Causeries d’Horizons : L’eEstonie et l’avenir de la gouvernance électronique en Estonie
La série de conférences Causeries d’Horizons réunit des experts du Canada et du monde entier qui partagent leurs recherches et leurs idées prospectives avec les fonctionnaires.
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Transcription
CONFÉRENCIERS :
Kristel Van der Elst, directrice générale d’Horizon de politiques Canada
Marten Kaevats, conseiller national pour les questions numériques au bureau gouvernemental de l’Estonie
Meelis Kitsing, chef de la recherche du centre de prévoyance à l’école commerciale estonienne
MARTEN KAEVATS : Bonjour. Oui.
KRISTEL VAN DER ELST : Marten —
MARTEN KAEVATS : Donc —
KRISTEL VAN DER ELST : Enfin du beau temps en Estonie.
MARTEN KAEVATS : Oui, oui, il fait très beau. Je veux d’abord vous montrer où je suis. Je suis sur le bord de la mer, donc oui, il fait très beau et le temps est agréable.
Vous, au Canada, comprenez probablement les nuances d’avoir également du mauvais temps. Donc, en Estonie, nous avons presque le même. Essentiellement, Tallinn, la capitale de l’Estonie, est à peu près là où se trouve Churchill au Canada. Donc, vous comprendrez les latitudes et tout, mais au moins, c’est bon.
Donc, bonjour à toutes et à tous. Comme j’ai été présenté, mon nom est Marten Kaevats. Je suis le conseiller national pour les questions numériques pour le gouvernement de l’Estonie. Cela signifie que je conseille le premier ministre et le gouvernement de l’Estonie sur les renseignements (inaudible) et les innovations. Et c’est un peu comme mentionné en (inaudible) ce qui signifie que je suis responsable de toutes sortes de nouvelles choses, des mots de passe qui circulent probablement, comme, l’intelligence artificielle, les voitures sans chauffeur et beaucoup d’autres choses.
Et mon travail dans tout cela est premièrement de sélectionner ce qui est important et ensuite de travailler sur ces sujets, ce qui signifie deux choses. Cela signifie communiquer ceci aux deux : au système bureaucratique et également à la société en général.
Et comme mentionné précédemment, l’Estonie, en regardant vers l’étranger, je pense, a fait certaines choses dans l’histoire de la numérisation d’une bonne manière, je dirais, ce qui signifie que nous pouvons effectivement travailler avec des choses beaucoup plus intéressantes.
Et, en passant, nous avons un très bon contact avec le Canada. Leur ancien DPI est un bon ami, Alex Benay, et ensuite, on retrouve de nombreux liens dans le secteur public entre l’Estonie et le Canada.
Dans le monde, il existe très peu de pays avec lesquels nous pouvons avoir un dialogue qui peut réellement se traduire par une synergie, ce qui signifie que les deux parties acquièrent réellement une certaine connaissance intellectuelle ou pratique, et le Canada est définitivement l’un d’eux, étant membre des nations numériques, lesquelles représentent un genre de groupe pour les fonctionnaires des pays numériques les plus avancés. Et l’Estonie et le Canada possèdent de très forts liens. Donc oui, il y a beaucoup à dire.
Mais j’ai donc plus ou moins 25 minutes. Je vais essayer de vous emmener en promenade. Je marche à travers cette très très belle réserve naturelle à Tallinn. Mais j’essaie également d’expliquer ce qu’est l’Estonie numérique et quelle est l’histoire des fondements. Ensuite, nous pourrons aussi aborder certaines choses les évoluées et, espérons-le, ce que vous comprendriez plus ou moins ce qu’est l’histoire et le récit de l’histoire de la numérisation.
Essentiellement, pour l’Estonie, c’est une longue, longue histoire, mais nous parlerons des fondements très rapidement.
Nous avons repris notre indépendance en 1991. À ce moment, nous étions un pays très pauvre et, d’un point de vue pratique, nous n’avions pas les ressources financières pour construire une bureaucratie régulière basée sur le papier. Au même moment, les ordinateurs prenaient leur essor et essentiellement, le choix d’aller vers le numérique était essentiellement là au tout début, principalement parce que nous n’avions en fait aucun argent pour bâtir une bureaucratie régulière basée sur le papier. Les ordinateurs offraient certains gains et comme nous inventions un tout nouveau pays à partir de zéro, cela nous a aidés.
D’autres choses qui ont aidé, nous avions réellement des compétences à ce point dans le temps parce que l’Union soviétique ouvrait l’Institut de cybernétique (Cybernetics Institute) ici, à Tallinn, qui était la première place dans l’Union soviétique derrière le rideau de fer où les gens avaient des ordinateurs et qu’ils faisaient certaines expériences intéressantes.
Donc, nous avions également une communauté de main-d’œuvre spécialisée à ce moment.
À ce moment, essentiellement, les fonds d’approvisionnement pour les informaticiens ne venaient pas de Moscou et ces gens commençaient essentiellement à travailler sur la cybergouvernance.
Alors qu’est-ce que cela signifie? De façon très directe, il y a plus ou moins trois composants fondamentaux et j’argumenterais que ces trois composants fondamentaux sont nécessaires pour toute société numérique donnée. Cela importe peu quel type d’idéologie ils représentent ou le type de contexte culturel.
La première étape consiste à avoir un identifiant d’utilisateur unique. Par exemple, nom numéro est 38507150821. C’est comme mon nom numérique et tout le monde en Estonie en a un. C’est une question technique. Vous devez voir des identifiants uniques. C’est la base de référence.
En plus d’un identifiant unique, vous devez avoir une solide identité numérique. Cela aide en fait à savoir qui est qui et ce doit être très très fort. Parce que nous avons dans cette — sommes dans cette situation politique intéressante, nous avons — tendance à avoir parfois un voisin agressif et la cybersécurité est l’instrument clé de tout cet écosystème. Si vous n’avez pas une forte cybersécurité, de bonnes compétences pour procéder, et toutes les autres choses, alors la construction d’une société numérique est relativement difficile.
Mais l’ingrédient principal pour ces types de choses, comme l’identité numérique, est probablement quelque chose au Canada — je ne sais pas — le taux de pénétration d’avoir des identités fortes, et je ne sais pas — à quel point les gens les utilisent réellement sur une base quotidienne. Je pense qu’une des principales différences en Estonie est que les gens utilisent cette identité numérique sur une base quotidienne.
Par exemple, dans la situation actuelle de pandémie, je dirais que l’Estonie était l’un des pays les mieux préparés pour gérer ce type de situation, car nous sommes le seul pays dans le monde qui peut voter en ligne. Nous pouvons percevoir les impôts. Nous pouvons prendre des décisions. Nous pouvons — et tous les Zoom et tout ce que la société, en tant que (inaudible) entier.
Oui, si des gens devaient rester à la maison, mais nous n’avons jamais été dans un confinement complet et nous avons eu plein d’espace et le printemps arrivait et les gens en ont vraiment profité.
Mais ceux-ci sont vraiment les instruments clés. Donc, toutes ces procédures de base pourraient également fonctionner dans la situation pandémique.
L’instrument et la clé à la réussite de l’écosystème estonien sont en réalité la couche d’échanges de données, qui est appelée X-Road. Donc, si vous — il y a des commentaires, Marten — oh, la reconnaissance faciale. Bien, je vais commenter à ce sujet plus tard.
Donc, le moteur fondamental pour la réussite, et en particulier pour les bureaucrates et pour l’appareil bureaucratique, est en fait la couche d’échanges de données qui, en Estonie, est appelée X-Road. Donc, si ce sujet vous intéresse, faites simplement une recherche sur Google sur le mot X-Road et il y a des vidéos, certains documents et certains principes. Mais ceci, je dirais, est encore l’innovation la plus fondamentale de l’écosystème estonien.
X-Road, il distribuerait la couche d’échanges de données laquelle distribue essentiellement vos données de profil personnel dans tout l’écosystème.
Un exemple serait qu’en 2001, lorsqu’ils ont mis en place un système d’interopérabilité, comme un X-Road, tous les différents systèmes sont alors arrivés avec des architectures différentes. Ils sont arrivés avec un service de sécurité différent, des protocoles différents, etc. Il y avait beaucoup d’anciens systèmes. Et le problème à résoudre était la manière de mettre toutes ces choses ensemble pour que nous puissions créer et exploiter encore plus de services.
À ce moment, les ingénieurs estoniens de la communauté de (inaudible) ont essentiellement commencé à travailler sur ce projet, lequel est une chose très simple, mais afin de comprendre, il est important de comprendre les principes sous-jacents.
Un des principaux principes derrière X-Road est un principe politique qui s’appelle politique d’une fois seulement. Et, en gros, cela signifie que si vous avez donné n’importe quelle partie de votre profil personnel au gouvernement, le gouvernement ne devrait jamais le demander à nouveau.
Et la manière simplifiée d’expliquer ceci est que vous avez tous probablement eu une certaine expérience dans une situation bureaucratique donnée où vous allez à une municipalité du gouvernement fédéral au Canada et, essentiellement chaque fois que vous –, ils vous donnent une feuille, vous remplissez votre nom, votre adresse, votre date de naissance et toutes ces choses. Mais cela est absurde, car le gouvernement connaît déjà votre nom, votre adresse, votre date de naissance, il sait toutes ces choses. Pourquoi diable (inaudible)-vous remplir ces choses chaque fois? C’est comme une perte de temps et, de plus, de nombreuses erreurs sont faites dans ce type de procédure.
Donc, du côté des citoyens, un citoyen doit entrer un renseignement une fois et toutes les autres autorités gouvernementales peuvent utiliser cette information.
Un autre aspect de ce principe d’une seule fois, qui est essentiel à la partie gouvernementale et également à la partie de cybersécurité est que si vous — en gros, ces données sont stockées là où elles sont générées et aucun duplicata n’est fait. C’est important, car — et pour chaque bit de données, il y a toujours une seule source de vérité. Cela signifie en gros que, par exemple, un registre de trafic en Estonie connaît seulement plus ou moins trois choses à propos de vous. Il sait que — connaît mon identifiant d’utilisateur unique, sait que j’ai un permis de conduire de catégorie B et que je possède ce type de Volvo. Cela — le registre de trafic ne connaît jamais mon nom, ne connaît jamais mon adresse, ma date d’anniversaire ou toutes ces choses. Le registre de la population connaît ces choses.
Et la raison ici est que lorsque je veux renouveler mon permis, alors le registre de trafic, dans ce but particulier, demande au registre de la population les dernières informations sur cette personne en particulier et je, en tant que propriétaire de mes données, donne mon autorisation de le faire de manière automatique.
Pourquoi est-ce important? C’est que le patron du registre de trafic n’est pas responsable de connaître mon nom. Les gens changent leurs noms. Les gens déménagent. D’accord, la date de naissance ne change probablement pas si souvent, mais tous ces éléments d’information tendent à changer un peu parfois. Ainsi, nous évitons que de nombreuses erreurs ne se produisent. Si le registre de trafic a un double de la base de données, alors lorsque, par exemple, je déménagerais à un autre endroit, ce que les gens font probablement plus souvent que de changer leurs noms, alors des erreurs commenceraient à se produire.
Donc, essentiellement, cela simplifie réellement pas mal la partie gouvernementale. Si vous êtes le patron du registre de trafic, vous savez que vous devez fondamentalement conserver deux pièces de renseignements à jour, qui possède quel type de permis de conduire et quels types de voitures sont conduits par qui. En gros, c’est cela. Le reste des renseignements est acquis à travers l’écosystème.
La seconde partie du même addenda est en fait la cybersécurité, car tous mes renseignements de profil, que je possède et en Estonie, sont dispersés à travers ces diverses bases de données. Comme, le registre de la population connaît mon nom et d’autres places connaissent d’autres éléments.
Si je suis un internaute malveillant et que, fondamentalement, je veux pirater le système, alors je devrai plus ou moins devoir pirater une page estonienne. Par exemple, si je piratais le registre de trafic, je n’obtiendrais rien de pratique. Tout ce que j’obtiendrais est qu’un certain chiffre a une catégorie B — a un permis de conduire de catégorie B et possède une Volvo, par exemple. Je ne connais pas l’adresse de cette personne, je ne connais pas son nom, je ne sais rien. Pour que ces renseignements deviennent pertinents, vous devez les mettre dans un contexte et les mettre en contexte signifie que vous avez en gros besoin de plus de données, de plus de métadonnées.
Dans le contexte estonien, si je devais être un super (inaudible) malveillant, alors cela signifierait que je devrais pirater dans quelque chose comme au moins 150, peut-être 200, bases de données différentes en même temps en une microseconde, et c’est relativement difficile à faire, car seulement à ce point, je recevrais des renseignements et des données à propos de moi qui peuvent être mis dans le contexte. Vous auriez différents éléments. Donc en gros, ce type d’architecture est prétendument sécurisé par sa conception. Donc, par sa conception et sa nature, il simplifie en fait le gouvernement d’une entité et rend en fait le système entier beaucoup plus sûr.
Une autre chose qui est arrivée est que lorsque différentes autorités gouvernementales commencent à échanger des données entre elles, alors, pour le bien de l’ensemble, elles doivent commencer à communiquer les unes avec les autres. Donc, afin de réellement échanger des données, elles doivent comprendre quel type de données existe, puis-je les utiliser pour tout service donné?
Donc le début de ce type d’architecture d’interopérabilité était en fait beaucoup beaucoup plus lent et maintenant, lorsqu’à la base, la bureaucratie s’y est habituée, nous voyons de nombreuses propriétés émergentes dans ceci, ce qui signifie en gros que les fonctionnaires eux-mêmes commencent à inventer beaucoup de services différents que, peut-être, nous ne pourrions même pas imaginer.
Et je pense que ce que nous devons retenir de l’écosystème estonien est plus ou moins que la technologie a très très peu à voir avec cette transformation numérique. Le protagoniste de tout ce système est avant tout encore la mentalité et la culture des gens et des bureaucrates, en particulier, pour que nous puissions en fait, pour que le — d’un organisme ou d’un gouvernement connaît une transformation numérique fondamentale, alors ce n’est pas à propos de mettre en œuvre une panoplie de gadgets, ce n’est pas à propos de prendre un nouvel élément de technologie et de l’utiliser. En fait, c’est à propos de changer fondamentalement la culture de la bureaucratie.
Il s’agit donc de quelques-unes des notions par lesquelles l’Estonie est en fait déjà passée en 2001. Les très importants principes que vous devez comprendre sont qu’en Estonie, chaque citoyen est le propriétaire de ses renseignements et, cette année, chaque citoyen sera également en contrôle de ses renseignements. Donc, il y a comme une gouvernance centrée sur l’humain et une manière éthique de gérer les données est fondamentale et clé au système estonien.
Et une seconde partie importante est le principe d’une seule fois qui, si vous cherchez sur Google ou sur Internet, vous trouverez pas mal de documentations variées sur ce sujet. Ce sont les choses qui ne sont pas seulement testées ou mises à l’essai en Estonie, mais quand même, il y a beaucoup de pratique dessus.
Maintenant, en plus de tout cela, fondamentalement, nous pouvons tout faire en ligne. Par exemple, probablement — j’ai 34 ans, ma famille compte trois enfants, et j’ai passé moins de 15 minutes dans toute ma vie à remplir des déclarations d’impôts et à voter mis ensemble, car je peux faire ces choses en ligne et c’est quelque chose qui facilite ma vie.
Je ne sais pas — je ne veux pas tout savoir sur les impôts, mais je veux qu’ils soient en ordre, mais si je peux les faire en quelques clics, ça facilite ma vie, et ça fait une boucle de rétroaction positive dans l’ensemble de la société, ce qui signifie avant tout que si vous avez utilisé n’importe quel service numérique donné, et que cela vous a réellement aidé à faire votre — et rendre votre vie plus facile, alors c’est — et très important, vous n’avez rien entendu de mauvais de quelqu’un d’autre, ce qui signifie que si quelqu’un d’autre avait eu une super mauvaise expérience avec ce service numérique particulier ou autre, alors vous aurez plus tendance à avoir confiance en ce type de service, mais également dans d’autres types de services.
Donc ce que l’Estonie a traversé au cours des 25 dernières années est le type de cycle (inaudible) qui, une fois de temps en temps, de service et ils tournent bien et les gens commencent à les utiliser. Et une des différences fondamentales de nombreuses sociétés numériques est qu’en Estonie, les gens utilisent réellement ce système.
Et un des commentaires est également que parce que l’Estonie a commencé par l’éducation numérique des moins fortunés, principalement les pauvres et les personnes âgées, déjà en 1997, alors, par exemple, si nous regardons les taux de participation du vote par Internet, alors — et les groupes d’âge, alors les jeunes et les personnes âgées votent de manière similaire, ce qui signifie qu’en Estonie, je l’espère — bien, le fossé numérique ou quelque chose comme ça, bien sûr, il y en a un peu, mais c’est plus — je dirais qu’il est plus petit qu’ailleurs, car l’éducation numérique a déjà commencé très tôt au début. Ces personnes qui étaient, je ne sais pas, âgées de 60 ans en 1997, alors probablement ils sont beaucoup plus vieux maintenant, mais ils avaient déjà commencé, à ce moment, à utiliser divers services numériques.
La clé de cet écosystème est de bâtir la confiance sur une base constante. Et la confiance peut être solidifiée avec certaines technologies numériques. Par exemple, en Estonie, nous avons expérimenté les technologies des chaînes de blocs depuis avril 2008. Et depuis 2012, tous les fichiers journaux des systèmes de renseignements gouvernementaux ont été des chaînes de blocs et chaque citoyen peut aller sur un site Web gouvernemental et voir qui a regardé se données, quand et pourquoi.
C’est une fonction que vous ne pourrez jamais obtenir dans une bureaucratie basée sur le papier, car dans un système basé sur le papier, fondamentalement lorsque vous allez à un centre bureaucratique et écrivez votre nom, votre date de naissance, votre adresse et toutes ces choses, alors vous — et ensuite le fonctionnaire prend probablement le papier et le met dans une archive; vous ne savez jamais en fait qui a vraiment examiné ces données. En Estonie, nous le savons. Et si un enfant d’un fonctionnaire ou une personne en autorité utilise mal le type de pouvoirs qui leur ont été donnés, il sait qu’il y aura des conséquences, ce qui signifie que si vous –, il y a eu de petits cas. Par exemple, un policier qui vérifie si sa copine a une liaison, en utilisant les bases de données de la police, cette personne perd son travail le jour suivant, et des choses comme ça.
La mauvaise utilisation des données est considérée comme étant un crime grave dans la fonction publique estonienne. Tout le monde le sait et il y a une culture de confiance qui a été bâtie autour de ça. Donc, si vous faites quelque chose que vous ne deviez pas faire, il y aura une marque quelque part et vous saurez que vous serez attrapé, essentiellement dans un très (inaudible).
Ce sont tous des principes essentiels. Pour la fin de l’exposé, je vais essayer d’expliquer un peu le travail que nous faisons actuellement. C’est déjà pas mal dans les très — se produisant déjà. Donc, avant tout, nous faisons beaucoup. Nous changeons toute l’architecture numérique dans les microservices tributaires du domaine, ce qui nous permettra d’automatiser à peu près, je dirais, 90 ou 95 % de la bureaucratie de routine régulière dans les dix prochaines années. Nous pouvons faire cela, créer des services numériques, basés sur de petits modules, et trouver un schéma d’interopérabilité entre ces petits modules.
Nous travaillons sur l’intelligence artificielle. Pour l’état actuel, nous avons 33 (inaudible) applications qui sont dans le secteur public et qui aident beaucoup. Elles nous font économiser beaucoup d’argent, mais rendent également de nombreuses fonctions gouvernementales différentes beaucoup plus accessibles, faciles à utiliser, et elles automatisent de nombreuses procédures de routine.
Donc actuellement, l’Estonie — je ne sais pas. Pour la fin de l’exposé, je dirais que la numérisation a très peu à voir avec la technologie. Mais je dirais également qu’elle a très peu à voir avec l’argent aussi, car oui, vous avez besoin d’argent pour que les choses se produisent, mais, par exemple, avec le (inaudible) de l’Estonie et l’IA, le gouvernement de l’Estonie a actuellement, je ne sais pas, dépensé en gros environ un million d’euros et nous avons 33 cas (inaudible) et de ce que je comprends, la moyenne de novembre dernier pour d’autres gouvernements est que normalement les gouvernements tendent à dépenser, comme 10 à 15 millions et ils ont quelque chose comme 7 à 8 cas concrets.
Donc, c’est davantage à propos d’avoir réellement un plan et d’avoir en fait le système d’interopérabilité de travail à l’arrière-plan pour que vous puissiez réellement commencer à partager des données et à bâtir une culture de confiance autour de cela.
Et pour un fait cocasse, je suis actuellement également dans cette situation de COVID. Je suis également un conseiller à l’OMS, ce qui signifie que je suis responsable — oh, la petite caméra part — je suis un conseiller à l’OMS également, ce qui signifie que ce type d’architecture de gouvernance bâtie autour de la confiance et les bases de données (inaudible) sont quelque chose que nous commençons à tester également avec l’OMS et avec l’écosystème des Nations Unies, car dans le contexte de complexité où vous avez 194 juridictions différentes, identités culturelles, je dirais qu’avoir une architecture distribuée basée sur une source ouverte ouvre des normes, ce qui est un enjeu important et un fondement important pour l’architecture numérique de l’Estonie, c’est également vital pour le monde entier.
Je sais qu’il existe certaines initiatives au Canada qui essaient également de pousser pour un type semblable d’interopérabilité autour du système de gouvernance des données (inaudible) ou (inaudible), mais c’est également quelque chose que j’aimerais apprendre de vous, comme quel est le statut et où nous pouvons aider, et ainsi de suite.
Mais il semble que mon temps s’est écoulé. Donc, j’écoute l’exposé de Meelis et je pense alors qu’il y aura des questions et des réponses plus tard ou peu importe comment vous voulez faire cela.
KRISTEL VAN DER ELST : Merci beaucoup Marten. Nous avons vraiment apprécié cet exposé. C’était formidable de voir la belle campagne et de vous suivre sur le parcours concernant la manière dont la cyber-Estonie a vu le jour.
Meelis, aimeriez-vous — pouvons-nous passer à vous?
MEELIS KITSING : Certainement. Merci. Je vais partager mon écran pour que vous puissiez voir également certains des points clés et les diapositives.
Et Marten, il y a quelques questions pour vous dans la salle de discussion. Peut-être que vous pouvez également répondre à certaines de ces questions. Il y avait quelque chose à propos d’une carte d’ID étant semblable au système de reconnaissance faciale chinois et ainsi de suite. Donc voici quelques questions. Peut-être que vous aimeriez répondre à ces questions.
KRISTEL VAN DER ELST : Alors Meelis, je pensais que nous pourrions recueillir les questions et que je les poserais ensuite à vous deux à la fin.
MEELIS KITSING : D’accord, pas de problème. Peu importe comment vous voulez le faire. C’est bien aussi.
Je suis affilié au centre de prévision, qui est un groupe de réflexion au parlement estonien. Et, en même temps, je travaille également à l’école commerciale estonienne où j’enseigne. Je vais vous parler un peu du scénario — l’exercice d’édification (inaudible) que nous avons fait ici en Estonie et en gros, et de manière générale ces scénarios concernent la gouvernance.
Mais, à la place (inaudible), évidemment (inaudible). Donc, nous travaillons avec des scénarios de gouvernance où nous examinons également si le (inaudible) pourrait ou non se produire dans le futur. Et quelque chose qui — vous savez, pourquoi avons-nous conçu des scénarios et pourquoi n’avons-nous pas fait une sorte de (inaudible) ou pourquoi avons-nous adopté cette approche et pourquoi avons-nous discuté de gouvernance et pas juste d’utilisation? Fondamentalement, c’est l’idée que nous avons remarqué de (inaudible) en quelque sorte un peu (inaudible) dépareillé dans une partie des efforts de réforme du secteur public et la manière dont la gouvernance a évolué en Estonie. Vous savez, Marten a déjà mis l’accent un petit peu (inaudible) en quelque sorte (inaudible) architecture dans le cas de X-Road et c’est l’épine dorsale du système estonien et ainsi de suite. Cependant, lorsque vous parlez aux personnes qui souhaitaient réformer le secteur public, alors c’est principalement à propos d’une consolidation et de (inaudible) et ainsi de suite.
Et la clé ici est que, vous savez, comment obtenez-vous une sorte de plus grande coopération entre les différentes agences et ainsi de suite? Et êtes-vous capable d’utiliser les opportunités par les technologies (inaudible)? Ce fut donc quelques-uns des problèmes.
Et un autre point était que les scénarios sont vraiment une manière d’élargir le débat, car le débat de politique public est parfois très (inaudible) et c’est à propos de la réduction des coûts, vous savez. Combien de fonctionnaires vous avez par rapport à combien vous n’avez pas, et ainsi de suite. Donc, nous avons pensé que si nous avions diverses options, cela aiderait à élargir le débat.
Et essentiellement, nous avons essayé de poser la question normative, comment nous pourrions rendre la gouvernance plus efficace, équitable et (inaudible). Et le processus était en fait assez varié en matière de participation d’experts ainsi que d’intervenants clés qui, pour nous, sont le parlement, les membres du parlement estonien. Vous pouvez en fait voir quelques-unes des photos de nos ateliers. Donc, nous avions des experts de toutes les universités (inaudible) de l’Estonie, mais également (inaudible) qui avait en fait une position de Marten avant lui et qui était assez administratif (inaudible) sur cet (inaudible) depuis l’ICP à (inaudible) ces discussions.
Et chaque fois que nous avions une sorte de (inaudible) prêt ou quelques idées prêtes, nous allions en discuter avec les membres du parlement dans les comités. Et, en plus des experts estoniens, nous avions également des experts internationaux qui y contribuaient. Nous avions Helen Margetts qui, à ce moment, dirigeait l’Oxford Internet Institute. Nous avions (inaudible) de l’université de (inaudible) et (inaudible) Fountain d’Amherst également. Nous bénéficions également de beaucoup de collaboration avec certains de la crème des spécialistes de la gouvernance publique, (inaudible) Bookhardt (phonétique) de (inaudible) Young de (inaudible).
Donc, c’était fondamentalement les produits que nous — c’était notre premier projet terminé en 2018 et afin d’élaborer des scénarios, nous sommes arrivés avec (inaudible) et un était la question à propos des décentralisations et (inaudible) qui est comme un facteur plus interne. C’est quelque chose que l’Estonie avait pas mal décidé par elle-même.
Ensuite, nous avons parlé de la vitesse de prise de décision et c’était plus analytique et prendrait beaucoup de temps. Ou est-ce vraiment rapide? Et cela relève encore une fois de l’administration estonienne et ensuite la question était contraignante sur le plan de (inaudible) dans le sens où elle peut être à la fois externe, comme maintenant, car vous savez, vous (inaudible), mais les dépenses du secteur public en raison de la COVID-19. Ou cela pourrait aussi être interne, que les gens ont fondamentalement décidé qu’ils — en ce que le gouvernement ne voulait pas allouer de fonds jusqu’à un certain point. Par exemple, en Estonie, nous avons été très prudents sur le plan financier (inaudible) très fort que le ratio du PIB soit d’environ 8 %, ce qui est assez unique en Europe ou dans le monde en général.
Et nous en sommes arrivés avec cinq scénarios et ces scénarios sont ici. Je vais juste les énumérer rapidement et peut-être mettre l’accent sur certains des aspects de ce (inaudible).
Au départ, nous avons le scénario appelé « gouvernance ad hoc » qui met en œuvre une prise de décision centralisée, une prise de décision très rapide, mais en même temps, sous des contraintes budgétaires assez importantes qui demandent que vous examiniez l’utilisation et vous donniez la priorité à certains domaines. Mais l’objectif général de ce scénario est de fixer les dépenses pour que vous ayez des solutions normalisées, mais alors vous expérimenteriez également dans certains domaines avec les solutions numériques et le développement serait dans l’ensemble inégal.
Je veux dire, le second scénario était un état de type veilleur de nuit, ce qui est comme un scénario d’état minimaliste. Vous avez un gouvernement relativement centralisé, une contrainte très (inaudible) qui est comme auto-imposée, mais en même temps, vous avez une excellente prise de décision principale, très (inaudible) que certains domaines ne relèvent pas du (inaudible) gouvernement. Donc, vous avez ceux très concernés par les risques d’une intervention gouvernementale excessive et peut-être utilisant mal ou trop les données, mais, en même temps, apprécient les opportunités des technologies numériques de réaliser des économies.
Et le troisième scénario est l’état entrepreneurial où vous avez en fait une contrainte relativement assouplie (inaudible). Il s’agit d’un système centralisé avec une prise de décision rapide où vous ne construiriez pas seulement des plateformes, des plateformes gouvernementales, en Estonie, mais vous essaieriez également de les développer globalement pour qu’elles soient plus semblables à certaines des choses que peut-être Dubaï ou Singapour font.
Par exemple, en Estonie, il existe des personnes qui ont besoin d’une résidence alors nous — dans ce scénario, nous verrions que la résidence électronique obtient une forte poussée et certains investissements du gouvernement. Donc dans ce sens, il serait très favorable que l’expansion du service (inaudible) en Estonie soit en quelque sorte un type de plateforme globale, offrant divers sites de solutions, non seulement aux Estoniens, mais également aux gens à l’extérieur.
Et notre scénario est un état providence et ce scénario est en quelque sorte également à propos d’un gouvernement relativement centralisé. Vous avez d’importantes contraintes budgétaires, en ce sens où vous avez assez d’argent pour investir dans différentes solutions, mais en même temps, les processus de prise de décision sont comme plus analytiques et ici, vous vous concentreriez principalement sur les besoins du pays. Donc au lieu de s’étendre outre-mer — et vous pensez également en matière de services publics et de tous les types de risques qui peuvent survenir lors de l’offre des plateformes numériques estoniennes partout dans le monde. Et ici, vous utiliseriez les données pour beaucoup de principes de précaution, mais en même temps, le gouvernement serait probablement hésitant à collaborer avec de grosses plateformes privées.
Et ensuite, le dernier scénario est une gouvernance du réseau, qui est différente des quatre scénarios précédents, car il s’agit d’un scénario de type gouvernance décentralisée. Donc les précédents étaient tous de type centralisé, mais ici, vous avez la gouvernance décentralisée avec un (inaudible) relativement suffisant et c’est vraiment à propos d’une coopération très diverse de solutions. Si les scénarios précédents étaient surtout une utilisation (inaudible) des services, qui a en fait été le centre de préoccupation en Estonie depuis les années 1990 et ce scénario veut également mettre l’accent sur la démocratie et la participation numérique. Et vous auriez des sortes très différentes de modèles, une utilisation plus (inaudible) peut être une source ouverte et également être une sorte très diversifiée de méthodes d’identification numérique et une plus grande utilisation de données ouvertes.
Donc je dirais qu’actuellement, le milieu de la COVID-19 et quels scénarios sont renforcés par la COVID-19, je dirais qu’elle renforce probablement la gouvernance ad hoc, car ce qui s’est produit évidemment au cours des derniers mois est que partout où nous avons une sorte d’administration centrique à branche exécutive centralisée, où les parlements (inaudible) et autres intervenants prennent un rôle de second plan et alors, ce n’est pas tellement entraîné par le réseau et ainsi de suite, l’autonomisation des décisions n’est évidemment pas encouragée. De plus, vous avez également une contrainte budgétaire qui est assez caractéristique de ce scénario.
Vous pouvez avoir certains projets numériques vraiment sympas émergeant de ce scénario, mais en même temps, ce (inaudible) n’est pas aussi systémique que peut-être sous d’autres scénarios que j’ai soulignés.
Donc, si vous êtes intéressé à en lire plus sur ces scénarios, et ils ont également été publiés plus récemment par ce — dans ce livre, « European Perspectives from Public Administration », il s’agit d’un livre à accès ouvert en ligne. Et également (inaudible), je peux envoyer les diapositives ici puisque la publication est en anglais. Mais sur ce projet, j’en ai publié certains au fil du temps qui sont derrière le (inaudible), mais certains d’entre eux sont à accès ouvert et ils contiennent plus de détails à propos de ces scénarios.
En guise de conclusion rapide, j’aimerais également dire que ce que j’ai fait récemment est que j’ai comparé nos scénarios avec certains des autres scénarios élaborés par l’OCDE, l’UE, diverses organisations finlandaises, organisations américaines, organisations singapouriennes. Et si vous faites ce type de méta-analyses et de comparaisons de scénarios, vous obtenez avant tout trois types de scénarios vers où le futur pourrait se diriger. Et (inaudible) correspondent assez bien à cela, même plus, aux écosystèmes axés sur une plateforme privée et vous avez plus de gouvernements des écosystèmes (inaudible) privés publics. Et ensuite vous avez plus d’écosystèmes décentralisés (inaudible).
Et évidemment, tous ces méta-scénarios ont également des indications très différentes et un système axé sur une plateforme plus privée, de plus petits états, comme l’Estonie a un plus faible pouvoir de négociation et c’est comme une élaboration (inaudible) privée. Vous avez plus de données privatisées qui, peut-être — si les données sont la clé dans cet écosystème de gouvernance, alors vous avez un accès (inaudible) difficile à toutes ces données dont vous avez besoin pour l’élaboration d’une IA et ainsi de suite.
Toutefois, si vous avez de gros écosystèmes menés par le gouvernement, alors vous commencez également à obtenir tous les types de guerres technologiques et (inaudible) et toutes les autres choses (inaudible), faits et ainsi de suite. Et vous avez le danger que de plus grands pays dominent les plus petits dans ces écosystèmes régionaux. Et dans un écosystème décentralisé qui est (inaudible) lorsque l’internet est arrivé dans les années 1990, il semble maintenant être le scénario le moins vraisemblable, vous avez une certaine concurrence dans l’adversité, une certaine robustesse de la décentralisation, mais vous obtenez également la différence de compétences et de capacités pour gérer des (inaudible) et des risques comme la cybersécurité.
D’accord. Donc c’était ma courte présentation. Je serai heureux de répondre aux questions des gens par courriel que je peux évidemment (inaudible) aussi et si vous souhaitez en savoir davantage, je vous invite à lire certaines de ces lectures qui sont indiquées là où les scénarios présentent plus de détails.
Merci beaucoup.