en train de regarder comment travaillons-nous avec les conseils de santé pour connecter le pouvoir de guérison de la nature et les soins de santé préventifs, les soins de santé curatifs, la prescription sociale. Ils voient le potentiel de tout cela en termes de santé mentale et toutes sortes de questions autour du rapprochement des communautés. Ils ont des programmes qui reconnaissent, qu’en fait les personnes qui travaillent dans ces secteurs sont souvent blanches, dans la quarantaine… Alors ils ont des programmes spécifiquement liés à des communautés plus diverses parce qu’ils ont appliqué ce cadre de la Loi sur les générations futures.

Et les entreprises ont été un peu plus lentes à s’y mettre. Mais j’ai l’impression que nous avons au cours de ces deux dernières années peut-être et particulièrement en fait, vous savez, la COVID était terrible pour toutes sortes de raisons, mais cela a eu des avantages pour vraiment, faire embarquer la communauté des affaires dans cette sorte de révolution verte et investir dans l’économie verte comme une sorte de stimulus post-COVID.

Et nous avons maintenant des entreprises qui frappent à notre porte disant « nous aimons le fait que ce gouvernement envisage le long terme » parce que les affaires aiment la certitude. Elles aiment la planification et la réflexion à long terme. Et les gens d’affaires reconnaissent qu’en fait ils doivent suivre le programme de toute façon. parce que c’est ce que leur personnel demande, et qu’ils veulent recruter les meilleurs employés, c’est ce que leurs consommateurs demandent. Et ce sont les sortes de choses sur lesquelles ont les évalue. Et donc, ils aiment le fait que que le pays de Galles a cette vision nationale qu’ils peuvent suivre. Ils viennent vers nous maintenant et nous travaillons avec eux sur un ensemble d’approches volontaires. Mon collègue John dirige ce travail et nous sommes vraiment très contents que certaines des grandes entreprises du pays de Galles viennent nous voir pour faire ça.

KRISTEL VAN DER ELST : C’est fantastique.

C’est un travail enthousiasmant, je pense. Vous avez déjà mentionné quelques-uns de vos succès n’est-ce pas, sur le champ de bataille, comme on dit. Mais si vous deviez donner une idée peut-être pas le plus grand succès, d’un point de vue externe, mais pour vous en tant que personne, qu’est-ce que que vous considéreriez comme votre plus grande réussite, la chose qui semblait impossible, mais vous l’avez rendue possible.

SOPHIE HOWE : Je vais dire… Je pense qu’un changement massif en termes de politique de transport on peut voir comment une seule je suppose, une intervention a mené à d’énormes changements dans toute la manière dont nous élaborons nos politiques de transport au pays de Galles et la façon dont nous dépensons l’argent.

C’est probablement L’intervention politique la plus complète, mais Si je peux parler un moment en tant que maman, j’ai cinq enfants; à différentes étapes de la vie, L’aîné a 22 ans, la plus jeune a 8 ans, et je peux voir une vie entière à travers les yeux de mes enfants, et en tant que parent, comment l’école programme scolaire a changé. Mon fils de 22 ans a eu une vie scolaire complètement différente, et une vie scolaire bien pire que ma fille de 8 ans. Et, vous savez, elle rentre à la maison en parlant de Greta Thunberg. Elle rentre à la maison en parlant de Black Lives Matter.

Je racontais, plus tôt cette anecdote, j’étais sortie prendre un verre de vin avec d’autre mamans et trois des mamans de l’école m’ont dit que leur enfant avait demandé des couteaux à bois pour leur anniversaire. Vous savez, un couteau à bois pour… C’est ce qu’on utilise pour sculpter le bois et ainsi de suite. Et je ne suis pas certains des bienfaits d’un couteau à bois pour un enfant de huit ans, mais le fait est que, cette petite anecdote c’est parce que nos enfants ont maintenant une éducation forestière dans nos écoles. On leur apprend à se connecter avec la nature. Et c’est vraiment loin de l’expérience de mon fils de 22 ans.

Donc en tant que maman, je peux sentir ce changement et j’en suis extrêmement fière.

KRISTEL VAN DER ELST : Oui, c’est incroyable. Donc en fin de compte, la Loi et le travail que vous faites part du principe que, bon, peut-être les non-nés, parce que comme vous l’avez dit, ils ne peut pas vraiment parler, mais au moins les jeunes voix sont impliquées. Pouvez-vous nous dire comment cela s’est passé en pratique l’intégration de ces jeunes? Parce que c’est parfois un dialogue difficile. On en parle souvent, mais comment faire pour vraiment, en pratique apporter cette voix des jeunes aux décideurs plus âgés?

SOPHIE HOWE : Oui, il y a, vous savez, il y a plusieurs choses importantes qui ont eu lieu au pays de Galles.

Nous avons un parlement des jeunes qui est élu tous les deux ans et il siège dans une chambre à côté de notre parlement principal. Ils établissent des priorités sur lesquelles ils veulent se concentrer. Ils interagissent avec moi-même et avec les ministres gallois et ainsi de suite.

Nous avons récemment réduit l’âge du droit de vote 16 ans au pays de Galles, ce qui est vraiment super. C’était un peu décevant que la première fois que les jeunes de 16 ans pouvaient exercer leur droit vote était pendant la COVID Donc nous n’avions pas, disons nous n’avions pas tout ce qu’on aurait normalement en termes de sensibilisation, etc. autour de cela. Mais je pense que c’est un progrès considérable.

Et il y a comme je l’ai dit, ce qu’on appelle l’Académie des jeunes Leaders qui me réjouit vraiment. Donc ces futurs leaders qui mentorent tous les leaders existants au pays de Galles, donc ils encadrent le chef de la fonction publique, ils mentorent le chef exécutif du Conseil de Cardiff, ils mentorent les conseils de santé. Et tout est parti de cette petite idée que nous avons eue dans mon bureau. Maintenant ils ont formé un conseil pour monter une critique constructive de la stratégie de relance du gouvernement gallois après la COVID. Ils sont en train d’appliquer… nous sommes en train de les aider, car la Commission des infrastructures qui décide de comment nous dépensons notre argent et planifions notre infrastructure au pays de Galles, de faire quelque-chose de semblable. Nous avons bien sûr, des conseils de jeunes et ainsi de suite dans chaque collectivité locale. Nous avons des jeunes dans les conseils d’administration, nous avons même à certains endroits de jeunes commissaires.

Donc quand nous sollicitons des services particuliers, les jeunes siègent au panel décisionnel, Il y aura des jeunes gens au sein du panel d’entretien pour pourvoir mon poste, Parce que mon mandat arrive à son terme à la fin du mois de janvier, donc le processus de recrutement est en cours. Donc des jeunes feront partie de ce panel.

Donc il y a une gamme de choses différentes Est-ce qu’on a tout résolu? Non, mais j’ai vu un net progrès au cours des quatre dernières années en particulier.

KRISTEL VAN DER ELST : Oui, ça fait presque sept ans. C’est une sorte de nouvelle génération qui arrive aussi. Donc c’est beaucoup de changements dans un laps de temps très court.

Des recommandations pour le Canada? Ce sera ma dernière question avant que nous passions aux questions [de l’auditoire].

SOPHIE HOWE : Ok. Je pense… Essayez, si vous le pouvez, de consolider tous vos cadres parce que, vous savez, C’est déjà assez difficile d’être, au gouvernement ou dans les services publics sans avoir à faire face à 30 cadres et indicateurs et mesures, et ainsi de suite.

Donc si vous pouvez consolider tout ça dès le départ, Je pense que c’est extrêmement important.

Ne vous concentrez pas trop sur le fait de cocher la case, parce que cela peut conduire une sorte d’effet pervers Il s’agit autant de cœurs qu’il s’agit d’esprits. Et je pense qu’il faut tirer parti des opportunités qui existent. Vous savez, beaucoup d’entre vous dans cette salle seront des parents, peut-être des grands-parents. Et je pense que faire appel à cela, « De quoi les gens là-bas s’inquiètent-ils? Comment ces choses vont affecter mes enfants, ma nièce, mon neveu? » peu importe, essayez en quelque sorte d’entrer dans l’esprit des gens de cette manière, et je pense que c’est extrêmement important.

Et enfin, impliquez des « suspects inhabituels ». plus vous pouvez apporter de voix différentes au gouvernement, ils n’ont pas besoin de travailler nécessairement pour le gouvernement travaille, même si c’est aussi une bonne chose, mais plus vous pouvez apporter ces perspectives et souvent différentes et parfois à contre-courant dans un dialogue, et créer cette culture de la discussion ouverte et de la remise en question, plus vous améliorerez vos politiques et vos approches également.

KRISTEL VAN DER ELST : Merci beaucoup. C’est vraiment, je trouve ça… Je vous suis si reconnaissante d’être venue et j’étais heureuse que vous ayez accepté de participer à la Semaine des avenirs aussi, parce que je pense que c’est tout simplement incroyable. Je pense que c’est fascinant, le travail que vous faites et le type de changement, quand on envisage les choses d’une manière holistique, avec son esprit et son coeur, ce qu’on peut accomplir quand on croit à quelque chose, c’est assez incroyable. Alors, félicitations à vous et à vos dirigeants, et je suis certaine que vos enfants seront très fiers de vous.


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