Université à chaîne de blocs : « Uber pour les étudiants, Airbnb pour les universitaires »
Qu’est-ce qui vous vient à l’esprit quand vous pensez à l’avenir du travail? L’automatisation? Le télétravail? Pour moi, c’est l’économie à la demande, surtout dans l’enseignement supérieur. Au Canada, plus de 50 % des universitaires se voient attribuer des contrats à court terme. Bien qu’ils soient tout aussi qualifiés et qu’ils fassent à peu près le même travail que leurs collègues permanents, les professeurs auxiliaires ne reçoivent qu’une fraction du salaire et peu d’avantages sociaux. Ils ont également une sécurité d’emploi minimale. La plupart d’entre eux s’attendent à ce que ce segment de la main-d’œuvre universitaire augmente à mesure que les technologies numériques continuent de faire trembler la tour d’ivoire. Mais que se passerait-il si des technologies comme la chaîne de blocs donnaient aux universitaires bloqués dans la zone de l’économie à la demande un moyen de remodeler le marché de l’enseignement supérieur en leur faveur?
Un groupe d’universitaires formés à Oxford travaille sur une telle perturbation. Il a formé la première université à chaîne de blocs au monde. L’Université Woolf vise à faire passer l’équilibre du pouvoir des établissements aux enseignants, tout en élargissant l’accès à un enseignement tutoriel de qualité, de style Oxford. À cette fin, Woolf utilise Hyperledger Fabric pour automatiser les processus administratifs de gouvernance institutionnelle, d’inscription, de tenue de dossiers et de conformité. L’université utilise des contrats intelligents Stellar pour gérer les paiements directement entre les enseignants et les étudiants, qui se connectent au moyen d’un « bassin de soumissionnaires de frais de scolarité », un marché en ligne où les enseignants affichent leurs offres de cours et les étudiants achètent des cours. Les gains d’efficacité permettent de maintenir les frais de scolarité à un niveau relativement bas. Le modèle de tutorat offre aux enseignants un bon environnement de travail, et le bassin de soumissionnaires leur permet de contrôler la charge de travail et la rémunération.
L’Université Woolf doit surmonter de nombreux obstacles, en commençant par l’accréditation. Mais si elle réussit, elle pourrait changer le marché du travail universitaire, minant la permanence et forçant les universités à revoir leurs pratiques d’emploi. Elle pourrait également permettre à l’enseignement supérieur de transférer des ressources de l’administration à l’enseignement. Cela pourrait améliorer les résultats d’apprentissage et réduire les coûts pour les consommateurs et les gouvernements.
Qu’en est-il du monde au-delà de l’enseignement supérieur? Les gens des secteurs qui se tournent vers l’économie à la demande pourraient adapter ce modèle pour prendre le contrôle de leurs conditions d’emploi. Si c’est le cas, nous devrons peut-être repenser nos attentes au sujet de l’économie à la demande et son incidence sur l’avenir du travail.