Causeries d’Horizons : Les pandémies à fortes répercussions : De la crise à l’état de préparation

Le 13 novembre 2020. Rudi Pauwels parle de la nécessité d’élaborer des systèmes résilients et durables pour surveiller et détecter les maladies infectieuses et y répondre. 13 16

La série de conférences Causeries d’Horizons réunit des experts du Canada et du monde entier qui partagent leurs recherches et leurs idées prospectives avec les fonctionnaires.


Les pandémies à répercussions élevées ne sont-elles qu’une question de temps?

Joignez-vous à nous pour une présentation et une conversation à point nommé avec le Dr. Rudi Pauwels, fondateur et président de la Praesens Foundation et le coprésident du groupe de travail en recherche et développement sur les diagnostics qui fait partie de l’ACT – une collaboration mondiale visant à accélérer le développement, la production et la distribution équitable de nouveaux tests diagnostiques, de nouvelles thérapies et de nouveaux vaccins contre la COVID-19. Rudi partagera ses travaux sur l’état de préparation et de réponse en prévision d’une pandémie. Il abordera le besoin d’établir des systèmes résilients et durables pour surveiller et détecter les menaces de maladies infectieuses et y réagir.

La COVID-19 est un rappel des répercussions que des éclosions de maladie et des pandémies peuvent avoir sur la vie des gens, leurs moyens de subsistance, ainsi que sur la croissance et le développement économiques. L’histoire montre que de tels événements ne sont qu’une question de temps. Pourtant, malgré le nombre croissant d’éclosions de maladie au cours des dernières décennies, le monde reste vulnérable et doit passer d’une situation de réponse aux crises à un état de préparation.

Vidéo

Présentateur

Dr Rudi Pauwels

Le Dr Rudi Pauwels a étudié les sciences pharmaceutiques et la virologie à l’University of Leuven (Belgique). Il est un entrepreneur en série en biotechnologie avec plus de 35 ans d’expérience dans le domaine des produits pharmaceutiques et des diagnostics. Au milieu des années 1980, il a décrit les premières méthodes de recherche des agents anti-VIH. Ses travaux universitaires et les efforts de l’équipe qu’il a dirigée chez Tibotec se sont traduits par plusieurs nouveaux médicaments anti-VIH qui sont maintenant largement utilisés pour traiter les patients infectés par le VIH.
 

Depuis plusieurs mois, le Dr Pauwels est le coprésident du groupe de travail en recherche et développement sur les diagnostics qui fait partie de l’ACT – une collaboration mondiale visant à accélérer le développement, la production et la distribution équitable de nouveaux tests diagnostiques, de nouvelles thérapies et de nouveaux vaccins contre la COVID-19. En savoir plus.

Transcription

KRISTEL VAN DER ELST : Bonjour à tous et à toutes. Nous sommes heureux de (inaudible) d’avoir avec nous aujourd’hui le Dr Rudi Pauwels. Nous sommes tous les deux d’origine belge. Rudi, laissez-moi commencer par quelques mots d’une grande importance pour moi.

Alors, le Dr Rudi Pauwels a étudié les sciences pharmaceutiques et la virologie en Belgique et il est un entrepreneur en série dans le domaine des biotechnologies depuis plus de 35 ans, fort de son expérience en pharmaceutique et en diagnostic.

Ses premiers travaux ont abouti à la mise au point de plusieurs médicaments contre le VIH, qui sont aujourd’hui largement utilisés pour traiter les patients atteints du VIH.

Rudi a mis sur pied plusieurs entreprises différentes dans le domaine de la biotechnologie et en 2004, il a pris une année sabbatique, je crois, parce qu’étant donné ses connaissances en microtechnologie et en nanotechnologie, il voulait explorer ces secteurs et il s’est laissé surprendre par le besoin accru de diagnostics plus rapides et plus faciles à utiliser pour permettre la prestation d’une médecine personnalisée et de proximité étroite avec les patients. En 2007, il a fondé une organisation appelée Biocartis et c’est par le biais de celle-ci que nous nous sommes rencontrés, parce que pour son travail et cette innovation, Rudi s’est vu décerner le Local Technology Pioneer Award par le Forum économique mondial.

Après avoir dirigé cette entreprise pendant près d’une décennie, il a décidé de se recentrer sur les maladies infectieuses et l’innovation en matière de technologies de diagnostics, et en 2014 il a connu une phase d’inspiration alors qu’il luttait contre l’éclosion de la maladie à virus Ebola, en Afrique de l’Ouest.

Il a créé une fondation – la Praesens Foundation – qui développe, fournit et met en œuvre des solutions contribuant à un meilleur état de préparation aux épidémies, à un système d’alerte précoce et à une intervention rapide aux maladies infectieuses existantes et nouvelles.

Depuis quelques mois, Rudi est également le coprésident du groupe de travail sur la R‑D en diagnostic, rattaché à l’initiative de collaboration mondiale Access to COVID-19 Tools Accelerator, dont le but est d’accélérer le développement et la production de nouveaux diagnostics, de nouveaux vaccins et de nouvelles thérapies pour lutter contre la COVID‑19, et de fournir un accès rapide et équitable. C’est un nom très long. Il s’agit d’une organisation mondiale affiliée à l’OMS et dans laquelle le Canada a investi.

Alors donc, pour moi, Rudi est aussi une des personnes avec qui je parle souvent de la COVID‑19 et peut-être que je pourrais vous raconter une petite anecdote : lorsque nous nous sommes rencontrés à la fin février, vous savez, souvenez-vous avant que toute cette histoire commence à prendre du sérieux, je me souviens qu’il a dit « Dans quatre semaines, ce sera très, mais très différent. Vous verrez ». Et bon sang qu’il avait raison!

Alors je suis très honorée qu’il soit avec nous aujourd’hui. J’ai hâte de vous écouter Rudi et je suis certaine que la conversation sera fantastique.

                                 Je vous cède donc la parole.

RUDI PAUWELS : Je vous remercie, Kristel, et étant donné que j’ai perdu un peu de temps à cause de petites difficultés techniques, j’ai décidé d’arrêter ma vidéo ici, de continuer à parler, et Rachel a été assez gentille pour faire avancer mes diapositives.

Alors Rachel, si vous pouviez préparer les diapositives? D’accord, merci beaucoup.

Alors bon matin, et je vous remercie beaucoup, Kristel, de m’avoir invité à animer cette causerie d’Horizons de politiques Canada.

Comme vous l’avez dit, il s’agit d’une causerie portant sur un sujet auquel, malheureusement je dirais, nous sommes confrontés chaque jour désormais. Par conséquent, je vous suis très reconnaissant pour votre intérêt à vous exposer davantage, du moins au sujet!

Maintenant, comme vous venez de le mentionner, Kristel, au cours de 35 dernières années, j’ai été actif dans le domaine des maladies infectieuses et je me suis retrouvé moi-même – attiré par une puissante force, je dois l’admettre – à travailler sur les lignes de front de quelques importantes offensives de la part de pathogènes.

Au fil de la causerie, j’utiliserai à quelques reprises des termes similaires du domaine militaire pour des raisons avec lesquelles, je l’espère, vous serez à l’aise.

Alors donc, pour ce champ de la bataille, comme l’a mentionné Kristel, il n’y a pas si longtemps, nous avions besoin de nouvelles thérapies, de nouveaux vaccins et de nouveaux diagnostics. Et pour la présentation d’aujourd’hui, j’ai choisi comme titre : « Les pandémies à fortes répercussions : D’une crise à un état de préparation ». Et je tenterai de situer l’actuelle crise de la COVID-19 dans la perspective plus large qu’il est urgent d’adopter.

J’aborderai donc quatre thèmes, et Rachel, si vous pouvez passer à la diapositive suivante, j’aborderai quatre thèmes et ensuite je passerai à quelques conclusions, ou plutôt recommandations.

Pour le premier thème, j’aborderai ce que j’appellerais les « ennemis qu’on ne voit pas », ces ennemis invisibles pour le simple observateur qui ne dispose pas d’un microscope spécial, du moins, bien que les effets de ces ennemis invisibles soient parfois très visibles. Et nous sommes justement dans ce genre de situation.

Maintenant, puisque j’aime bien les citations, en voici une qui nous vient de Mark Twain, et en fait, c’est la meilleure pour résumer ce dont je discuterai dans cette partie : « L’histoire ne se répète pas d’elle-même, mais elle comporte des rimes ».

Maintenant, dans ce cas-ci, je pourrais même aller plus loin. Dans les faits, l’histoire se répète occasionnellement d’elle-même et même avec des détails effrayants. Je donnerai des exemples pour illustrer cette affirmation.

Mais ces ennemis invisibles et ce qu’ils peuvent causer ne font pas juste partie de l’histoire, ils font partie de notre histoire naturelle en tant qu’humains, comme je l’illustrai à l’aide de quelques exemples.

Et je me suis souvent demandé pourquoi les antécédents de pandémies qui avaient même parfois changé le cours de l’histoire humaine n’avaient reçu de l’attention qu’en des périodes comme celle que l’on vit en ce moment.

Une autre chose que j’ai lue quelque part, c’est que l’histoire est la plupart du temps écrite par ceux qui ont gagné. La réelle tragédie est que les pandémies ne font pas vraiment de gagnants et que les survivants ont été connus et montrés comme n’étant pas particulièrement désireux de se faire rappeler les moments tragiques qu’ils ont traversés.

Alors d’une certaine manière, nous ne souffrons pas d’un certain type d’amnésie en ce qui a trait à la force avec laquelle les pathogènes et les pandémies peuvent frapper. Par conséquent, l’actuelle crise de COVID‑19 devrait être vue comme étant une autre sonnette d’alarme majeure par rapport à la réalité des éclosions de maladie et des pandémies, et par rapport au fait qu’elles surviennent et que ce n’est qu’une question de temps.

Il y a eu des rapports qui ont paru plus tôt, des avertissements concernant l’arrivée probable d’un nouveau type d’influenza, le coronavirus, ou d’autres pandémies, et certaines données scientifiques sorties au début de l’actuelle pandémie auraient dû être prises plus au sérieux. Bien sûr, ce qui vient compliquer les choses, c’est l’occurrence irrégulière et assujettie aux facteurs temporels très difficiles à prédire de ces pandémies. Ce qui n’aide pas non plus, c’est la complexité des possibles facteurs convergents, qui feront pencher la balance et détermineront si la spirale des éclosions de maladie initiales sera hors de contrôle ou non et aboutira ou non à une pandémie ou même une catastrophe.

Pour le troisième thème, j’aborderai quelques importantes observations et leçons à retenir en ce qui a trait à l’urgent besoin de passer du mode intervention à la crise vers un mode opérationnel beaucoup mieux préparé.

Lutter contre les éclosions de maladie se compare parfois à lutter contre les incendies, mais je pose la question : nos pompiers ont-ils réellement été bien formés et sont-ils adéquatement équipés? Ne serait-il pas, par exemple, grandement temps d’investir dans des détecteurs de fumée et d’autres appareils qui peuvent éteindre le feu avant qu’il ne crée des ravages? Et dans cette partie, je partagerai une partie de mon expérience et de mes initiatives courantes, comme l’a déjà mentionné Kristel.

Et finalement, parmi les armes ou les outils pour lutter contre toute éclosion de maladie, je partagerai quelques réflexions sur les diagnostics, dont l’importance et la valeur sont (inaudible) ou, à tout le moins, non pleinement pris en compte.

Maintenant, il y a quelques jours, j’ai lu cette déclaration du sous-ministre italien de la Santé, Pierpaolo Sileri, et je crois qu’elle résume très bien toute l’histoire. Il disait « Avons-nous saisi, oui ou non, que nous étions en guerre? Nous luttons pour sauver l’Italie. ».

Et cette déclaration, il l’a faite en réponse aux protestations croissantes d’au moins une partie de la population italienne qui résiste aux mesures de confinement obligatoire à venir. Et, vous savez, cette situation fait écho à des événements que nous avons vus dans d’autres parties du monde.

Maintenant, même si on s’accorde pour dire que les guerres et la pauvreté ont livré une concurrence impitoyable, on ne saisit pas très bien qu’avant 1900, environ la moitié des vies humaines s’éteignait prématurément à cause d’une infection, et ce graphique datant de quelques années illustre quelques-uns des principaux agents tueurs responsables de ce taux de mortalité élevé.

Les mots peste, épidémie de peste, quarantaine (inaudible) se veulent aujourd’hui un rappel de la maladie bactérienne qui, essentiellement au 14e siècle, a balayé le continent européen, rayant de la carte près de la moitié de la population en quelques années seulement.

Et quelque chose de gros, comme on le dit en Californie, a été la très contagieuse variole qui, selon l’Organisation mondiale de la Santé, a été éradiquée en 1980 grâce au vaccin, dans une victoire historique totale rare au chapitre des pathogènes. On estime que cette maladie a fait plus de 300 millions de morts.

Et nous devrions aussi nous rappeler que la variole ainsi que d’autres infections auraient balayé 90 pour cent de la population autochtone américaine, un lugubre rappel de ce qui s’est passé lorsqu’une population complètement vulnérable sur le plan immunologique a été exposée à de nouveaux pathogènes.

Maintenant, grâce aux avancées constantes en matière de médicaments et de vaccins ainsi qu’à une meilleure hygiène, les chiffres sur la mortalité mondiale attribuable à ces maladies infectieuses ont diminué au 20siècle à environ 25 pour cent, et ils sont encore plus bas dans les pays développés.

Il y a quelques jours, nous avons célébré à juste titre la fin de la Première Guerre mondiale, un terrible chapitre dans l’histoire humaine. Mais il y a 100 ans également, le monde a été témoin de la plus vaste pandémie du 20siècle, qui s’est fait connaître sous le nom de grippe espagnole et qui aurait fauché de 50 à 100 millions de vies.

Alors, dites-moi, comment appelle-t-on quelque chose qui a tué, au cours du dernier siècle seulement, plus de femmes, d’hommes et d’enfants que toutes les guerres combinées (inaudible)? Je crois qu’on appelle ça un ennemi. Un ennemi qu’on ne voit pas.

En 1981, plus près de mon propre travail et de celui de mes collègues, une nouvelle maladie a été détectée pour la première fois et a commencé à se répandre à travers le monde. Elle est aujourd’hui connue sous le nom de SIDA. Il aura fallu trois ans pour trouver le pathogène qui causait cette maladie, soit le VIH, un membre précédemment inconnu de la famille des rétrovirus ainsi appelés. Et rappelons-nous que c’est la recherche fondamentale réalisée sur d’autres membres de cette famille particulière qui a vraiment aidé à faire cette découverte. Il est vite devenu évident que recevoir le diagnostic du SIDA n’était rien de moins que recevoir sa sentence de mort. Le taux de mortalité après plusieurs années de vie avec le virus est supérieur à 95 pour cent, et cette maladie principalement transmissible sexuellement peut se propager d’une personne à une autre pendant des années à partir d’une personne infectée.

L’augmentation rapide de la mortalité que vous voyez sur ce graphique montré ici pour les États-Unis a fait en sorte que le SIDA a été déclaré comme étant une crise sanitaire mondiale. On voit également sur le graphique qu’au milieu des années 90, la mortalité à la hausse a connu un revirement. Il est intéressant de noter qu’essentiellement, ce sont les diagnostics et les antiviraux qui ont été à la base de ce revirement. Digne de mention également, le fait que 40 ans plus tard, nous n’avons toujours pas de vaccin.

Maintenant, bien que la mortalité moyenne due aux infections reflète les tendances positives continues, le nombre d’éclosions de maladie – pour vous situer, plus de 10 000 décès au cours de la dernière décennie, alors on voit qu’il y a une stabilité depuis les années 80 – et les bactéries et les virus étaient la cause la plus commune de ces maladies, le nombre d’éclosions causées par la transmission d’humain à humain, les facteurs environnementaux, par exemple les moustiques, ont également connu une hausse. Les facteurs connus de cette tendance comprennent la pression sur nos écosystèmes, le commerce international croissant, le nombre de plus en plus élevé de voyages et l’urbanisation – la moitié de la population mondiale vit aujourd’hui dans des villes. Mais un autre fait très important est le suivant : ce que ces tendances ont démontré, c’est qu’au-delà des répercussions locales sur la santé, il y a de plus en plus de conséquences majeures sur l’économie, le développement et la sécurité.

Et aujourd’hui, j’aimerais profiter de l’occasion pour mettre en évidence une autre pandémie qui se développe lentement, et qui est peut-être invisible pour la plupart d’entre nous, qui est liée à la résistance aux antimicrobiens croissante, ou la RAM, due à l’utilisation inappropriée – et peut-être à l’abus – des antibiotiques, avec des conséquences futures de l’ordre de trillions de dollars sur les soins des santé et l’économie. Et ce que je viens de dire, c’est selon un important (inaudible) commandité par le gouvernement du Royaume-Uni il y a quelques années.

Je ne parlerai pas trop du biotourisme, mais nous devrions également garder cet aspect à l’esprit.

Ce n’est pas que nous n’avons pas déjà été témoins d’éclosions de maladie dues à des virus qui se transmettent par les voies respiratoires. Tous les (inaudible) des pandémies d’influenza majeures, également des virus, de la famille du coronavirus ont été pris en compte. Maintenant, vous devez savoir que dans tous les livres de virologie, les coronavirus sont souvent décrits comme étant des affections causant des symptômes relativement mineurs, un peu comme un rhume commun.

Mais tout a changé en 2002 à cause de l’éclosion de la maladie associée au virus du syndrome respiratoire aigu sévère, le SRAS. L’éclosion de la maladie associée au virus du SRAS a causé de réels dommages, économiques entre autres, surtout en Asie du Sud-Est. Et on ne se souvient pas très bien comment elle a été freinée, non sans les efforts héroïques des équipes qui ont essayé de briser la chaîne de transmission. Mais souvenez-vous que la mortalité pour ce virus particulier était de 10 pour cent, ce qui est beaucoup plus élevé que la mortalité associée au COVID‑19.

Et façon de parler, nous avons eu un deuxième avertissement qui est venu du syndrome respiratoire du Moyen-Orient, le SRMO, il y a seulement huit ans, en 2012. Les nombres totaux d’infections étaient plus bas, mais ce virus particulier a vraiment causé du tort aux personnes infectées, à preuve le taux de mortalité qui était de plus de 35 pour cent.

Alors, tout cela me pousse à dire – vous pouvez cliquer une autre fois Rachel – cela me pousse à dire donc que, même si l’apparition de la COVID‑19 n’était qu’une question de temps, il semble qu’en fonction de toutes ces tendances, c’est juste une question de temps pour ce que j’appellerais une pandémie à fortes répercussions, une pandémie causée par un virus qui combine une mortalité intrinsèque élevée et une transmission par les voies respiratoires, même par les gens qui n’ont pas encore de symptômes ou dont les symptômes ne sont pas encore apparents.

On ne réalise pas assez rapidement cette capacité particulière des virus qui peuvent avoir (inaudible) contribué à celui-ci et, admettons-le, la transmission par aérosols qui, on le pense désormais, atteindrait son sommet un ou quelques jours avant l’apparition des symptômes est ce qui fait qu’amener les gens infectés ici est si difficile. C’est pourquoi le port du masque et la distanciation sont des mesures si importantes, outre le fait qu’on doit tenir compte du danger des séjours prolongés dans des endroits clos et non ventilés.

Maintenant, si on parle d’éclosion de maladie, nous disons qu’une éclosion débute par un cas et se termine avec ce même cas. Hier, officiellement plus de 600 000 nouveaux cas de COVID‑19 avaient été reportés. Alors clairement, nous sommes là – nous ne sommes pas là encore.

Bon nombre d’entre vous suivent probablement ces chiffres régulièrement, alors je n’approfondirai pas là-dessus.

La COVID-19, comme je l’ai déjà, tire une autre sonnette d’alarme à l’échelle mondiale. Et je ne peux m’empêcher d’insister sur le fait que nous devons tirer des leçons de cet avertissement. Une leçon fort importante et qui est tout à fait claire, c’est que, premièrement, le problème qui sévit dans une partie du monde peut s’étendre dans chaque partie du monde et devenir un problème mondial, et en présence de virus comme ceux-là, tout peut se passer très très rapidement.

Deuxièmement, les éclosions de maladie et les pandémies sont plus qu’un problème médical. Nous sommes témoins des perturbations majeures des économies nationales et mondiales à l’échelle du globe, de la nécessité de fermer les écoles et les entreprises pendant des semaines, voire plus longtemps, de restreindre les interactions sociales, et ainsi de suite.

Alors malgré tous ces signes en janvier, la plus grande partie du monde occidental a eu à réagir en mode crise, et on a constaté des faiblesses par rapport à l’état de préparation, également en ce qui a trait à notre infrastructure, à la formation du personnel, à l’équipement, à l’accès aux diagnostics en quantité suffisante et dans des délais rapides, sans oublier le nombre insuffisant, voire inexistant, d’équipes directement (inaudible) dédiées aux antiviraux. Je suis certain que bon nombre d’entre vous qui contribuez à la réponse du Canada sont déjà au courant des points que je soulève ici.

En quelques semaines, les chercheurs ont réussi à séquencer et à rendre public le génome du SRAS‑CoV‑2 et c’est vraiment un gros pas en avant. Mais la propagation de la maladie était trop rapide pour que les vaccins aient une incidence dans les premiers mois de l’année.

Et nous devrions tous à juste titre être emballés par les chances de travailler à la mise au point d’un vaccin qui pourra être distribué dans le monde entier, au cours des mois à venir. Il y a de l’espoir. Mais il y a un éléphant dans la pièce : ce qu’on observe, c’est que les technologies de vaccin actuelles et tous les efforts que nous y mettons, les ressources, les experts, il n’en demeure pas moins que cela prend entre douze et dix-huit mois à mettre au point un vaccin, prouver qu’il est sûr, qu’il est efficace et qu’il peut être reproduit à l’échelle souhaitée.

Dernier point et non le moindre, comme également (inaudible) au cours des derniers jours, il faut tenir compte de la joyeuse logistique d’administrer le vaccin à des millions, voire des milliards de personnes.

Alors quand on regarde certains des (inaudible) de la COVID‑19 comme ceci – c’est (inaudible) de l’Organisation mondiale de la Santé, il est évident que même si le virus s’est répandu partout dans le monde, la dynamique et la gravité selon lesquelles se développe la pandémie sont influencées par la scène et les acteurs et, en ce sens, j’appellerais cela un genre de pièce de théâtre ou de drame pouvant avoir différentes finales.

Comme je l’ai dit plus tôt, les infections appartiennent à l’écosystème des humains, alors il y a une sorte de stabilité qui caractérise les infections chez les populations du monde entier.

À titre d’exemple, c’est possible cette année, le jury n’est pas là pour trancher, mais je disais donc qu’il n’est pas impossible qu’il y ait cette année autant de gens qui meurent de la tuberculose que de la COVID‑19. Mais lorsqu’il y a éclosion de maladie, le fait qu’elle transitera ou non vers une pandémie aux conséquences dramatiques, voire catastrophiques dépendra des acteurs et de la scène où ils évoluent.

La finale dépend essentiellement, en fait elle est déterminée par le jeu complexe des divers acteurs et décors qui, à un moment donné, convergent pour former un « drame parfait ».

Alors Rachel, si vous pouvez passer à la diapo suivante, merci.

La plupart de ces organismes – je suis désolé – au cœur de tout ceci, il y a une triade à l’œuvre, et les membres de cette triade sont les virus, les bactéries et les autres pathogènes. Je ne ferai pas un exposé sur la virologie, mais soyez assurés qu’il en existe un nombre incroyable! Et il existe des microorganismes différents dans pratiquement chaque créneau qui comporte de la vie.

Un sous-ensemble de ces organismes, ces microorganismes, virus, bactéries et autres, peut devenir pathogène pour l’homme.

Il va sans dire qu’ils étaient là avant nous et qu’ils nous survivront également.

Alors la plupart de ces organismes ont atteint ce que j’appellerais une sorte d’état d’existence équilibré au sein de leurs hôtes naturels, par exemple les chauves-souris, la volaille, les rats et les serpents. Et il existe de multiples mécanismes et encore plus d’occasions qui poussent ces pathogènes à se transmettre d’une espèce à l’autre.

Maintenant, lorsque le pathogène est capable de se répliquer suffisamment dans le nouvel hôte, et qui plus est, quand il a acquis la capacité de se transmettre entre ces nouveaux hôtes, il y a éclosion et évolution de la maladie.

Mais ce que nous avons appris grâce à la COVID‑19, c’est que les hôtes ne sont pas tous identiques. Vous avez vu cela très clairement dans la dynamique de l’éclosion de la maladie dans le monde entier. Je veux dire, il y a des différences par rapport aux hôtes : l’âge, l’état immunitaire, les conditions de santé sous-jacentes, l’emplacement de la population humaine, les conditions de vie, le statut social, les comportements, les modèles de déplacement, l’environnement, le climat. Tous ces facteurs influenceront l’aboutissement et détermineront si l’éclosion de la maladie s’aggravera pour passer au stade de pandémie entraînant différentes conséquences.

Mais nous pouvons faire plus, et même relativement à court terme, parce que c’est très important. Certains des facteurs que j’ai mentionnés prendront du temps à se développer. Nous pouvons, par exemple, nous assurer que nos conditions de vie – celles que nous concevons pour notre société – nous aideront à mieux nous préparer, à être plus résilients devant l’occurrence de ces éclosions de maladies. Mais nous pouvons faire encore plus. Et ce plus comprend les investissements dans ce que j’appellerais les outils, les armes pouvant empêcher les éclosions de maladies, ou à tout le moins limiter les dégâts une fois qu’elles surviennent. Et je vous en fais la liste ici. Je n’irai pas dans les détails pour chacun, mais on parle de travailleurs de la santé bien formés, en s’assurant qu’ils disposent de l’équipement adéquat, que notre infrastructure de soins de santé est appropriée. Ce matin, vous avez peut-être vu aux nouvelles qu’en Italie, bien dans certaines parties du moins, les hôpitaux sont bondés. Le pays doit désormais remplir des hôtels pour placer les patients atteints de la COVID‑19.

La science n’arrivera pas à mettre ce fait assez en évidence. Nous devons faire de la science de base vis-à-vis de ces pathogènes et leurs conséquences. On ne peut pas gérer ce qu’on ne connaît pas, c’est donc dire que les données sont importantes.

Je reviens maintenant sur les diagnostics. Nous avons besoin d’antimicrobiens, d’antiviraux, et cela est possible. Cela fait maintenant des années que bon nombre de mes collègues et moi-même faisons avancer le programme – je ne sais pas, c’est avec beaucoup de soutien – pour mettre au point ce que j’appellerais des antiviraux Panfile (phonétique). Ce sont des antiviraux qui agissent sur des groupes ou des familles de virus tels que les virus de l’influenza ou les coronavirus. Et il y a ensuite les vaccins, que j’ai déjà mentionnés.

Pouvez-vous passer à la diapo suivante? Merci.

Maintenant, j’ai parlé des ennemis invisibles, et ils sont nombreux. Mais encore une chose qui vient compliquer la situation, c’est qu’ils ont l’extraordinaire faculté d’évoluer et de se modifier, soumis à la pression de la sélection. Et si je mentionne ce fait à ce moment-ci en particulier, c’est parce que vous devez savoir qu’il est important que cette faculté soit surveillée de près, et même de très près, parce qu’elle réduit l’efficacité des thérapeutiques, des vaccins et même des diagnostics.

De plus, comme nous l’avons vu lors des pandémies passées, tandis que nous avançons à travers de multiples vagues et que plusieurs millions de personnes deviennent infectées, il n’est pas impossible que les virus acquièrent de nouvelles propriétés biologiques qui améliorent leur efficacité virale, qui les rendent plus infectieux et qui causent possiblement des maladies plus graves. Ce n’est pas toujours le cas.

Et le dernier acteur dans cette pièce que je veux signaler aujourd’hui est le temps, le temps de réponse, qui peut être un ennemi, un adversaire. Ce que nous devrions nous rappeler par rapport au temps, d’abord et avant tout, c’est que nous devrions toujours mettre en évidence que le principal objectif lors de l’éclosion de maladie est d’arrêter la chaîne de transmission, de sauver des vies et des gagne-pain, et ce, même si nous n’avons pas de vaccin ni de traitement. Cela a été démontré encore et encore au cours de l’histoire, un des principaux objectifs de toute éclosion de maladie.

Le deuxième point que je veux aborder est que la réponse la plus rapide est la réponse locale, parce que les gens qui ont besoin d’équipement et de ressources sont déjà là, et perdent – évitent de perdre du temps précieux en devant apporter les ressources sur place.

Le troisième point – et je crois qu’il existe une analogie dans le monde de la lutte contre les incendies – c’est de frapper fort, frapper tôt. C’est comme pour le cancer. Ce sont également les leçons apprises grâce au traitement du VIH : au début, on essayait un médicament après l’autre. Il a fallu un certain nombre d’années avant de réaliser que nous devions frapper fort et tôt pour créer une incidence durable à long terme.

Un autre point important que j’aimerais souligner ici, c’est qu’il importe de se servir de ces crises pour apprendre, se préparer et répéter les scénarios avant l’éclosion de maladie. Une autre leçon qui nous provient de l’Afrique est que les solutions miracles ne sont souvent pas assez rapides et ont tendance à être de courte durée. Étudiez, apprenez et améliorez.

C’est pourquoi j’ai utilisé des termes militaires à quelques reprises aujourd’hui. Les éclosions de maladie et les pandémies devraient se comparer aux guerres. Vous avez besoin de données en temps opportun, des bons outils, de l’infrastructure appropriée et de toutes les forces possibles. Peut-être que vous devriez penser à des équipes SWAT dédiées aux maladies infectieuses comme celles d’Ilsadon (phonétique) en Chine, où je sais qu’au début de l’éclosion de la maladie, ils ont mobilisé des ressources dans tout le pays pour les faire venir dans la région de Wuhan.

Alors maintenant je vais passer – pour cette dernière partie – à quelques-uns de ces principes que j’aimerais mettre en application.

Vous pouvez passer à la diapo suivante.

En termes d’état de préparation, je pense que nous devons procéder à un changement radical. Nous devons prendre les leçons beaucoup plus au sérieux et à de multiples niveaux. Je dirais que cette réponse fondée sur l’approche « d’une crise à l’autre » est – cette réactivité devrait être remplacée par un horizon à beaucoup plus long terme. Nous examinons actuellement des horizons temporels beaucoup plus longs – un peu comme une histoire – avec des outils pouvant être déployés rapidement et à l’échelle. Et cela inclut, encore une fois, les diagnostics, dont je parlerai un peu plus à la fin; (inaudible) de partager une analyse, et des biothérapies aux capacités de détection de première ligne.

Et comme dernier commentaire à ce sujet, qui revient souvent dans les discussions, pouvons-nous nous permettre des diagnostics, pouvons-nous nous permettre toutes ces choses? Je poserais les questions rhétoriques, pouvons-nous nous permettre d’investir dans l’état de préparation à la lumière des expériences que nous sommes en train de vivre en ce moment?

La diapo suivante s’il vous plaît.

Cela m’amène à Praesens qui, comme l’a mentionné Kristel, était une initiative que j’ai prise il y a un certain nombre d’années et réellement, devant les conséquences de la crise de l’Ebola en Afrique de l’Ouest, si vous passez à la prochaine diapositive, eh bien je me suis retrouvé en plein dedans. Peut-être qu’à cette époque j’ai voulu examiner de près comment une éclosion de maladie est traitée en temps réel, mais j’étais également là-bas pour tester un prototype de test pour l’Ebola que j’étais en train de mettre au point avec mon équipe.

Maintenant, je vous rappelle que la crise de l’Ebola en Afrique de l’Ouest a été l’éclosion de maladie la plus répandue en 40 ans. Pour la première fois, elle s’est manifestée dans les villes; pour la première fois, elle a atteint trois pays, et malheureusement, elle a fait 110 00 victimes. Pour votre information, le taux de létalité de référence était de 40 pour cent.

Attardons-nous maintenant à la diapo suivante. Et il est devenu très évident, lorsque j’ai été témoin de la manière dont la réponse se déployait avec mes équipes venant pour la plupart d’autres pays, que le premier objectif, malgré l’infrastructure locale très, très modeste, était de repérer et d’isoler les personnes infectées, mais parfois, dans certains cas, cela prenait plusieurs jours avant d’y parvenir, et ensuite de traiter ces personnes.

Et si nous passons à la diapositive suivante, je voulais juste – je ne pouvais pas passer à côté, et en me replongeant dans mes souvenirs, vous montrer des images de ce que j’ai vu là-bas, quand on s’installait; vous voyez ici ces laboratoires et d’autres groupes, des efforts tous très bien intentionnés et ils ont joué un rôle crucial en finissant par contenir l’éclosion de maladie. Mais du moins, j’étais d’avis que nous pourrions faire mieux, beaucoup mieux.

Alors l’une des premières initiatives que nous avons mises en place – si nous passons à la diapositive suivante – a été de développer une plateforme de diagnostics mobile à usages multiples, que vous voyez ici. Voilà – si vous le souhaitez, je pourrai vous envoyer plus d’information sans problème. Il s’agit d’un véhicule tout-terrain qui présente également quelques solutions de rechange. Une fois qu’on l’a en main, il est prêt et fonctionnel à l’intérieur de 15 minutes.

Malheureusement, je dois dire que, parmi les personnes qui ont manipulé les virus, certaines d’entre elles ont été infectées, et c’est pourquoi il est très important que les opérateurs, les techniciens et les chercheurs travaillant à ces virus potentiellement très dangereux soient bien protégés. Alors sous le capot de cette unité, il y a des caractéristiques intégrées de biosécurité.

L’autonomie revêt également une importance. L’autonomie d’énergie. Et donc, cet appareil permet d’activer une série complète de systèmes de diagnostics que nous embarquons à bord. Maintenant, nous entendons parler des difficultés liées à la chaîne du froid, alors dans ce genre de laboratoire mobile, la première génération, nous pouvions avoir pour cette chaîne du froid une capacité potentielle pour plus de 3 000 vaccins (inaudible) les générations auront une capacité à bord de plus de 13 000 vaccins et la capacité de produire des données qui pourront être partagées en temps réel grâce à la connectivité.

Passons à la diapo suivante. Alors donc, ce que nous avons fait après avoir mis au point cet appareil, c’est que nous avons procédé à une première série d’essais sur plusieurs mois au Sénégal avec un partenaire local, parce que le principal élément de notre approche était non seulement d’innover afin de faciliter la gestion des éclosions de maladie, mais réellement d’autonomiser et de former – nous avons formé plus de 25 personnes au Sénégal, par exemple, pour faire fonctionner ces systèmes. Nous avons ensuite fait don du laboratoire mobile et je peux vous mentionner qu’au cours des dernières années, il a aidé à lutter contre plusieurs éclosions de la dengue, et actuellement il joue un rôle important dans la réponse à la COVID‑19 dans cette région.

Maintenant grâce à du soutien – nous pouvons passer à la diapositive suivante – grâce au soutien des autorités européennes, la Commission européenne, nous sommes en train d’élargir notre portée, en essayant de mettre le tout à l’échelle, et la portée du programme Praesens est visualisée ici, essentiellement pour (inaudible) l’état de préparation aux situations d’urgence et l’intervention en cas d’urgence. Et ce que vous pouvez voir en haut à gauche est une réponse que nous avons déployée l’année dernière à l’occasion de – une autre éclosion de l’Ebola, cette fois à la République démocratique du Congo où, à un certain moment, il y avait un risque élevé que la région de Goma devienne un autre point chaud. Alors nous avons transporté un laboratoire mobile à la République démocratique du Congo par transport aérien, à l’aide d’un très grand (inaudible). Il s’agissait d’une intervention d’urgence.

Actuellement, nous sommes en train de déployer notre modèle dans un parc de laboratoires mobiles sur le terrain et où nous pouvons effectuer la surveillance de la maladie et collecter des données à son sujet.

Un autre point – comme je l’ai déjà mentionné, les diagnostics, nous appuyons la mise au point de quelques nouveaux diagnostics révolutionnaires qui, à l’avenir, permettront d’effectuer des micro-essais à l’intérieur d’une période de temps beaucoup plus courte.

Et le dernier point mais non le moindre, il est très important de collecter des données sur ces pathogènes dans le monde entier.

La diapo suivante s’il vous plaît.

Et donc ce sont les nouvelles initiatives que nous allons déployer. Comme vous le constatez, notre concept a évolué d’une simple intervention d’urgence à quelque chose qui aide à fournir des soins de santé ou des services de soins de santé de base même aux endroits les plus éloignés, alors c’est pourquoi, vous voyez, nous allons au-delà de la réponse à la pandémie, en tenant compte de la surveillance des maladies infectieuses, même le dépistage du cancer, la livraison de vaccins et la prestation des soins de santé primaires.

Alors me voici rendu à la fin de la présentation, et peut-être que j’aimerais mentionner quelques points – à la diapo suivante. Je vais passer ceci – mon (inaudible).

J’aimerais simplement terminer en ramenant la conversation sur les diagnostics. Je suis certain que vous êtes confrontés chaque jour aux limites des diagnostics, et j’aimerais vous rappeler qu’en médecine générale aussi, il y a réellement une ascension des diagnostics ici, et la grosse tendance est que nous devons réellement renforcer et consolider la décentralisation des soins de santé, comme nous l’avons également vu dans le contexte de cette éclosion de maladie.

La diapo suivante, s’il vous plaît. Alors je vais passer ceci vu le temps qui reste et j’en viendrai à mes conclusions.

Alors je crois qu’il est évident que la COVID‑19, le SRAS, le SRMO et l’Ebola, et tant d’autres maladies, font simplement partie d’une longue liste de sonnettes d’alarmes, de leçons et de confrontations avec la réalité par rapport à notre état de préparation et notre capacité à réagir rapidement aux éclosions de maladie et aux pandémies. Étant donné que les pandémies sont susceptibles d’avoir des incidences plus brutales sur les sociétés, les économies, le développement et la sécurité, elles posent plus qu’un simple problème médical et suscitent plus que des préoccupations en matière de santé publique; par conséquent, je suis d’avis qu’un changement radical s’impose par rapport à notre façon de réfléchir, notre planification organisationnelle et nos investissements. Par rapport à la gestion de crise, il faut passer d’une réponse à court terme à un état de préparation et une intervention à long terme.

Et l’état de préparation est un élément clé. (Inaudible) n’est pas juste une bénédiction. Le meilleur moment pour agir, c’est avant que ça arrive, grâce à la surveillance. Les soins de santé ont besoin de – d’avoir des systèmes solides. J’entends par là que nous devons faire passer à un autre niveau l’importance des maladies infectieuses dans la formation de base, dans l’équipement de base de – dans l’ensemble de la chaîne de prestation des soins de santé.

Passons à la diapo suivante. Et ce qu’on ne mesure pas, on ne peut pas le gérer. Le rôle croissant des diagnostics dans les données sur la réponse aux maladies infectieuses, c’est de frapper fort et de frapper tôt, en ayant recours à une combinaison de diagnostics de détection appropriés, une analyse de la situation par rapport à la mise en place, à l’isolement, à la protection, aux médicaments et, espérons-le aux vaccins, que nous pourrons obtenir plus rapidement à l’avenir.

Et je veux – j’aimerais terminer en français par une célèbre citation de Louis Pasteur, à qui j’attribue volontiers le titre de fondateur de notre discipline : « Messieurs, ce sont les microbes qui auront le dernier mot » (nous disons en anglais « Gentlemen, it is the microbes who will have the last words »).

Et je veux également – passons à la diapositive suivante – remercier mes collègues à la fondation et les nombreuses personnes, surtout en Afrique, avec qui j’ai eu le plaisir et l’honneur de travailler, et je remercie aussi mes amis de longue date, le professeur Peter Piot, que certains d’entre vous connaissent peut-être; il est le cofondateur de – un codécouvreur du virus Ebola, ancien chef d’ONUSIDA et actuellement chef de la Women’s School of Hygiene and Tropical Medicine.

Peter a rédigé une biographie très intéressante que je recommande à tous de lire. Elle est intitulée No Time to Lose, et ici, nous avons participé à une mission ensemble et il portait un t-shirt – vous ne pouvez probablement pas lire mais ça dit « Timing is Everything ». C’est probablement – peut-être un autre livre qu’il nous prépare.

Mais je ne pourrais pas être plus d’accord avec son énoncé.

Je vous remercie de votre écoute. J’espère que je n’ai pas trop dépassé mon temps, mais je suis prêt à répondre à vos questions.


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