De CRISPR à la modification primaire, l’évolution des capacités de modification génétique

La technique de modification génétique CRISPR (acronyme anglais désignant les courtes répétitions palindromiques groupées et régulièrement espacées) a révolutionné le domaine avec des percées importantes, surtout depuis 2012. 10 11,14,15

La technique de modification génétique CRISPR (acronyme anglais désignant les courtes répétitions palindromiques groupées et régulièrement espacées) a révolutionné le domaine avec des percées importantes, surtout depuis 2012.

Bien que la technique CRISPR offre un moyen plus précis et plus abordable d’apporter des changements particuliers aux gènes, ce n’est pas une méthode parfaite. Cette technique a déjà permis de localiser une partie précise du génome, de couper les deux brins d’ADN et d’enlever ou de remplacer la partie sectionnée. Toutefois, des anomalies peuvent survenir dans le processus de réparation. Certains scientifiques ont averti que des mutations non désirées, voire dangereuses, sont possibles. Un nouvel outil, élaboré en 2019, pourrait améliorer et surpasser la technologie CRISPR actuelle. Il s’agit de la modification primaire. Son taux d’exactitude déclaré est de 89 p. 100. La modification primaire fait appel à la méthode CRISPR avec une protéine qui peut générer un nouvel ADN. Une modification primaire apporte plus de précision et de souplesse durant la modification d’ADN. Elle ne coupe qu’un seul brin d’ADN au lieu de couper les deux. Un nouveau guide, soit le PegRNA, est ensuite ajouté à l’emplacement de l’entaille, que l’on appelle l’emplacement cible. En termes simples, cela revient à effacer (et à substituer) une partie de l’ADN plutôt que de l’enlever des deux brins. La méthode n’est pas encore parfaite, mais une nouvelle entreprise, Prime Medicine, vise à intégrer la modification primaire à la boîte à outils de modification génétique.

C’est l’un des nombreux signaux faibles portant à croire qu’une boîte à outils élargie pour la modification génétique nous permettra de changer le code génétique des organismes vivants avec une précision toujours plus grande. Les êtres humains pourront ainsi créer ou modifier des virus, des bactéries, des plantes et des animaux – y compris nous-mêmes – de façon à refléter les caractéristiques qu’ils recherchent, et non seulement les mutations évolutives.

Les progrès dans la technologie de modification génétique dépassent largement notre capacité à donner un sens au monde dans lequel ils surviennent. Même les concepts de base essentiels au débat éthique sur la modification génétique ne sont pas toujours bien compris. Par exemple, la distinction entre les modifications des cellules germinales (qui sont transmises à la génération suivante) et les modifications somatiques (qui ne le sont pas) peut être un aspect déterminant des discussions sur les conséquences éthiques et pratiques de la modification génétique chez l’être humain. À mesure que la modification primaire et d’autres développements ouvrent de nouvelles possibilités de transformation des êtres vivants, l’écart entre le rythme auquel le dialogue public évolue et la rapidité de la montée en puissance de ces nouvelles technologies risque de se creuser. Cela pourrait poser des défis majeurs aux législateurs, aux organismes de réglementation et aux dirigeants politiques.

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