Semaine des avenirs 2021: L’avenir de la connexion sociale
Cette vidéo aborde l’avenir de la connexion sociale du point de vue de trois grands changements et leurs implications pour les politiques publiques : l’automatisation des connexions sociales, nos connexions réelles dans des mondes virtuels et la pénétration de la surveillance sociale.
Conférenciers
Kurt Richardson, analyste en prospective
Simon Robertson, gestionnaire
Transcription
SIMON ROBERTSON: À quoi ressemblera l’avenir de nos connexioQuels sont les défis et opportunités qui s’y trouvent? C’est ce que nous allons explorer ensemble aujourd’hui avec l’équipe des connexions sociales d’Horizons de politiques.
Je m’appelle Simon Robertson, et je suis le gestionnaire de l’équipe de prospective sociale à Horizons de politiques. J’aimerais laisser la parole à Kurt Richardson qui va vous présenter notre travail sur ce sujet.
KURT RICHARDSON: Merci Simon. Bonjour tout le monde, je m’appelle Kurt Richardson. I’m a foresight analyst at Policy Horizons and a member of the future of social connection Je suis analyste en prospective chez Horizons de politiques et je fais partie de l’équipe qui travaille sur l’avenir des connexions sociales. Avant de commencer, je voulais juste partager rapidement une chose avec vous. Il y a quelques minutes, j’étais dans une autre pièce, je tenais ma fille, Ivy, d’un bras, et dans l’autre main, j’avais mon cellulaire, je parlais avec un collègue de la présentation d’aujourd’hui. Et, ça m’a pris quelque temps pour réaliser que – wow, c’est exactement le genre de chose dont je vais parler dans quelques minutes.
J’essaie d’entretenir deux connexions, deux relations simultanément, parce que la technologie me permet d’être semi présent dans les deux à la fois. Je crois que, pour moi, ce moment m’a vraiment fait comprendre le sentiment de proximité et d’intimité de ce dont nous allons parler au cours de cette session. La connexion sociale fait partie intégrante de notre nature en tant qu’êtres humains qu’il peut être facile d’oublier qu’elle est là, et aussi qu’elle peut changer.
Je sais que la connexion entre ma fille, Ivy, et moi va façonner son cerveau, son corps, son sentiment de sécurité, son bonheur, j’espère, et qu’elle façonnera au moins en partie son avenir. Et pour ma part, je peux déjà dire que cette connexion m’a vraiment façonné et changé aussi, dans ma façon de penser, d’agir, jusque dans mes cellules.
Et en parlant de connexion humaine, nous sommes tous là, pas vrai? Nous sommes tous réunis ici sur nos écrans, nous sommes ensemble, mais de loin. Au cours des dix-huit derniers mois, tant de gens ont traversé de longues périodes d’isolement, des perturbations importantes dans leurs relations, et toutes sortes d’autres choses, et je pense que ça fait beaucoup réfléchir les gens au sujet de la connexion sociale, en ce moment.
Alors je voulais simplement dire que, pour des raisons qui, j’espère, seront claires pour vous à l’issue de la session d’aujourd’hui, je pense juste que ce travail sur la connexion sociale est tellement, tellement important. Je parle non seulement en tant que fonctionnaire, mais aussi en tant que nouveau parent, partenaire, fils et ami.
Donc, allons-y. Ce matin, nous allons nous pencher sur l’avenir des connexions sociales et de leur implications pour les politiques publiques. Je vais parler de trois des nombreux changements qui touchent ce domaine : l’automatisation de nos connexions sociales, nos connexions réelles dans des mondes virtuels, et la pénétration de la surveillance sociale.
En écoutant, pensez à ce que ces changements pourraient signifier dans votre propre vie. Comment ils pourraient affecter les dossiers sur lesquels vous travaillez, vos relations personnelles et votre sentiment d’appartenance.
Comment envisageons-nous les connexions sociales du point de vue de la prospective et des politiques publiques? Si vous pratiquez les sciences sociales, vous penserez peut-être à la production du capital social, c’est à dire le produit positif de nos connaissances et de nos affiliations. Si vous pratiquez les sciences politiques, vous penserez peut-être à la cohésion sociale, ingrédient indispensable d’une société fonctionnelle ou, si vous pratiquez les sciences de la santé, vous parlerez peut-être de l’influence importante de l’appartenance et de la bienveillance sur notre santé physique et mentale.
Nous abordons la connexion sociale sous l’angle de ce qui change. Pour comprendre ce que signifient réellement ces changements, nous examinons leurs incidences dans trois domaines. Notre capacité humaine de connexion, ce qui motive nos connexions, et les occasions de créer des connexions.
Okay, comment appliquer tout cela à votre travail en tant que créateurs de politiques publiques? Qu’est-ce qui fait de la connexion sociale un enjeu de politique publique?
Mentionnons quelques raisons de s’y intéresser.
Tout d’abord, la solitude et l’isolement peuvent avoir des conséquences graves pour la santé physique et mentale. Par contre, un sentiment d’appartenance véritable semble améliorer grandement notre bien-être.
Ensuite, la connexion sociale est une composante nécessaire de l’économie. Elle alimente la productivité au travail, favorise l’innovation et aide à l’acquisition de compétences. Un sentiment de connexion sous-tend la confiance dans ceux qui nous entourent, ce qui semble influer sur le taux et la nature de notre participation démocratique.
Enfin, les humains sont des êtres sociaux par nature. La connexion affecte notre développement et aide à façconner notre cerveau, notre corps, et nos capacités à chaque génération.
Les connexions interpersonnelles sont donc centrales à toute politique liée au développement des êtres humains. Gardons cela à l’esprit et tournons-nous vers des sources importantes de changement que nous voyons se profiler. Chez Horizons de politiques, nous explorons certains changements fascinants dans nos modes de connexion sociale, mais je veux me concentrer sur trois exemples en particulier.
Quand vous pensez au mot « automatisation », qu’est-ce qui vous vient à l’esprit? Vous pensez peut-être à la mécanisation, aux usines, aux robots. Allons plus loin, jusqu’à l’automatisation numérique où des algorithmes analysent, suggèrent, affichent et décident. Vous avez vu comment l’automatisation numérique est la vente au détail, la musique, le cinéma, avec des effets transformateurs. Maintenant, nous avons des services de diffusion en continu qui connaissent nos goûts et des algorithmes qui déterminent ce que vous voyez quand vous magasinez en ligne, et comment la marchandise arrive jusqu’à votre porte.
Il est important de reconnaître que l’automatisation est déjà présente dans nos vies sociales aussi. Est-ce que vous ou quelqu’un que vous connaissez utilisez des plateformes de rencontre? Qu’est-ce qui décide qui vous voyez comme candidats potentiels à une connexion? Avez-vous remarqué que Google suggère des façons de terminer vos phrases dans un courriel? Avez-vous déjà souhaité « bonne fête » à quelqu’un parce que Facebook vous l’a rappelé? Ce sont de petits exemples d’automatisation de vos connexions sociales.
Il y a des exemples plus frappants aussi. Comme coParenter, une appli qui détecte les signes de tension dans les communications entre coparents et suggères des formulations différentes pour désamorcer la situation. Pour le moment, elle ne traite que les textos, mais pensez à son intégration dans le traitement du langage ou la détection des humeurs. À l’avenir, un tel système pourrait surveiller nos conversations et nous aviser en temps réel de ce que notre interlocuteur pourrait ressentir et suggérer de meilleures façons d’établir une connexion.
Imaginez un avenir où plus de gens se fient à ces outils. Qu’arrive-t-il à leurs capacités naturelles de connexion sociale? Nos sens sociaux innés, qui ont évolué pendant des dizaines de milliers d’années sont maintenant automatisés par un agent externe à nous-mêmes. Que pourraient signifier la médiation automatique des communications pour les politiques? Pensez à la notion de responsabilité de paroles et d’actes ou au consentement, ou à la valeur des idées. Si l’IA est co-auteure d’une communication, qui est tenu responsable des erreurs? À qui attribue-t-on le mérite d’une idée?
Parlons maintenant de jeux vidéo. Laissez-moi juste vous demander quelque chose. Quand je parle de jeux vidéo, quelle est votre réaction initiale? Est-ce que ça vous semble futile? Quelque chose que vous ne comprenez pas ou qui est loin du domaine des politiques? Posez-vous cette question : quel âge avez-vous? Si vous avez 15 ans, la réponse sera sans doute très différente de celle que vous donnerez si vous avez plus de 40 ou 50 ans. Nous parlons de jeux vidéo parce qu’ils explosent actuellement : leur utilisation, leur valeur, leur public et leur ambition pour l’avenir. Et ils sont de plus en plus importants pour la connexion sociale.
Les jeux sociaux sont l’aspect caractéristique des jeunes générations et dans seulement deux ou trois ans, ils représenteront un marché de plusieurs milliards de dollars, rien qu’aux États-Unis. Alors si votre réaction instinctive est de hausser les épaules quand on parle de jeux vidéo, il est temps de la réexaminer et de voir les mondes virtuels comme des forces de changement qui pourraient chambouler vos idées au sujet des politiques sociales.
Comment? En ce moment-même, des concepteurs de jeu élaborent des métaverses, un mot que vous entendrez de plus en plus au cours des mois et des années à venir. Qu’entend-on par là? Les métaverses, sont des mondes virtuels gigantesques qui dépassent les limites d’un simple jeu. Ils sont riches, immersifs, persistants, peuplés et accessibles de multiples manières. Aujourd’hui, pour de nombreuses personnes, les mondes virtuels de Fortnite ou Roblox sont des pôles majeurs de connexion sociale et, comme on s’y attendait, leurs concepteurs travaillent sur leurs propres métaverses pour cimenter leur importance sociale.
Bientôt, les jeux vidéo pourraient être des endroits où des gens de groupes démographiques différents, y compris le vôtre, vivent leur connexion sociale avec leurs amis, leurs proches et leurs collègues. Dans ce cas, nous pourrions bientôt vivre dans une société où les normes de nos connexions sociales, de nos relations, sont encodées dans ces espaces virtuels. Si, comme on dit, le code informatique est la loi, alors la conception et les règles de ces mondes virtuels détermineront les façons dont les participants peuvent ou ne peuvent pas interagir.
Les personnes qui décident comment fonctionnent ces mondes pourraient devenir des sources d’autorité qui déterminent quelles formes de connexion sont acceptables, ou non. Cela pourrait créer de nouvelles occasions de connexion, mais cela pourrait aussi dire que des formes de connexion plus traditionnelles seraient invalidées. Si travaillez sur des politiques liées à l’inclusion, à la diversité, à la famille ou à la communauté, demandez-vous ce qui pourrait arriver si certaines formes de connexion ne sont pas reconnues dans certains mondes, ou si de nouvelles formes de connexion émergent dont on réclame la reconnaissance officielle par le gouvernement.
Il est temps de réflechir au rôle du gouvernement dans ces nouvelles frontières de la connexion sociale. Service Canada devrait-il avoir un kiosque de service à la clientèle dans Minecraft?
La dernière source majeure de changement dont je vais parler aujourd’hui est la façon dont la technologie de surveillance s’entremêle avec notre identité et avec nos connexions sociales. Aujourd’hui, nous sommes entourés de systèmes intelligents qui nous observent, nous écoutent, interprètent ces informations et les envoient à d’autres systèmes qui font exactement la même chose. La plupart de ces technologies n’appartiennent pas à des gouvernements ni à d’autres autorités publiques, mais à des acteurs privés que les gens ont invités dans leur quartier, chez eux, et même sur leur corps en échange de services personnalisés.
Où cela se produit-il? Cela se produit dans les centres d’achat où la reconnaissance faciale suit les clients. Cela se produit avec des milliers de sonnettes vidéo de palier en Amérique du Nord. Cela se produit dans des quartiers qui repèrentles plaques d’immatriculation inconnues. Cela se produit avec les montres intelligentes qui transmettent votre rythme cardiaque et votre localisation. C’est sans doute tellement intégré à votre vie quotidienne que vous n’y pensez même pas.
Mais qu’est-ce que cela a à voir avec la connexion sociale? Faisons un court exercice de réflexion. Pensez à qui vous êtes, et comment vous vous présenteriez à quelqu’un d’autre ici. La plupart d’entre-nous sommes des employés de la fonction publique canadienne, et nous portons tous nos chapeaux de fonctionnaires. Quand vous arrêterez de travailler ce soir, je parie que vous enlèverez ce chapeau et en mettrez un autre. Celui d’un ou d’un ou d’une ami.e, de quelqu’un qui ne travaille pas pour le gouvernement, d’un ou d’une partenaire ou d’un parent. Vous faites peut-être partie d’une équipe de sport, d’une congrégation ou d’un groupe de bénévoles. Et je suis prêt à parier qu’il y a certains chapeaux que vous ne portez jamais en même temps. C’est un privilège dont nous jouissons actuellement grâce à ce qu’on appelle l’intégrité contextuelle, et à notre capacité personnelle d’être pluriels, de revêtir différentes identités à des moments différents.
Pensez à un avenir où la surveillance est encore plus normalisée. C’est un avenir dans lequel les gens pourraient perdre la liberté d’avoir des identités multiples dans des contextes multiples, et devenir plutôt un amalgamme de leurs paroles, relations, actions et préférences passés. Par exemple, une personne qui s’identifie comme queer, passionée de jeux vidéos et pratiquante d’une religion dans différents contextes pourrait trouver difficile de maintenir ces différents aspects de sa vie et de son identité, si elle le souhaitait.
L’authenticité des relations sociales pourrait aussi être remise en question à mesure que la performance sociale devient un moyen d’influencer la perception de ces systèmes de surveillance. Cela pourrait affecter ce qui motive notre désir de connexion avec les autres, si les interactions sociales exigent un calcul des risques par rapport aux avantages.
Je veux en venir à ceci : la surveillance sociale ne concerne plus seulement les décideurs politiques qui travaillent sur le respect de la vie privée. Nous vivons maintenant dans une société de surveillance, et nous ne reviendrons sans doute pas en arrière. Mais nous pouvons nous poser des questions sur les politiques publiques qui vont au-delà du pour ou contre. Par exemple, comment les politiques peuvent favoriser une bonne société de surveillance qui nourrit les connexions sociales authentiques, et qui encourage l’expérimentation, dans le respect de l’éthique, avec les identités multiples que nous avons tous et toutes.
Tout cela n’était qu’un échantillon des changements que nous voyons dans notre travail sur la connexion sociale. Je veux revenir à ce que j’ai dit plus tôt sur ma fille, Ivy. Voilà, c’est elle sur la photo. Quand j’ai réalisé que mon attention était divisée, j’ai posé mon téléphone et je me suis concentré seulement sur elle, jusqu’au moment de venir vous parler. Mais ce qui m’a frappé à ce moment-là, c’est que, même si j’avais posé mon cellulaire, et même si elle avait toute mon attention, elle cherchait des yeux la jolie lumière que j’avais en main quelques instants plus tôt. Cela m’a fait réaliser que, même si, et que ça me plaise ou non, et quoi que je fasse pour l’empêcher, cette technologie, et beaucoup d’autres, feront partie de son avenir. En particulier ses capacités, motivations et opportunités de connexion.
Et j’espère que je ne serai pas seul pour trouver mon chemin dans cette nouvelle réalité au fil des ans.
Merci, et je te rends la parole, Simon.
SIMON ROBERTSON: Merci pour ta présentation, Kurt, et de nous avoir amenés dans le futur de la connexion sociale. Étant moi-même le père de deux jeunes enfants, et aussi ton coéquipier sur ce projet, je sais qu’il est essentiel d’explorer les défis et les opportunités liés à la connexion sociale et aux nouvelles générations.
Je note que la plupart d’entre nous, ici, comme l’a mentionné Kurt, ont remarqué un intérêt accru pour le sujet de la connexion sociale pendant la pandémie. En gardant cela à l’esprit, Kurt, peux-tu nous dire ce qui a motivé cette étude?
KURT RICHARDSON: Bien sûr. Bon, comme je l’ai dit plus tôt, la pandémie qui nous a tous affectés a vraiment souligné le rôle que la connexion sociale joue dans notre vie. Mais pour nous à Horizons, nous pensons à la connexion sociale depuis début 2019, avant la pandémie.
Je vais développer un peu, à l’époque, la raison pour laquelle nous voulions explorer ce sujet, c’est que, dans nos conversations avec des experts, nous avions commencé à remarquer un thème commun ou plutôt deux thèmes communs, en fait. Nous entendions beaucoup d’inquiétudes au sujet de la solitude et de l’isolement sociale et des conséquences de la prolifération de ce type de sentiment, et nous entendions aussi beaucoup parler d’une brêche, ou d’un déclin dans la confiance dans la société, dans le gouvernement, dans les concitoyens, et, en fait, je pense que la pandémie a amplifié les raisons pour lesquelles nous avions entamé ces recherches, et peut-être mis en évidence leur importance. Voilà en bref les thèmes communs qui nous ont amenés à ce point.
SIMON ROBERTSON: Et pendant que vous étudiez le sujet, peux-tu identifier pour nous des hypothèses vulnérables concernant les politiques publiques que tu as observées?
KURT RICHARDSON: Oui bien sûr. Identifier les hypothèses vulnérables en politique est l’une des raisons pour laquelle nous pratiquons la prospective à Horizons, donc c’est un objectif, mais certaines ont déjà été mentionnées qui sont, on peut le voir, assez bancales pour l’avenir.
Par exemple, d’abord, nous avons vraiment remarqué une vulnérabilité potentielle dans l’idée que les gens s’occuperont eux-mêmes de leurs besoins de connexion sociale, certains le ressentent comme la faim, ça a été identifié. Nous avons trouvé que les perturbations dans nos capacités, opportunités et motivations pour la connexion sociale peuvent créer un sentiment d’isolement et, au lieu de faire ce qu’on penserait, soit se mettre en recherche de connexion sociale, dans ces cas-là, ils ont tendance à se mettre encore plus en retrait. Donc l’hypothèse selon laquelle, quand les gens se sentent seuls ou isolés qu’ils vont aller checher la connexion sociale, est assez vulnérable pour l’avenir.
Une autre hypothèse intéressante du point de vue des politiques est de supposer que les gens vont chercher, pardon, que nos besoins humains de connexion vont être satisfaits par d’autres humains et, avec les évolutions en intelligence artificielle et en robotique, on voit que ce ne sera peut-être pas le cas à l’avenir. On voit ça, par exemple, dans un article assez populaire est récemment paru dans le New Yorker, dans lequel on parle d’envoyer des robots-animaux aux personnes âgées pour les aider à surmonter l’isolement social.
Et oui, il se passe beaucoup de choses dans ce domaine, que ma collègue Katherine étudie, cet elle se joint au panel donc elle pourra parler des robots un peu mieux que moi, mais ce sont, rapidement, les deux hypothèses que nous avons identifiées comme vulnérables à l’avenir.
SIMON ROBERTSON: Merci Kurt. J’aimerais maintenant me tourner vers les questions de l’auditoire : devrait-on apprendre et s’adapter à l’écosystème changeant de l’intégrité contextuelle ou devrait-on y résister? Comment?
KURT RICHARDSON: Hmm, l’intégrité contextuelle, oui, c’est l’idée que l’intégrité contextuelle puisse disparaître et créer une réalité fort différente de celle que nous connaissions jusqu’à présent. Nous n’avons jamais eu de système capable d’oblitérer entièrement les barrières entre les situations. Et je ne sais pas si nous pouvons y faire grand chose ou nous y opposer ou y faire obstruction, mais nous devrons peut-être ériger, je ne sais pas, peut-être que dans nos relations, les gens inventeront leurs propres codes ou des limites pour préserver certains contextes comme sacrés, et ouvrir les autres à des marges peut-être flouées par la surveillance sociale.
SIMON ROBERTSON: Et que signifie cette nouvelle connexion sociale pour la sécurité personnelle pour les plus jeunes en particulier? La personne ici pense à les protéger de la radicalisation dans les jeux multijoueurs dont tu parlais plus tôt.
KURT RICHARDSON: Oui, alors le besoin de sécurité personnelle et de respect de la vie privée, surtout quand on parle des plus jeunes, est primordiale, et nous ne savons pas ce que les générations suivantes penseront de notre écosystème actuel de protection de la vie privée et de partage, donc ça pourrait être un tournant intéressant à l’avenir. En ce qui concerne la radicalisation, en particulier dans des jeux, ce sont, comme je l’ai dit, de nouvelles frontières pour la connexion sociale où le gouvernement devra peut-être trouver un moyen de s’impliquer avec… suffisamment pour que les personnes vulnérables… disons, pour ce ne soit pas un domaine où trop de personnes vulnérables se laissent embarquer. Sur le sujet de la radicalisation en soi, je vais laisser le soin à l’une de nos brillantes panélistes, Rosalind, de nous en dire plus, parce que je ne suis pas expert dans ce domaine.
SIMON ROBERTSON: Moi aussi, j’ai hâte de l’entendre. En ce qui concerne les mondes virtuels et la connexion sociale, as-tu entendu beaucoup parler de la possibilité que ces mondes soient adaptés pour d’autres fonctions, comme des rassemblements religieux?
KURT RICHARDSON: Excellente question. Oui, la réponse courte est oui. La réponse plus longue est que l’idée d’un métaverse de ces grands mondes virtuels est qu’ils seront utilisés à beaucoup de fins différentes, et nous le voyons déjà, je crois que le Vatican a un serveur Minecraft qui, il me semble, a rapidement subi une sorte de piratage, mais c’est le genre de protection que le gouvernement pourrait devoir mettre en place pour que les gens puissent se rassembler en ligne en sécurité, par exemple. Mais oui, dans un métaverse, il y a tant d’opportunités de faire tellement plus.
La connexion sociale est la base de ces choses, mais comme nous le savons pour la vie réelle, il y a tant d’activités, tant de possibilités et de défis qui prolifèrent d’un simple acte de connexion sociale. Donc tout espace qui fournit un endroit, un moyen pour se rassembler, pour se réunir, on va voir que ces activités, espérons, y fleurissent.
J’aimerais me tourner vers les résultats de notre sondage. Une des questions que nous avons posée aux participants était de savoir si leur ministère avait une présence officielle dans des jeux vidéo ou mondes virtuels. Et 95 % de ceux qui ont répondu ont dit « non », mais il y en a 5 % qui ont dit « oui ». Avant que Kurt en discute plus, je vais dire à ceux qui font partie des 5 %, on aimerait bien en discuter plus avec toi ou ton équipe à un certain point, parce que c’est certainement un sujet que Kurt a suivi et qui nous intéresse ici, à Horizons de politiques.
KURT RICHARDSON: J’adorerais en savoir plus là-dessus. Le façon dont divers ministères s’impliquent dans les mondes virtuels, je pense que ça peut être une chose qui continue et qui peut être nécessaire à mesure que les gens, par exemple, si les gens commencent à préférer ces mondes virtuels au monde réel y trouvent leur communauté, leurs cercles de personnes auxquelles ils s’identifient davantage. On voit déjà ça souvent. Donc, quels services le gouvernement doit-il offrir dans ces cercles et lesquels offre-t-il déjà, s’il-vous plaît, dites-le moi.
SIMON ROBERTSON: Excellent, nous aurons un suivi sur ce point. Une autre question que nous avons posée était : À votre avis, quelle possibilité est-ce que l’utilisation de dispositifs de surveillance présenterait dans la société ou dans votre vie quotidienne?
Et à ce propos, la collecte de données pour produire de meilleurs résultats était un domaine qui, de très nombreuses personnes dans l’auditoire ont souligné la collecte de données, particulièrement les données désagrégées, comme étant bien importante, surtout au cours de l’année passée, comme domaine d’intervention du gouvernement pendant la pandémie. J’espère que tu vas pouvoir en parler un peu, Kurt.
KURT RICHARDSON: Bien sûr, oui. Dans l’espace de la surveillance sociale, je pense qu’on est tous d’accord pour dire que la collecte de données est probablement l’objectif principal de ce genre de choses. Dans ce domaine, la vraie question est vraiment à qui les gens font confiance, à qui ils font confiance pour collecter leurs données. Comme je l’ai laissé entendre plus tôt, les gens font confiance aux entreprises privées, en ce moment, beaucoup plus qu’aux gouvernements, malheureusement, donc, désire utiliser la surveillance sociale pour collecter des données par des moyens multiples, même des données désaggrégées, il devra peut-être travailler à regagner une partie de cette confiance, et je pense que c’est une chose que nos collègues qui travaillent sur la création de sens peuvent mieux expliquer pendant les prochaines sessions.
SIMON ROBERTSON: Merci, Kurt. Je suis certain que tout le monde ici a hâte de te parler davantage de tout ça. N’hésitez pas à contacter Kurt si vous voulez en savoir plus sur notre projet.
Pour plus d’informations, veuillez visiter horizons.gc.ca