Canada 2030 : Survol des problèmes émergents – Développement durable
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Série Canada 2030
Le Canada connaît des changements sociaux et économiques importants qui pourraient perturber de nombreuses facettes de notre société. Dans ce contexte, il se peut que les 10 à 15 prochaines années marquent une période de transformation dans la relation entre le gouvernement du Canada et la société en général. Ce survol fait partie d’une série élaborée par Horizons de politiques Canada sur divers sujets.
Au cours des siècles, les humains ont manipulé leur environnement pour répondre à leurs propres besoins, sans tenir compte des effets nuisibles potentiels sur l’environnement. Cette exploitation est surtout apparente à l’ère industrielle, laquelle a donné lieu à des formes non durables de production, de consommation, de pratiques commerciales et d’élimination de déchets ainsi qu’à une vaste gamme d’autres pratiques économiques, sociales et de gouvernance. Celles-ci ont contribué à un éventail de problèmes, dont le changement climatique, la pollution, la détérioration de l’environnement et l’insécurité alimentaire, qui vont au-delà des capacités de charge de la planète et qui menacent la survie de l’humanité.
Au cours des trois dernières décennies, des efforts importants ont été faits pour tenter de résoudre certains de ces enjeux, dont la mise en oeuvre du concept du « développement durable », défini comme étant le « développement qui répond aux besoins de la génération actuelle sans compromettre la capacité des générations futures à combler leurs propres besoins ». Cette discipline s’oppose aux paradigmes traditionnels comme la « croissance économique à tout prix », et tente de trouver un juste milieu entre les domaines économique, environnemental et social.
Qu’est-ce qui change?
Le développement durable est de plus en plus présent sur l’écran radar des nouveaux intervenants influents. Auparavant, le développement durable ne faisait l’objet de discussions que lors de débats internationaux, mais il retient maintenant de plus en plus l’attention de nouveaux intervenants qui se mobilisent pour contrer le développement non durable. D’importants joueurs financiers, dont des institutions bancaires, des compagnies d’assurance et des gestionnaires de fonds (fonds de pension et fonds souverains) exigent de plus en plus de transparence et de divulgation de renseignements de la part des entreprises et veulent des normes pour les aider à évaluer les risques liés aux enjeux en matière de durabilité. La transition vers la divulgation de renseignements et la production de rapports obligatoires pourrait forcer les compagnies privées à adopter des pratiques optimales en matière de développement durable afin de demeurer attrayantes aux yeux des investisseurs. Les villes qui subissent les conséquences de pratiques de développement non durable en place depuis les dernières décennies redoublent leurs efforts en vue d’améliorer et de protéger le bien-être de leurs citoyens; elles adoptent des cibles pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, investissent dans des réseaux de transport en commun et repensent leurs stratégies en matière d’aménagement du territoire.
Les progrès de la science et de la technologie permettent une mise en oeuvre « intelligente » du développement durable. L’absence de données n’est plus une excuse valable pour ignorer les répercussions des stratégies de développement socio-économique sur la capacité de charge de la planète. Les technologies émergentes, comme l’Internet des objets, les capteurs et l’imagerie par satellite, contribuent à l’analyse des mégadonnées, rendant ainsi possible la surveillance en temps réel de divers enjeux environnementaux comme la déforestation, la fonte des glaciers, les niveaux de pollution dans les régions urbaines, etc. L’intégration de ces technologies dans les immeubles, les véhicules, les océans, les sols et l’espace pourrait améliorer la capacité d’intervention et le temps de réaction des gouvernements à l’égard des activités non durables. Elle pourrait aussi contribuer à l’élaboration de nouvelles mesures et de nouveaux instruments pour évaluer l’empreinte des produits et services, et surveiller la santé des écosystèmes naturels.
L’élaboration d’outils et de mesures sur le plan social et environnemental contribue à la redéfinition de la prospérité. À l’heure actuelle, il est possible d’utiliser des outils d’évaluation du cycle de vie sur le plan social(link is external) pour mesurer et évaluer les répercussions sociales des produits, des services et des politiques sur différentes parties intéressées, y compris les employés, les collectivités locales, la société, les consommateurs et tous les autres intervenants de l’ensemble de la chaîne de valeur(link is external). Parallèlement, une « économie du partage » susceptible de transformer notre société actuelle axée sur la consommation commence à se dessiner. Pendant des décennies, le produit intérieur brut (PIB) a servi à mesurer le bien-être, mais des mesures émergentes comme le produit d’écosystème brut(link is external) et des indicateurs de progrès véritable(link is external) qui sont en voie d’élaboration présentent la possibilité d’en arriver à un équilibre plus équitable entre les trois volets du développement durable : l’économie, la société et l’environnement. Une croissance économique anémique peut aussi forcer les gouvernements à adopter de nouvelles mesures qui correspondent mieux aux progrès et à la prospérité, au lieu de se fier seulement au PIB.
Les crises environnementales auront des répercussions sur l’ensemble du système et elles présentent à la fois des défis et des possibilités. Des sécheresses extrêmes qui accroissent l’insécurité alimentaire ainsi que la rareté de l’eau dans certaines régions du monde pourraient avoir des répercussions importantes au cours des 10 à 15 prochaines années, et ces répercussions se présenteront sous la forme de conflits régionaux, de propagation de maladies et de virus et de hausse du prix des produits de base. Même les entreprises évaluent leur exposition à cette hausse de phénomènes météorologiques extrêmes et cherchent à établir leurs installations de production dans des régions moins touchées par les changements climatiques. Le Canada pourrait ainsi devenir une destination privilégiée des réfugiés climatiques et des entreprises qui tentent de réduire l’exposition de leur chaîne d’approvisionnement aux risques des changements climatiques. Il pourrait aussi devenir un important producteur de produits à forte consommation d’eau.